Le langage n’a jamais fini de se réinventer. Et la jeunesse ne manque pas d’idées décapantes pour le moderniser ! Le NYTimes a interrogé sa communauté et dévoilé son classement des 24 meilleurs néologismes proposés par les jeunes, le 4 avril dernier.
Plus de 500 ados se sont prêtés au jeu, n’hésitant pas à utiliser ces nouveaux mots dans des contextes bien réels.
Quels sentiments, quelles situations manquent de mots pour les décrire, selon les jeunes ? Quels termes de leur invention pourraient combler ces lacunes ? La plupart des nouveaux mots proposés reflètent les préoccupations de la jeunesse : la pandémie, les complexités de la vie en ligne, et les sentiments existentiels causés par les divers défis auxquels la nouvelle génération est désormais confrontée.
Le Covidloop, ça vous tente ?
En tête des préoccupations des jeunes ? Le monde post-pandémique, après plus de deux ans de restrictions sanitaires bien sûr ! Et pourtant, certains regretteraient presque les périodes de confinement…
Le « Covidloop » (Covid + « loop », la boucle), soit l’acte volontaire de rester chez soi ou isolé une longue période alors que les activités sont redevenues « normales », ou encore décider de « fick » (« fake » + « sick », malade) soit faire semblant d’être malade à cause d’un trop grand désir de rester chez soi, s’inscrivent comme de nouvelles tendances.
Evidemment, la pandémie a aussi laissé des souvenirs néfastes à la jeunesse. Les adolescents parlent de « tilent » (« tired », fatiguée, + « silent », silence) — un état de fatigue si intense que l’on demeure silencieux — et de « solumidnox », des sueurs nocturnes qui réveillent en pleine nuit avec le sentiment d’être seule au monde…
Face à la pandémie de coronavirus, les jeunes ont ressenti un sentiment de « mnemonty » — traduisez une impression de savoir que l’on est dans l’instant présent, face quelque chose qui se passe et qui restera dans les mémoires pour toujours. Pas faux. (Si vous avez l’étymologie, allez-y, je n’arrive pas à la déduire !)
Jouer avec les mots… mais surtout s’engager
Jouer avec les mots, les sons, les compositions inédites mais aussi s’engager pour de grandes causes : les ados n’hésitent pas à pointer du doigt les « oblivionaire » (« Oblivious », le fait de ne pas être lucide + « billionnaire », milliardaire), ces personnes riches qui choisissent d’ignorer la disparité, l’inégalité que la richesse crée. Un exemple de phrase pour utiliser ce terme ? Facile :
« La fureur de la génération Z contre ces “oblivionaires” ignorant les crises mondiales explose sur les réseaux sociaux, dans une campagne remarquée par de nombreuses personnalités mondiales et politiques. »
Dans le viseur des revendications de la jeunesse ? L’écologie et éviter une économie en miettes, pardi ! Et les adolescents ne manquent pas d’imagination pour inventer les termes adéquats : « seath » (« sea », mer + « health », santé) pour la santé de la mer, le poétique « skocean » (« sky », ciel + océan) lorsque l’on ne distingue plus la limite entre le ciel et l’eau, ou encore l’« inflobia » — la phobie de l’inflation des prix.
Un dictionnaire made in génération Z
Par dessus tout, les jeunes souhaitent dépoussiérer leur langue afin de mettre un mot sur leurs nouvelles habitudes en ligne. Et vice versa, car virtuel et quotidien ne cessent de se confondre !
Aujourd’hui, on « TikTalk », traduisez on s’exprime avec une danse tendance sur TikTok tout en étant impliqué dans une discussion sans aucun rapport. On ressent parfois de l’« eustricity », un sentiment euphorique de passion qui fait sécréter de la sérotonine à l’écoute d’un morceau de musique agréable.
On s’imagine parfois en « faux-star » — comprenez rêver de soi en tant que personnage — et on parle de « trendaissance » (trend, tendance + renaissance), la renaissance d’une tendance, d’un mème après une période d’oubli ou pire encore : d’impopularité.
A l’instar finalement, du langage, qui comme le phénix, renaît en quelque sorte toujours de ses cendres… Grâce à une soupçon d’insolence et une imagination sans borne !
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Image en Une : © Madmoizelle
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