César 2023 : face aux violences sexistes et sexuelles, l'Académie mise sur une tiède « mise en retrait »

Secouée par l’affaire Sofiane Bennacer, l’Académie n’a pas vraiment d’autre choix que de réagir. En attendant son grand chantier de réflexion, elle s’engage à mettre en retrait toute personne mise en cause pour des violences… mais pas à la rendre inéligible pour recevoir une récompense.

C’est l’affaire Sofiane Bennacer, acteur du film Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi, qui a été un déclencheur de cette discussion interne. Une enquête de Libération a révélé en novembre 2022 que le comédien faisait l’objet de plusieurs graves accusations de viols et de violences, mais aussi qu’il aurait été maintenu sur le tournage des Amandiers alors que l’existence d’une plainte était connue.

Sofiane Bennacer avait alors été retiré de la liste des Révélations 2023.

L’Académie des César s’interroge depuis sur la marche à suivre en cas de mise en cause judiciaire d’une personne qui a œuvré à un film éligible à une récompense :

« Devant l’ampleur et la complexité de ces questions, d’un point de vue moral et juridique, tout le monde s’est accordé pour dire qu’il fallait poursuivre la réflexion par la mise en place d’un groupe dédié, auquel seront invitées toutes les personnalités, associations, ou autorités compétentes qu’il semblera utile au Bureau de l’Académie de convier pour éclairer le groupe de travail de leurs conseils ou de leur expertise. »

Mise en retrait… mais pas d’inégibilité

L’Académie entend donc lancer ce travail en 2023, mais a tout de même décidé d’un « consensus » en choisissant « de ne pas mettre en lumière des personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence. »

En cas de mise en examen ou de condamnation pour des faits de violences, l’Académie des César a décidé que la personne ne pourra pas être invitée à la Cérémonie et à tout événement qu’elle organiserait.

Attention, rien ne dit qu’elle ne pourra pas être nommée à l’issue des votes de l’Académie ni qu’elle ne pourra pas recevoir de César. Autant dire que l’on doute beaucoup de la portée de cette décision peu engagée, qui montre que le cinéma français regarde avec encore beaucoup de frilosité le problème des violences sexistes et sexuelles en son sein.

Bref, il n’est pas impossible qu’il faille à nouveau se lever et se casser.