Quel avenir pour la CIIVISE ? Alors qu’Aurore Bergé a assuré dimanche dernier que la CIIVISE allait « continuer » malgré le départ de sa nouvelle présidence, l’avenir de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants reste incertain, tant ces dernières semaines ont profondément ébranlé ses fondations. Après l’éviction contestée de son président Édouard Durand et la crainte exprimée par ses membres d’un « changement de doctrine » après la nomination de Sébastien Boueilh à sa tête, une plainte a été déposée à l’encontre de sa vice-présidente Caroline Rey-Salmon pour agression sexuelle.
Un appel à poursuivre le travail engagé depuis trois ans
Mais les membres de la première CIIVISE sont prêts à poursuivre les travaux engagés depuis la création de l’instance en 2021, et qui ont permis le recueil de plus de 30 000 témoignages de victimes d’incestes et de violences sexuelles pendant l’enfance.
Dans une lettre adressée à Sarah El Haïry, nouvellement nommée ministre déléguée chargée de l’Enfance, treize anciens membres affirment vouloir « participer à la mise en œuvre » des 82 préconisations qu’ils avaient formulées dans un rapport dévoilé en novembre dernier. « Qui mieux que la CIIVISE 1, composée de victimes et de professionnels reconnus, peuvent poursuivre ce travail, qui ne doit pas rester lettre morte ? », demandent-ils. Les treize signataires de la lettre, parmi lesquels la psychiatre Muriel Salmona, la pair-accompagnante pour les victimes d’inceste Angélique Mouly ou encore la militante féministe Ernestine Ronai pour rétablir la « doctrine » de la commission : en « finir avec l’impunité des agresseurs », « croire » et « protéger » les victimes.
Emmanuel Macron doit « être à la hauteur »
Cette lettre adressée à la ministre déléguée chargée de l’Enfance n’est pas la première adressée au gouvernement. Rappelant qu’il y a urgence à de nouveau mobiliser des moyens pour lutter contre l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, cinq militants associatifs, eux aussi anciens membres de la CIIVISE 1, en appelle à Emmanuel Macron. « Il n’est jamais trop tard, Monsieur le président de la République, d’être à la hauteur de ce que vous avez vous-même initié en 2021 », écrivent-ils dans la lettre, également publiée dans Le Parisien.
Signée par Laurent Boyer, président de l’association Les Papillons, par le cofondateur de Mouv’Enfants Arnaud Gallais, par Nathalie Moreau, présidente d’Arevi (Association d’action, recherche et échanges entre les victimes d’inceste), par la fondatrice et présidente de SOS Inceste Eva Thomas, ainsi que par Angélique Mouly, la lettre réclame une « réparation collective » après le fiasco de la CIIVISE 2 et l’initiation d’« une culture de la protection des enfants capable de contrer la culture du déni ». « Nous nous tenons à votre disposition pour trouver une issue positive à cette crise que vit la CIIVISE. »
Signe que le sort de la CIIVISE est scruté au-delà des acteurices de la protection de l’enfance, six députés et députées de l’opposition, parmi lesquels Marie-Charlotte Harin (EELV), Elsa Faucillon (PCF), Fatiha Keloua-Hachi (PS) et Léo Walter (LFI) ont aussi adressé une lettre à Sarah El-Haïry, dans laquelle ils lui demandent de remettre en place l’ancienne équipe de la CIIVISE, et de « traduire l’ensemble des préconisations de la CIIVISE dans la loi ».
Pour l’heure, ni Sarah El Haïry, ni Emmanuel Macron n’ont donné suite à ces demandes.
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