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Règlement de comptes

Daïna et son fils, 775€/mois : « Aujourd’hui, je suis dans la survie »

Combien gagnez-vous par mois ? Comment dépensez-vous cet argent ? Qui paye quoi dans votre couple ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons dans notre nouvelle rubrique Règlement de comptes !

Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des femmes viennent éplucher leur budget, nous parler de leur rapport à l’argent et de leur organisation financière en couple ou en solo. Aujourd’hui, c’est Daïna qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.

  • Prénom : Daïna
  • Âge : 30 ans
  • En recherche d’emploi dans le domaine de l’animation
  • Allocation : 775€ mensuels
  • Famille : son fils de 6 ans dont elle a la garde exclusive, et leurs deux poissons
  • Lieu de vie : un logement social de 66m2 dont elle est locataire en Île-de-France

Les revenus de Daïna

Daïna a commencé à travailler à 17 ans. Après un BAFA et un CAP petite enfance, elle a été animatrice ATSEM et agente de puériculture, domaine dans lequel elle a 10 ans d’expérience.

Originaire de la Guadeloupe, elle alterne depuis son arrivée en Hexagone des CDD de un à quatre mois pour des remplacements, et les périodes de chômage :

« Il est difficile de trouver et de financer un mode de garde extérieur. Être mère célibataire a un impact sur la manière dont je peux être disponible au travail. J’ai l’impression que cela joue sur mes opportunités de recrutement : je n’arrive pas à obtenir un poste fixe, et stable, ce qui me précarise énormément. »

Au chômage depuis un an et demi, elle touche une allocation de 657€ par mois et 118€ de la part de la CAF, soit 775€ par mois.

Daïna et son fils vivent 327€ en dessous du seuil de pauvreté en France, fixé en 2019 à 1 102€ par mois pour une personne seule. Une situation dans laquelle les familles monoparentales sont sur-représentées : selon l’INSEE, la pauvreté touche 32,8% des familles monoparentales contre 12,8% des couples avec enfant(s).

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« Je suis dans la catégorie des pauvres, et depuis la réforme du chômage de décembre 2021, mon allocation a baissé de 200 euros, rendant ma situation financière encore plus difficile »

Daïna prépare actuellement un BAFD diplôme qu’elle peut passer jusqu’en 2024 pour pouvoir devenir directrice de centre d’accueil pour mineurs. En dépit d’expériences de discriminations à l’embauche, elle affirme rester persévérante et garder de l’espoir dans sa recherche d’emploi : « Je sais que je trouverai ma place dans cette société ».

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Revenus de Daïna

Les dépenses de Daïna

Pour son appartement en Île-de-France, à la limite entre la ville et la campagne dans un HLM, le loyer de Daïna s’élève à 572€ desquels sont déduites des prestations de la CAF : 318€ d’APL et 61€ de RLS, directement versées à son bailleur. Elle paie donc 190€ de loyer par mois.

Pour ses déplacements, elle a contracté en février un prêt pour acheter une voiture :

« Ce crédit a été accepté en février avec les fiches de paie de mon frère, qui est co-emprunteur. Je rembourserai 137€ par mois jusqu’en 2026. »

Elle compte aussi 150€ d’essence, soit 287€ chaque mois de frais de transport.

Ses factures de gaz et d’électricité lui coûtent 120€ chaque mois, un poste de dépense qui gonfle au gré des augmentations malgré tous ses efforts pour consommer le moins possible :

« Pour la consommation d’énergie, j’opte pour des petites astuces comme débrancher ma télé et box internet tous les soirs avant l’heure du coucher. Mon fils a le droit de regarder la télé pendant 3 heures au maximum sur toute journée pendant le week-end, et 1 heure la semaine. Quant à moi, je ne la regarde quasiment pas.

Pour le gaz qui coûte extrêmement cher, j’essaie de le garder l’appartement à une température minimale pour éviter que la facture ne gonfle l’hiver, mais c’est quasiment impossible, surtout avec mon petit. »

Elle paie aussi 40€ de facture pour internet et son téléphone, et 8€ de frais bancaires. Les assurances de sa voiture, de l’appartement ainsi que l’assurance scolaire de son fils lui coûtent 100€ mensuels.

«J’alterne entre épicerie solidaire et supermarché »

Pour gérer son budget, Daïna fonctionne par écrit :

« J’ai crée un planner budget dans un carnet avec plusieurs colonnes, loyer, assurances etc. Avec ma calculatrice, je compte et je vérifie toutes mes dépenses chaque mois pour savoir ce qu’il me restera pour finir le mois.

C’est extrêmement stressant : c’est de la survie. »

Pour les courses alimentaires, elle compte 130€ chaque mois pour elle et son fils. Cette somme se répartit entre des courses en supermarché et en épicerie sociale et solidaire :

« L’épicerie sociale est une aide aux personnes en difficulté, elle permet d’acheter des denrées alimentaires et des produits d’entretien ou d’hygiène en les payant 10% de leur valeur.

Dans mon cas, j’ai droit à 30€ de courses (que je paie donc 3€) par semaine, douze semaines par an. C’est très pratique et cela m’aide beaucoup : je ne sais pas comment je ferais sans.

