Quand ma décision de vivre à Berlin s’est vraiment confirmé, 3 « B » se sont mis à clignoter dans mon esprit : « Bière, Bradwurst et Berghain ». Si je connais déjà bien les deux premiers, il me tardait de découvrir le troisième : le Berghain, référence dans le milieu de la musique électronique, est un bâtiment massif abritant le meilleur sound-system d’Europe. Il me fallait essayer d’y entrer.
La réputation sulfureuse de ce lieu unique attire tous les oiseaux de nuit. Le Berghain est le temple de l’insouciance, de la volupté et de l’hédonisme.
En 2009, les Inrocks commentaient d’ailleurs : « A l’intérieur du Berghain, de très jeunes gens dansent très vite grâce à des substances. Partout on se roule des pelles avec des langues confites à l’alcool. Certains titubent sous les plafonds hauts; il faut éviter les plaques de vomi. (…) Les photos sont interdites, on comprend pourquoi. »
Autre élément qui concourt à la mystification de l’endroit : la sévérité des videurs. Une bonne partie des fêtards qui font la queue devant la boîte ne rentrera pas. Pas de critère de sélection précis, si ce n’est qu’il est bien connu que pour avoir une chance de passer, mieux vaut ne pas avoir l’air d’un touriste fraîchement débarqué.
C’est pourquoi, loin d’avoir le look d’un technohead allemand, bras tatoués et yeux cernés, j’avais peur de ne pas avoir le physique de l’emploi et de me faire bâcher à l’entrée. Mais avec un peu de chance, un groupe de potes et l’air enclin à la fête, j’ai réussi à passer la porte. Voici ce qu’il se passe à l’intérieur.
Deux darkrooms et une qualité de son hors du commun – l’ex-centrale électrique datant de l’ex-RDA peut accueillir plus de 2000 personnes en son coeur. Tous les weekends, les meilleurs DJs de la planète s’y produisent.
Je comprend alors ce qui fait du Berghain le haut symbole de la fête à Berlin : je n’avais jamais vu pareilles ambiance et dévotion à la musique. Le public a l’air subjugué par le son, moi la première : sa qualité est tellement limpique qu’elle m’habite complètement, je sens les basses résonner dans ma poitrine et me laisse porter par les mélodies vaporeuses. Vous connaissez cet état d’étrange non-fatigue que l’on ressent quand on a (physiquement) sommeil mais que nos yeux restent écarquillés grâce à la lumière d’un écran ? Avec le sound system du Berghain, même logique : la musique est tellement envoûtante que même crevés, on trouve une espèce de force venue d’ailleurs pour danser. Pas étonnant alors que la boîte ouvre non-stop jusqu’au dimanche, parfois même lundi matin.
Le Berghain offre également l’agréable surprise de communiquer directement avec une autre boîte : à l’étage se trouve le Panorama Bar. Si la programmation du Berghain est majoritairement techno, celle du Panarama Bar, elle, est plutôt axée minimal et house. En plus d’abriter 2 boîtes de nuit, ce bâtiment impressionnant dispose également d’un énorme vestiaire et d’un spot plein de canapés où se reposer. Tout y est fait pour apprécier la soirée… jusqu’au petit matin.
L’entrée dans cet eldorado de la fête coûte une dizaine d’euros. Les pintes sont à 3 euros. Je fais le calcul : par rapport aux boîtes parisiennes, j’y gagne fortement – même quand je suis sur liste à Paris, les consos dilapident bien trop vite mon budget. Au Berghain, la question ne se pose pas. Les verres s’enchaînent, la musique est dingue et l’ambiance incomparable.
En bref, si vous aimez la musique électronique et êtes curieux des atmosphères industrielles, allez-y. Outre l’avantage de l’immersion dans l’antre d’un des hauts lieux de la vie nocturne berlinoise, passer une soirée au Berghain s’avère être une expérience sensorielle intense. Et je dis ça alors même que je n’ai ingurgité aucune drogue.
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