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Célib

Agathe, 21 ans : « Je vis chaque rencontre comme une mise en danger »

Chaque semaine dans Célib, des personnes de tous genres nous racontent les joies et les questionnements de leur célibat, qu’il soit choisi ou subi. Aujourd’hui, c’est Agathe qui nous raconte comment et pourquoi être seule s’apparente à une découverte d’elle-même…

Prénom ou pseudo : Agathe

Âge : 21 ans

Lieu de vie : Paris et Genève

Orientation sexuelle et/ou romantique : Bisexuelle

Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ? 

Je suis célibataire depuis un peu plus de 6 mois, après une relation exclusive assez courte, d’une dizaine de mois. Avant ça, je n’avais pas été dans une relation « sérieuse »  pendant plusieurs années.

Ma première relation longue date de mes années de lycée. Je suis restée environ deux ans avec le même garçon, c’est aussi avec lui que j’ai eu mes premières relations sexuelles. Notre relation était plutôt équilibrée mais je m’y sentais enfermée, et parfois utilisée comme un trophée par mon amoureux devant ses copains, de façon pas toujours très subtile ni consentie. J’ai fini par le quitter. 

Après ça, j’ai eu une période de batifolage intense, notamment grâce aux applis de rencontres. J’enchaînais les dates et les coups d’un soir. Je me questionnais sur l’exclusivité, le polyamour, je voulais expérimenter et me rassurer quant à ma désirabilité. Ça m’a amenée à faire pas mal de bêtises, notamment à fréquenter des hommes beaucoup plus vieux que moi, et aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte d’à quel point c’était problématique.

Ensuite, après mon éveil bisexuel, je suis tombée très amoureuse d’une amie. Ça ne s’est pas bien passé, notre relation a été très courte et à sens unique, je me suis sentie utilisée et trahie, ce qui a mené à une rupture amoureuse et amicale très douloureuse dont j’ai encore aujourd’hui du mal à me remettre.

J’ai recommencé les dates, cette fois-ci à un rythme plus léger et en évitant les écarts d’âges trop importants. J’ai surtout rencontré des garçons, tous différents, qui m’ont vraiment aidée à m’épanouir davantage dans ma sexualité, à prendre plus de temps, à être plus honnête et plus à l’écoute. 

Ce qui m’amène à ma dernière relation, encore une fois avec un garçon rencontré sur Tinder. La rupture a été très difficile, d’une part parce que très soudaine et inexpliquée, et d’autre part parce que j’étais dans une période de fragilité mentale et physique, ça a été la goutte de trop qui m’a amenée au fond du trou. Depuis, je me remets doucement et réapprends à m’aimer toute seule, sans la validation d’un·e autre. Je prends le temps de dézoomer un peu et je m’aperçois qu’avec chaque rupture, j’évolue un peu et j’en apprends toujours un peu plus sur ce dont j’ai besoin dans une relation amoureuse. 

Et ça fait vachement de bien, j’ai l’impression de me connaître un peu plus à chaque fois, d’être plus honnête avec moi-même, plus douce avec mes émotions et mes ressentis. 

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Comment décririez-vous votre célibat ?

Mon célibat à d’abord été subi (je me suis faite larguer, c’est le jeu…). Mais aujourd’hui, je m’en accommode plutôt bien, et j’ai décidé d’en faire un choix (pour le moment). Après ma dernière rupture, alors que toute mon estime de moi est passée au mixeur, j’ai décidé de faire de mon célibat une période où je réapprends à m’aimer et à avoir confiance en moi. C’est l’occasion de retrouver mon équilibre. Je craignais qu’en me replongeant dans le dating, toute mon estime de moi ne repose que dans le regard des autres.

Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?  

Pas vraiment. Je fais partie d’un groupe d’amis très soudé, nos relations respectives n’influent pas vraiment sur nos relations. Et vice versa. Quant à ma famille, nous ne discutons pas vraiment de nos vies amoureuses.

Estimez-vous que le célibat a un impact sur votre moral, au quotidien ? 

Les premiers mois post-rupture sont toujours très durs. J’ai tendance à remettre toute mon existence en question, ma valeur, mon physique… Bref ça pique fort. 

Je me retrouve aussi souvent, une fois la tristesse passée, à me refermer comme une huître, à me dire que les sentiments, ça sert à rien, à me flageller en pensant que je suis naïve, que je m’attache trop vite, trop fort… Bref, je rejette toutes mes émotions, comme si ça allait me faire oublier la douleur. Alors qu’on le sait, c’est une technique complètement inefficace, en plus de nous déconnecter de ce qu’on ressent.

