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Source : Pexels / Nataliya Vaitkevich
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Comment faire le deuil de l’enfant de plus ?

Inquiétudes environnementales ou financières, désaccord avec le coparent, grossesses difficiles, infertilité, séparation : diverses raisons peuvent mener à renoncer à avoir un enfant de plus, alors qu’une partie de nous le souhaitait. Comment réussir à accepter ce renoncement ?

Renoncer à avoir un enfant de plus, qu’il s’agisse du deuxième ou du quatrième, peut être un choix éclairé ou subi. C’est une décision qui n’est pas toujours simple à prendre, et quand l’esprit est certain de faire le bon choix, le cœur continue parfois à en souffrir. Comment faire le deuil de l’enfant de plus ?

Une décision parfois difficile à prendre

Avoir le choix du nombre de ses enfants, c’est finalement une possibilité assez récente, venue avec la démocratisation de la contraception et l’accès à des avortements légaux. Mais cela ne signifie pas que c’est un choix facile à faire. Pas d’enfant, un enfant unique, deux enfants ou plus, il s’agit de choix de vie de plus en plus réfléchis.

Clémence a décidé de n’avoir qu’un enfant. « Je suis persuadée qu’avec un enfant de plus, je ne pourrais pas être la mère que je souhaite être. Je sais que j’aimerais de tout mon cœur un second enfant, que j’aimerais voir se développer la fratrie — avec tous les risques qu’elle comporte aussi — mais avec toute l’énergie que ça demande, je devrais faire des sacrifices qui ne me plaisent pas. 

Je devrais me priver de ce dont j’ai besoin pour me sentir équilibrée, ou je prendrais ce temps pour moi en regrettant de ne pas pouvoir développer ma relation avec mes enfants comme je le souhaiterais, avec du temps privilégié pour chacun. Je nous sens complets comme ça, même si je sais qu’un enfant de plus trouverait sa place : il manquera toujours un peu dans mon cœur, mais pas dans ma vie. »

L’expérience de Sarah l’a amenée, également, à ne pas avoir de deuxième enfant. « Mon premier a été très compliqué, notamment au niveau du sommeil, j’ai fait une grosse dépression du post-partum, et ma grossesse a aggravé ma cyclothymie. Aujourd’hui, j’ai retrouvé des nuits plus paisibles, mes soucis psy sont sous contrôle, je n’ai pas envie de prendre le risque de replonger.

Il y a également le fait que je ne trouve pas les enfants très intéressants avant 3 ou 4 ans, je commence à apprécier de passer du temps avec mon fils, on peut faire plein de choses ensemble, partir en week-end avec juste un sac à dos, j’ai envie de continuer à en profiter ! Et dernier point, et non des moindres, la naissance de mon fils a aussi signé la fin de mon couple, mais c’est finalement une bonne chose. »

Élise a deux fils. Si, avec son mari, ils n’envisagent pas vraiment de troisième enfant, elle a du mal avec l’idée de ne jamais avoir de fille. « Pour un troisième, il faudrait changer de maison, de voiture, mais surtout, on est épuisés et on doit préserver notre santé mentale. On ne peut de toute façon pas essayer de faire des enfants jusqu’à avoir une fille, au risque de se retrouver avec 10 garçons ! J’ai du mal à accepter de ne jamais avoir de fille, j’espère que ça s’adoucira avec le temps, mais je ne me vois de toute façon pas revivre une grossesse, un accouchement et un post-partum»

À lire aussi : Lettre à la future moi qui voudrait un deuxième enfant

Comment accepter ce renoncement ?

Pour Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne spécialisée dans le domaine de l’enfance, de l’adolescence et de la famille, le renoncement à un enfant de plus est un deuil à faire.

« Il faut vivre les étapes du deuil, de manière consciente ou non, pour l’accepter. C’est très difficile, souvent, on essaye plutôt de se résigner à ne pas pouvoir faire un autre enfant. Mais cela engendre beaucoup de frustration, voire un trouble dépressif.

Le désir d’enfant part, la plupart du temps, de projections que l’on se fait. Il y a une forme d’irrationnelle dans le désir. Lorsque l’on décide de ne plus avoir d’enfant, et que le désir reste là, il faut une prise de recul qui peut être plus ou moins longue. On peut faire une introspection, questionner ce désir, qu’est-ce qui l’alimente, malgré différents paramètres ? On peut faire un listing pour et contre, et comprendre pourquoi cela amène à une réponse contre. Ce processus nécessite généralement l’aide d’un professionnel de la santé mentale. »

Et quand ce renoncement n’est pas un choix, mais est subi, par exemple en cas d’infertilité, le deuil est encore plus difficile à faire. « Lorsque le corps empêche de devenir parent, ce n’est pas la même chose que des raisons matérielles ou financières qui peuvent éventuellement être réglées dans le futur. En démarche PMA, on peut être déjà en contact avec un psychologue, sinon il faut voir un professionnel de la santé mentale. Il faut se questionner sur ce que représente la parentalité pour nous, et comment trouver un épanouissement dans d’autres aspects de la vie, si on doit renoncer à devenir parent une fois de plus. »

À lire aussi : Tout ce qui change entre un deuxième et un premier bébé (indice : balec)

Pour accepter cette décision de renoncer à un enfant de plus, Clémence s’est recentrée sur sa famille. « Je choisis de considérer que, non seulement je privilégie notre famille de trois qui est heureuse comme elle est, mais aussi que je « protège » cet enfant qui n’existe pas, en ne lui imposant pas de venir au monde dans des circonstances où je ne pourrais pas être la mère qu’il mériterait. »

C’est aussi le conseil qu’elle donne aux parents dans la même situation : « se concentrer sur toute la beauté de la famille qu’on a déjà, celle qui a déjà du sens et nous nourrit au quotidien. On ne peut pas savoir ce qu’un enfant de plus aurait donné, en positif comme en négatif, mais on sait quel amour nous porte au sein de la famille qui existe déjà, et on peut le faire grandir et s’épanouir avec toute la force qu’on aurait mise dans l’arrivée d’un enfant supplémentaire. »

Sarah, elle, s’est accrochée aux raisons logiques de ce choix. « J’essayais de me convaincre, je savais que c’était une bonne chose, pour moi, de renoncer à un deuxième enfant, mais il fallait que je l’accepte. Et puis un jour, j’ai réalisé que j’avais fait le deuil de l’image d’Épinal de la famille parfaite : deux parents, deux enfants, la maison et le chien. À la place, je m’étais construite ma famille à moi : moi et mon fils à mi-temps. Et ça me convient bien, je n’ai pas envie de bouleverser tout ça, ça ne me fait même plus envie. »

À lire aussi : Après un presque-IVG et une fausse couche, on a eu un 2e enfant. Dire qu’on avait dit « jamais » !

Son conseil : « Laisser du temps au temps. Au début, on remet toujours en question sa décision. « Et si… ? » Et un jour ça devient l’évidence. Même si je dois avouer que quand les copines qui ont des aînés de l’âge du mien sont enceintes, il y a 10 secondes où ça pique encore un peu… »


Les Commentaires

13
Avatar de Destiel Mok´
17 octobre 2023 à 20h10
Destiel Mok´
Et puis il y a plusieurs choses différentes aussi. La plus bouleversante ne veut pas dire la plus difficile pour moi, par exemple. Clairement le bouleversement était bien plus important à la naissance de la première. Mais j'ai bien aimé devenir mère et je me sentais à l'aise dans le rôle. Du coup pour le coup, c'est pas devenir parent que j'ai trouvé dur mais vraiment la fatigue qu'entraine de s'occuper de deux enfants au lieu d'un seul.
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