Live now
Live now
Masquer
International_Women's_Day_meeting_in_Khost_afghanistan_ // Source : wikimedia commons
Société

« Afghanes », ce documentaire d’utilité publique à voir absolument

Dimanche 12 mars, sur France 5, quatre générations de femmes afghanes se racontent dans un documentaire poignant. Un récit qui donne à voir une autre histoire du pays, à rebours des clichés.

On l’imagine muselée, confinée sous une burqa anonyme, victime de la barbarie des Talibans. La femme afghane cristallise bien des clichés dans notre imaginaire occidental. Une vision réductrice que détricote finement la reporter Solène Chalvon-Fioriti dans un documentaire bouleversant, diffusé dimanche 12 mars à 20h55 sur France 5.

Trois questions à Solène Chalvon-Fioriti, réalisatrice du documentaire « Afghanes »

Madmoizelle. Pourquoi donner la parole à quatre générations de femmes ?

Solène Chalvon-Fioriti. La parole des femmes afghanes leur a longtemps été confisquée. Je voulais les laisser parler pour elles-mêmes. C’était primordial qu’il n’y ait aucun homme, aussi bien à l’écran qu’au sein de l’équipe ou dans la pièce où l’on tournait. Le cas de l’Afghanistan est inouï : comme les femmes font des enfants très jeunes, 4 générations consécutives ont connu la guerre. Les plus âgées ont aussi bien vu la jupe que la burqa obligatoire ou la privation d’éducation, le capitalisme que le communisme. On a l’impression que rien ne change, et pourtant elles ont traversé des séquences de vies très différentes. Avec les Talibans, elles craignent un retour en arrière terrifiant. Pour les plus jeunes, c’est une autre forme de peur qui se dessine. Elle ressemble davantage à de la sidération : elles n’ont pas connu cette figure fantôme et ne pouvaient pas imaginer les horreurs actuelles.

Vous dites dans le documentaire que « L’ennemi de la femme afghane a plusieurs visages ». Qu’entendez-vous par là ?

Dans notre imaginaire, l’ennemi de la femme afghane est le taliban. Mais cette image est réductrice. On oublie que la première violence de n’importe quelle femme afghane se joue dans son foyer. C’est son mari, son frère, les hommes de son village. Ce sont aussi les autres femmes, et ce, dès la naissance. Dans des communautés closes se perpétuent des traditions imperméables au monde extérieur. On voit notamment, dans le documentaire, une scène de lapidation. Derrière, on entend les cris appelant à détruire cette femme, dans une volonté de l’effacer complètement. Les femmes sont un exutoire, et cela n’a pas commencé avec les talibans. Cela fait 40 ans que les gens sont dépossédés de leurs biens, confrontés à une pauvreté endémique. Dans ce contexte, les femmes sont devenues une possession symbolique.

À quand remonte cet effacement des femmes afghanes ?

Cela a commencé avec les Soviétiques. Depuis, la société afghane se façonne dans la violence. Nos pays, nos institutions internationales y ont participé. Nous avons cantonné les Afghanes à la propagande politique, nous avons plaqué nos désidératas sur elles. Ce documentaire est une prise de parole historique et sentimentale. L’Afghanistan est un pays qui sonne très masculin, car il a très longtemps été raconté par des hommes. Je voulais permettre à ces femmes, que j’ai rencontrées lors de reportages ou pendant mes années en Afghanistan, de se raconter. Et c’est à travers leurs mots que se dessine une autre histoire du pays.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

1
Avatar de Chamb
12 mars 2023 à 20h03
Chamb
Merci pour ce docu que j'irais voir ! Toutefois que veux dire l'auteur par : "cela a commencé avec les soviétiques" ? (Réponse à la question sur "quand a commencé l'effacement des droits des femmes ?".
Il me semblait que s'il y avait eu des avancées (et des reculs) avant, le décret de l'égalité des droits entre hommes et femmes (étude, travail) + école obligatoire des filles + suppression de la dot datait de la république pro soviétique (par contre interdiction de porter la burka et bon, plus globalement, les soviétiques ne sont pas connus pour leurs positions pro-religion) puis que c'est suite à la victoire des talibans soutenus par les USA vers 1989 que la charia talibane avait été progressivement instaurée (retour de l'interdiction d'étudier et d'exercer un métier + burka obligatoire) jusqu'à la nouvelle intervention militaire de 2001... Est-ce que je fais erreur ?
1
Réagir sur le forum

Plus de contenus Société

Source : Antoine Lamielle
Société

Violences conjugales : des ordonnances de protection bientôt « délivrées en 24 heures »

Source : Charles Deluvio / Unsplash
Actualités France

Lutte contre la pédopornographie : 31 hommes ont été arrêtés en France et en Europe

Source : Capture d'écran Youtube
Actualités

Cyberharcèlement de Magali Berdah : treize internautes devant la justice

Copie de [Image de une] Horizontale – 2023-11-27T151311.742
Culture

La ministre de la Culture veut que l’Arcom régule Frenchie Shore, mais c’est impossible

Source : Capture YouTube / nathalie Bissot Campos
Actualités France

« Avez-vous pensé à moi ? » : Cécile de Ménibus dénonce la publication de la vidéo de son agression par Rocco Siffredi

1
nous toutes 2021
Société

Marche du 25 novembre : comment la guerre Israël-Hamas s’est immiscée dans le cortège parisien

ok-2
Bien-être

Quelle partie du corps exposer au soleil pour synthétiser au maximum la vitamine D 

Source : Doris Michel
Féminisme

« Je ne me considérais pas comme victime » : Céline raconte les conséquences du viol qu’elle a subi et son combat pour revivre

Copie de [Image de une] Horizontale (64)
Éditos de la rédac

Pour lutter contre les violences faites aux femmes, allons marcher samedi 25 novembre

nous toutes 2021
Féminisme

Journée de lutte contre les violences faites aux femmes : où se tiendront les marches ce 25 novembre ?

La société s'écrit au féminin