Mais une fois la douleur passée, le célibat en lui-même n’est pas spécialement dur à vivre, au contraire. C’est un moment pour me retrouver, faire le point sur ce dont j’ai envie, les erreurs que je ne veux plus commettre, les choses que je veux prioriser. 

CÉLIB_AGATHE_CITATION
Crédit : Midjourney

Être célibataire vous permet-il des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ? 

Pas spécialement. Cependant, l’absence de relation amoureuse me permet de prioriser d’autres types de rapports, amicaux, familiaux, professionnels… C’est une tâche en moins sur le calendrier.

À l’inverse, est-ce qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ? 

À part l’accès « facile » au sexe, le célibat ne m’empêche pas de vivre ma vie ou de faire quoi que ce soit qui soit spécifique au couple.

Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?

Vivre dans une grande ville permet de faire des rencontres facilement, surtout en utilisant des applis de rencontres, le « marché amoureux » est plus grand, plus simple d’accès, mais la pression de la rencontre est aussi plus forte

Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ? 

Non pas pour le moment.

J’ai désinstallé toutes les applis de rencontres que j’avais depuis ma dernière rupture, j’avais tendance à chercher de la réassurance au travers des matchs dans les moments difficiles. J’y allais souvent quand je m’ennuyais, et me retrouvais à mener des discussions sans réellement m’y intéresser. Ça me distrayait, la séduction était un jeu dans lequel je me retrouvais coincée malgré moi.

Je pouvais enchaîner plusieurs rendez-vous par semaine, les rencontres perdaient tout leur intérêt. J’étais dans la consommation, matcher en amont me rassurait et me faisait me sentir validée d’entrée de jeu.

Comment décririez-vous votre rapport aux rencontres ? 

Angoissé. J’ai peur d’être rejetée, trahie, utilisée. J’ai peur de m’attacher trop vite, trop tard, trop fort. Je vis chaque rencontre comme une mise en danger, ce qui me pousse à mettre un masque et à jouer un rôle qui n’est pas le mien. Je travaille dessus et j’apprends à assumer mes émotions, mais ça reste une épreuve pour moi.

Quel temps par semaine la recherche d’un ou d’une partenaire occupe-t-elle en moyenne ? 

Depuis que j’ai arrêté les applis, assez peu de temps. J’essaye de me confronter à nouveau aux « vraies rencontres », celles du quotidien, qu’on peut faire au boulot, en vacances, en soirée… J’ai envie de me détacher de la sécurité que représente les matchs et réapprendre à connaître quelqu’un petit à petit, pas en une heure autour d’un café. 

Ressentez-vous une forme de pression à chercher activement un ou une partenaire amoureux·se ?

Non pas spécialement. J’ai la chance d’évoluer dans un milieu bienveillant, que ce soit sur le plan familial ou amical. Et puis je suis encore très jeune, la pression viendra peut-être plus tard.

Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ? 

Ma libido a tendance à diminuer en période de célibat, d’autant plus que je ne cherche pas de partenaires sexuel·les pour le moment. Mais je constate souvent qu’en étant célibataire, mon imaginaire et mes fantasmes se développent. Je consacre plus de temps à la masturbation, même si elle n’est pas très régulière. 

Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ? Si oui, comment la percevez-vous dans votre quotidien ? D’où vient-elle ? 

Plus une envie qu’une injonction. On voit l’amour partout, dans les médias, au cinéma, à la télé, sur les réseaux sociaux…

J’ai parfois l’impression que « le grand amour » est une expérience qui pourrait changer ma vie, que c’est ce qu’il me manque pour avoir eu une vie pleine, riche. Que c’est la relation ultime.

Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ? 

Je dépense plus en sextoys et en porn audio mais à part ça, je fais plutôt des économies. Je paye moins de Uber pour revenir de chez mon amoureux·se, je dépense moins de sous au restaurant, en capotes, en dépistage… 

Quels sont vos projets pour le futur ? 

Je ne me suis jamais vraiment projetée dans un avenir amoureux. Quand j’imagine ma vie future, je vois une vie de famille, mais pas nécessairement en couple, plus en tant que mère seule (viva la PMA). Je ne vais pas attendre mon +1 pour avoir des enfants, je crois que c’est une expérience que je suis prête à vivre seule, et potentiellement avec un.e/des amours pour m’accompagner dans la vie.

Je veux connaître l’amour romantique, mais je n’ai pas envie d’en faire le centre de ma vie. Plutôt un élément qui gravite autour, comme une lune.

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