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Moi, moi et moi

La religion, l’adolescence, et moi

Durant son adolescence, Jack Parker a cherché sa voie spirituelle et essayé toutes sortes de trucs. Bilan sur un parcours religieux mouvementé.

Entre 12 et 14 ans, j’ai vécu une période extrêmement riche et diversifiée, spirituellement parlant. A une période où, pour la faire courte, je n’avais plus de modèle paternel à portée de main, j’ai décidé d’aller en chercher un autre dans les étoiles, les éléments et même les tréfonds de la Terre.

Ayant été élevée par des parents athées, j’ai passé toute la première partie de ma vie à être la connasse de la cour de récré qui répondait « mais… il existe pas, c’est comme le Père Noël ! » dès qu’un camarade parlait de Dieu. Je faisais d’une pierre deux coups, c’était pratique : 1) je brise tes principes religieux 2) je brise la nuque du Papa Noël sous tes yeux.

Mais arrivée à l’adolescence, un événement est venu bousculer ma vision des choses. Mon père est sorti (provisoirement) du tableau, et je me suis retrouvée comme une orpheline, à chercher un remplaçant – le lien qui m’unissait à mon père étant extrêmement fort, il fallait que j’aille chercher ailleurs que chez les mortels.

J’ai donc suivi le chemin le plus facile pour commencer, celui du protestantisme évangéliste. Plusieurs membres de ma famille faisant partie de cette catégorie de chrétiens essayaient déjà depuis un moment de m’attirer de leur côté. Je me suis laissée prendre au jeu, « pour voir », mais je ne fais jamais les choses à moitié moi, voyez-vous.

Jack loves Djizeus

D’athée, je suis vite passée à Super Chrétienne Hardcore. Chez nous, on fait les choses à fond ou on les fait pas. J’allais donc au Temple avec ma famille (d’abord pour profiter de la salle de jeux avec ma cousine, on l’avait rien que pour nous et on foutait la zone avec les cuisses de poulet en plastique, tout en criant « J’AIME JÉSUS », c’était la belle vie), et je suppliais ma mère de me laisser me faire baptiser. Aujourd’hui, je suis contente qu’elle m’ait répondu « si tu en as toujours envie quand tu auras 18 ans, tu feras ce que tu veux » (à 18 ans j’étais déjà devenue nihiliste).

Je remplissais mes cahiers de prières absurdes (1), je dormais avec ma Bible dans les bras pour me délivrer des angoisses nocturnes qui me pourrissaient la vie depuis mes 11 ans, j’avais un chapelet en bois d’olivier grâce auquel je faisais mes prières quotidiennes, je m’endormais également avec Radio Notre Dame qui diffusait des Notre Père et Je Vous Salue Marie en boucle la nuit

Je me suis calmée au moment où ma tante m’a demandé de l’accompagner distribuer des évangiles dans la rue, ma timidité maladive m’ayant empêchée d’accepter. Et puis j’ai commencé à poser des questions à la con. Ma préférée : « Mais pourquoi on dit que le Diable est méchant ? Parce que concrètement, si on y pense, en stockant tous les méchants en Enfer et en les punissant, il bosse pour Dieu et protège le reste du monde et du Paradis d’une invasion de dictateurs et de serial killers, non ? Parce que si le Diable était vraiment un enfoiré, il enverrait tous ses pensionnaires foutre la zone au Paradis pour en faire un Club Med… Enfin, c’est ce que je ferais moi. » – et petit à petit, j’ai sombré du côté obscur de la force.

Jack + Lucifer = <3

C’est ainsi que je suis devenue sataniste. D’abord parce que dans mon schéma de recherche du père, c’était devenu plus cohérent. D’après ce que j’avais compris, mon père était plus du genre Diable que Dieu, du coup, par souci de cohérence, j’ai viré de bord.

Je dormais donc à même le sol pour me rapprocher de mon Maître

, le puissant Lucifer – alors que je dormais au deuxième étage d’une maison parisienne, j’aurais mieux fait d’aller à la cave pour suivre ma quête de cohérence, mais ça faisait trop peur et y avait des araignées.

Je signais tout mon courrier des initiales S.D. (Satan’s Daughter représente), je faisais les mêmes prières qu’avant, mais en diabolique tendance mauviette (2). Jusqu’au jour où ma mère, pleine jusqu’aux frisettes de pensées positives, m’a orientée vers une spiritualité plus détendue du slip.