J’essaie d’y aller deux fois par mois maximum car 12 semaines sur une année qui en compte 52, c’est assez peu. Une fois que j’ai pu y trouver les produits de première nécessité, je fais les courses en magasin discount pour compléter avec des fruits, du café… »

Si Daïna et son fils consomment toujours les mêmes produits, l’inflation récente pèse de plus en plus sur leur quotidien :

« Depuis l’inflation, je collectionne les cartes de fidélité. J’ai un salon assez spacieux où j’ai planté du basilic, de la laitue et des tomates, je fais mon pain maison… Et dès qu’il y a un rayon « anti-gaspillage » ou une promotion intéressante, j’achète puis je conserve au congélateur. »

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Dépenses de Daïna

« Tout ce que j’achète est indispensable »

Daïna compte aussi une vingtaine d’euros chaque mois pour les repas de son fils à la cantine, et la même somme pour son inscription au centre de loisirs. Pour se dépenser, il joue au football dans un club qui coûte 10€ mensuels.

Enfin, elle compte en moyenne 60€ de budget vêtements, 40€ pour son fils et 20 pour elle, principalement en seconde main.

Daïna gère son budget de manière millimétrée et ne consomme que le strict nécessaire. La précarité de sa situation l’amène à sacrifier des « plaisirs » qu’elle s’octroyait autrefois :

« Je ne suis jamais à découvert grâce aux sacrifices que je fais et à des petits jobs alimentaires par-ci par-là, mais l’argent est un besoin constant dans notre quotidien car tout est payant.

Je n’achète que l’indispensable, plus de vêtements ni de chaussures, et ma dernière folie remonte à 2020.

« Je ne veux pas que mon fils subisse mon stress »

Quels que soient ses achats, la trentenaire fait toujours passer son fils en priorité.

« Quand je fais les courses, c’est d’abord et toujours pour mon fils ! Je veux qu’il ne manque de rien, et surtout qu’il ne subisse pas mon stress.

Nous discutons beaucoup et je lui apprends les valeurs des choses. Par exemple, s’il me demande un jouet que je ne peux pas lui offrir et bien je lui explique que ce n’est pas possible, car je n’ai pas beaucoup de sous, mais que ce sera pour la prochaine fois. Il se contente de peu et ne se plaint jamais.

Il m’arrive parfois de rester sans diner ou de boire uniquement un cappuccino pour nourrir mon enfant. »

Pour tenir, elle alimente aussi son compte avec des petits jobs en plus de son allocation chômage :

« Je fais parfois de la coiffure, de la couture ou du baby-sitting, ce qui me permet de garder la tête hors de l’eau et de tenir mon compte à jour. Je suis aussi suivie par une assistante sociale qui m’aide à régler mes factures en cas d’impayés , ou m’oriente vers d’autres centres d’aide.

Mais en cas d’imprévu, je n’ai aucune épargne, et c’est une source d’anxiété énorme. »

Les projets de Daïna

Chaque mois, Daïna met un peu d’argent de côté sur un livret A qu’elle a ouvert pour son fils, pour l’aider à sa majorité et dans la vie active.

La trentenaire explique voir ses difficultés augmenter au fil du temps, surtout depuis la crise sanitaire :

« Pour moi, la seule solution est vraiment de réussir à trouver un emploi. Je suis diplômée, j’ai de l’expérience, je devrais trouver ! Et à l’avenir, je rêve d’ouvrir une crèche… mais ce n’est encore qu’un projet. »

Merci à Daïna d’avoir répondu à nos questions !


Les Commentaires

12
Avatar de Veronique 66
1 juillet 2022 à 11h07
Veronique 66
Je suis dans le même cas que Daīna. Je travaillais à temps plein pour 1400 € net. Seule avec un enfant et des horaires élastiques et constamment changeant, j'en étais arrivée jusqu'à 800 euros de frais de nounou, 600 € de loyer. Jusqu'au 3 ans de l'enfant ça va, la caf prend en grande partie les frais de garde. De 3 ans à 5 ans et 11 mois, cette participation diminue mais on arrive encore à gérer. À partir des 6 ans de l'enfant, la caf n'aide plus au mode de garde. Si on a un emploi avec des horaires de bureau ça peut passer. J'avais un travail avec 3 weekends sur 4 travaillés, des nuits, des embauches à 6h du matin, des débauches à 22h00. Bref, 1400 € de salaire net - 800 € de frais de nounou (sans aide pour un enfant de plus de 6 ans) - 600€ de loyer (sans apl car je gagnais trop) = 0 : je devais faire les poubelles de supermarché pour nous nourrir car les épiceries solidaires n'étaient en général pas ouvertes pendant mes horaires de travail. J'ai dû quitter mon travail car je n'avais plus les moyens financiers de travailler et me suis retrouvée au RSA. ce n'est pas faste, mais je peux enfin me nourrir sans faire les poubelles. Je suis en colère que le travail ne permette plus de subvenir à nos besoins! On vit mieux (pas bien c'est sûr) avec un RSA + APL + CMU qu'avec un petit salaire en tant que maman solo
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