J’aime bien les films de zombies, mais je suis super difficile en la matière. J’ai passé tout World War Z à ronchonner que « c’était mieux dans le livre », pour vous donner une idée. Mon petit chouchou c’est 28 jours plus tard, pour ses infecté•es qui cavalent à toute vitesse et son message glaçant : parfois, les humains sont pires que les monstres.
Du coup, j’évite pas mal de films de zombies parce que beaucoup ont l’air de productions génériques, pas très innovantes, avec un budget limité et de grosses ficelles. Mais la bande-annonce de Dernier train pour Busan m’a vite convaincue de mettre mes pinaillages de côté.
Dernier train pour Busan en quelques lignes
Sok-woo est un père célibataire. Il vit à Séoul, et y travaille (beaucoup trop) dans le domaine de la finance. Il a tout du jeune loup aux dents qui rayent le parquet, sauf que voilà : dans sa vie, il y a sa fille, Soo-ahn… qui se sent bien délaissée, et ne rêve que d’une chose : aller voir sa mère à Busan.
Après avoir échoué lamentablement en tant que père et avoir foiré l’anniversaire de Soo-ahn, Sok-woo décide de se racheter : ok, il prend un jour de congé pour l’emmener à Busan. Dernière tentative, quasi-désespérée, pour faire sourire sa fille.
SI CHOU CETTE GOSSE.
Les voilà donc dans le train. Séoul – Busan, 300 km, quelques arrêts sur le chemin dans des villes moins importantes. Dans les wagons, une équipe de lycéens qui font du base-ball, des hommes d’affaires, un duo de sœurs âgées, une femme enceinte jusqu’aux yeux et son mari caractériel, Sok-woo et sa fille…
…et une étrange passagère. Qui halète et titube. Qui convulse sur le sol. Qui finit par se redresser, les yeux voilés d’une sale cataracte, et se jeter sur une employée tentant de lui porter secours. (C’est comme ça qu’on ne survit pas à une invasion de zombies.)
La patiente zéro d’un huis-clos lancé sur les rails, où l’espace vital se réduit à mesure que l’épidémie avance, que le nombre d’infecté•es augmente.
Dernier train pour Busan, huis-clos éprouvant lancé à pleine vitesse
C’est une base intéressante pour un film de zombies, puisqu’une bonne partie des éléments classiques « survie / fabrication d’armes / planque » est rendue caduque par le décor très limité. Je me suis surprise à retenir mon souffle à plusieurs reprises, tendue comme une corde de guitare devant un personnage caché dans les WC ou accroupi entre deux sièges.
Sans jamais utiliser le terme « zombies » (comme la plupart des films de zombies, Dernier train pour Busan
semble exister dans un univers parallèle où le concept est inconnu), les personnages sont loin d’être cons. Ils ont de bons réflexes et analysent rapidement les situations, malgré la panique qui les guette toujours.
L’aspect visuel est impressionnant, comme souvent dans le cinéma sud-coréen. Les infecté•es créent une véritable marée humaine qui grouille, s’empile et pèse sur les fragiles composants d’un train qui n’a pas été conçu pour résister à un tel acharnement. En bons zombies modernes, ils se tordent et se désarticulent, grognant comme des chiens enragés.
J’avoue tout : les zombies qui courent sont mes préférés. La menace d’une force aveugle lancée à pleine vitesse, que presque rien ne peut arrêter, me fait délicieusement frémir.
Dernier train pour Busan, la société en filigrane de la terreur
Tous les « grands » films de zombies contiennent un message sociétal, comme beaucoup de films d’horreur en général. Devant la menace des infecté•es (ou des mort•es-vivant•es), ce sont les personnes saines qui perdent peu à peu leur humanité.
Dernier train pour Busan ne déroge pas à la règle, et c’est intéressant car le héros est dès le départ montré comme un homme égoïste, qui ne pense qu’à lui au point d’en délaisser sa fille, pleine de générosité et d’altruisme. Au contraire d’autres personnages qui perdent en empathie, l’épidémie va le forcer à en gagner.
Le film contient également une réflexion plus originale sur la place des pères et les difficultés entourant la paternité dans une société genrée. Comme le veut la tradition, les pères du film (le héros et celui dont la femme attend un enfant) travaillent dur, n’ont pas le temps (et ne le prennent pas forcément) d’être présents pour leurs enfants. Sans forcément remettre en question ce système, ils en souffrent et osent en parler, à demi-mots.
Enfin, même si ce thème est plus anecdotique, Dernier train pour Busan a un sous-texte critique envers le monde politico-médiatique. On le voit notamment lorsqu’un ministre, sur la chaîne d’infos officielle, parle de « quelques manifestants violents » alors que les réseaux sociaux reflètent la véritable ampleur de la catastrophe décimant Séoul.
En résumé, même s’il n’est pas parfait, Dernier train pour Busan vaut carrément le détour ! Je me suis agrippée à mon siège, je me suis blottie derrière mes genoux, j’ai limite encouragé les personnages comme si je commentais le foot… Mais j’ai aussi réfléchi, j’ai été émue, j’ai failli verser une petite larme, bref : j’ai vécu. Et c’est pour ça qu’on va au cinéma, au final.
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