Cyberharcèlement, contenus choquants, arnaques en ligne… On vous livre quelques conseils pour préserver vos ados et pré-ados des risques du Web sans les accabler de restrictions.
Filmer un TikTok n’a aucun secret pour eux tandis que vous galérez à supprimer une story Facebook malencontreusement postée ? On ne va pas se mentir, la plupart des enfants d’aujourd’hui sont de bien meilleurs geeks que leurs boomers de parents. Et pour cause, les nouvelles générations sont de plus en plus connectées, de plus en plus tôt.
D’après une récente étude Kaspersky-Ifop, 94% des parents ayant un enfant scolarisé du CP à la 3e déclarent que leur progéniture a accès à Internet et ce, en grande majorité depuis un équipement personnel (74%).
Cette ouverture au monde à portée de main a, certes, de nombreux avantages mais elle peut aussi être dangereuse si elle n’est pas bien encadrée. Au moins 6 enfants sur 10 ont déjà été confrontés à des images violentes ou pornographiques avant la fin du collège, selon l’étude Kaspersky.
Conscients de ces menaces, les adultes se retrouvent très souvent démunis pour protéger leurs marmots. Un quart des parents sondés s’estiment mal informés des dangers du Web et ne sauraient comment réagir si leur fils ou leur fille était coupable ou victime de cyberharcèlement.
Faut-il leur interdire l’accès à certains sites ? Ou être ami avec eux sur les réseaux sociaux ? On vous propose quelques éléments de réponse pour aider vos ados et préados à naviguer en toute sécurité.
Poser un cadre pour les protéger, mais surtout les rassurer
Premièrement, on oublie l’idée de leur interdire l’accès à Internet. Corinne Hénin, experte en cybersécurité, nous explique pourquoi :
« Si les camarades de classe de vos enfants sont très connectés et inscrits sur tel ou tel réseau, restreindre leurs accès en ligne risque de les exclure. Pour autant, vous pouvez établir quelques règles avec eux, à la maison. Poser un cadre permet de protéger et de rassurer vos enfants car ils savent aussi qu’ils ont besoin d’aide. »
Concrètement, vous pouvez limiter leur temps d’écran à certains horaires, interdire le téléphone à table ou pendant les devoirs et attendre un certain âge pour les autoriser à avoir un ordinateur dans leur chambre. Si vous possédez un ordinateur familial, veillez à leur créer des sessions personnelles mais à garder pour vous les codes d’accès de l’appareil.
N’oubliez pas aussi d’installer un système de sécurité antivirus sur vos équipements et de coller un sticker amovible sur chaque webcam. Enfin, vous pouvez installer un logiciel de contrôle parental sur les appareils connectés de vos enfants. Corinne Hénin précise :
« Le contrôle parental est à privilégier pour les plus jeunes. L’idée n’est pas de fliquer vos enfants mais d’éviter qu’ils tombent par hasard sur des contenus choquants. Attention, cela ne fait pas tout. Si vous fréquentez vous-mêmes des sites pornographiques et que vous prêtez votre téléphone à votre fils ou votre fille, il ou elle sera susceptible de tomber sur une publicité ciblée à caractère sexuel. »
Pour l’experte, la meilleure solution reste de considérer que nos enfants vont potentiellement voir des contenus choquants et dès lors, de se montrer présents et ouverts pour en discuter avec eux. On peut également montrer aux plus jeunes comment signaler un contenu inapproprié pour qu’ils adoptent les bons réflexes.
Accompagnez votre enfant pour une navigation sécurisée
Derrière leurs écrans, vos enfants vivent leur vie sans vous. Il est donc primordial de leur inculquer quelques bonnes pratiques. Pour les mots de passe, il vaut mieux en avoir un différent pour chaque site et de les répertorier dans un carnet ou un logiciel prévu à cet effet.
La CNIL propose plusieurs conseils sur son site pour choisir un mot de passe sécurisé. Vous pouvez aussi régler avec vos enfants les options « vie privée » du navigateur et du moteur de recherche utilisés afin de protéger leurs données. De la même manière, choisissez ensemble les paramètres de confidentialité des différentes plateformes où ils ont un compte.
Plus globalement, apprenez-leur à adopter un esprit critique face aux contenus qu’ils ou elles rencontrent en ligne. Corinne Hénin prend l’exemple du phishing :
« Si vos enfants reçoivent un message louche leur demandant des informations personnelles, ils doivent savoir l’identifier et ne pas répondre. En cas de doute, il faut qu’ils aient le réflexe de vérifier la source du message et d’en informer un adulte ».
Les arnaques en ligne sont de plus en plus nombreuses et souvent, les parents se font aussi avoir ! Une règle d’or toute simple : n’enregistrez pas vos moyens de paiement sur des appareils connectés. Enfin, ne laissez pas votre enfant acheter quelque chose seul sur Internet. Et puis quoi encore.
Faire le lien entre vie numérique et vie réelle
Selon l’étude Kaspersky-Ifop, 76% des parents de collégiens affirment que leur enfant est inscrit sur au moins un réseau social, les plus populaires étant Snapchat et TikTok.
Problème : cet usage massif s’accompagne d’une augmentation du risque de cyberharcèlement : 21% des parents de collégiens savent que leur enfant ou l’une de ses camarades a déjà été harcelé en ligne (le phénomène touche d’avantage les jeunes filles).
Face à cette menace, Corinne Hénin rappelle quelques éléments importants :
« Surtout, n’essayez pas d’être le sauveur de votre enfant car cela peut envenimer la situation. Si vous constatez qu’il est harcelé en ligne, prévenez son établissement scolaire et la gendarmerie et signalez aux plateformes les contenus lui portant atteinte. Vous pouvez aussi assembler des preuves pour une future plainte. »
Bien que leur vie numérique soit très importante pour eux, les plus jeunes oublient parfois que les propos et les contenus partagés en ligne ont des conséquences réelles. L’experte en cybersécurité conseille de rappeler cette évidence aux enfants :
« De manière générale, il vaut mieux les habituer à réfléchir avant de poster une photo ou de liker un post. Déjà, car il faut faire attention à son empreinte numérique et ensuite car certains actes commis en ligne peuvent être pénalement répréhensibles. Comme pour les autres dangers d’Internet, le plus important c’est de ne pas être dans une démarche restrictive ou punitive mais plutôt d’ouvrir un dialogue avec eux ».
Et pour que le dialogue se passe au mieux, intéressez-vous à leurs usages du numérique, posez-leur des questions et proposez-leur d’apprendre ensemble les bons gestes à adopter sur Internet. Vous aurez sûrement le droit à un « Ok boomer » mais au moins, toute la famille saura comment affronter le côté obscur du Web.
Contenu deSi vous êtes témoin ou victime de cyberharcèlement, vous pouvez contacter le numéro d’écoute de l’association e-Enfance : 0 800 200 000. Vous trouverez également sur leur site des outils pour savoir faire face à ce genre de situation.
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Image en une : © Unsplash/Annie Spratt
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