Jack, Bouddha et tout ça

J’ai donc trouvé parfaitement logique d’enchaîner sur le bouddhisme, auquel je ne connaissais rien, et encore aujourd’hui, je n’ai toujours pas compris en quoi ça consiste. Mais à 13 ans, j’avais ma petite idée. Un ami m’avait fabriqué des petits Bouddha (avec un moule ou j’sais pas trop quoi, mais des vrais avec les détails et tout), un noir et un rouge, que je sortais à chaque contrôle au collège pour les poser sur ma table. Les profs m’ont toujours regardée comme si j’étais une allumée (mais c’était déjà le cas depuis la sixième) mais ne m’ont jamais demandé de les ranger. D’un autre côté, ils ne m’ont jamais porté chance, je crois que c’est pas comme ça que ça marche. J’allumais de l’encens, je portais des pantalons africains avec mes adidas (cohérence : zéro. Mais c’était moins cher au marché que les vrais pantalons indiens), je faisais du yoga à raison de 40 secondes par quinzaine dont 35 secondes passées à me contorsionner pour essayer de tenir en position du lotus et j’écoutais Ravi Shankar.

… Mais ce n’est pas tout.

Et encore, là je n’ai couvert que les trois principales étapes de ma quête spirituelle. Je n’ai jamais essayé d’être juive ou musulmane (trop de contraintes, et j’ai le portrait de Justin Bridou tatoué sur la fesse droite) mais à la place j’ai préféré inventer ou dépoussiérer d’autres mouvements.

[rightquote]J’ai été la fille de Poséidon mais ça marchait qu’à la piscine[/rightquote]Je suis passée par les esprits de la nature (merci papa merci maman de m’avoir offert l’Encyclopédie des Lutins), je laissais des bols de bortsch dans la cave pour m’attirer les faveurs de je ne sais plus quel lutin barbu et caressait les troncs d’arbre pour gagner leur sympathie. J’ai essayé de déterrer les dieux grecs et me prenait pour la fille de Poséidon mais ça marchait que quand j’avais piscine, j’étais une intermittente de la mythologie. Ensuite j’ai voulu devenir une sorcière super-puissante, mais ça c’est une autre histoire.

Depuis je suis redevenue athée, c’est encore ce qui me convient le mieux, bien que j’ai gardé quelques séquelles et qu’il m’arrive encore de croire à des trucs pas possibles, parce que la vie c’est plus rigolo comme ça.

(1) Petit extrait bonus : « Jésus tu es dans mon corps et dans mon coeur et dans mon âme et dans mon esprit, et ta toute puissance m’éloigne du péché et des mauvaises pensée qui pourrissent mon cerveau malade de pauvre mortelle, sans toi je ne suis pas, sans toi je ne vais pas, Jésus tu es en moi ici, maintenant, et pour toujours. Amen »

(2) « Satan, Ô mon maître, je demande ta protection et tes encouragements, j’ai besoin de ta force pour m’aider à survivre dans ce monde d’abrutis, les gens ne me comprennent pas et je rêve chaque nuit que tu me laisses revenir à la maison – mais je ne suis trop habituée à vivre parmi les humains pour imaginer retourner côtoyer les flammes de l’Enfer. Je te remercie de me laisser accomplir mon devoir à l’air libre, et de laisser tes démons loin de ma chambre la nuit. J’emmerde Dieu et tous les autres et je ne t’appartiens qu’à toi. »


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

13
Avatar de Pseudo-Original
1 septembre 2014 à 20h09
Pseudo-Original
Hahaha ! J'adore !
Chez moi on est catho. Sauf que j'ai jamais cru (je n'ai jamais vraiment vu l'intérêt en fait.). J'ai fait ma première communion pour faire plaisir à la famille (et pour les cadeaux;;; :chat: )...
Jusqu'à très récemment je me définissais comme "catholique, mais non croyante." "Non pratiquante ?" "NAAN. Non CROYANTE."

Sinon maintenant je suis agnostique, c'est-à-dire (pour moi) que j'oscille entre enthousiasme débordant, théisme vaguement bouddhiste (parce que la réincarnation !) et athéisme cynique.

Je crois à l'art en fait. Et à la nature.
Chais pas ce que je suis en fait !
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