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Vie quotidienne

Je n’ai que 14 ans et oui, je suis féministe

À quel âge devient-on féministe ? Ana, 14 ans, revient sur son déclic et explique pourquoi elle s’est tournée vers le féminisme au collège.

En partenariat avec Hachette (notre Manifeste)

Publié le 8 octobre 2018

Je m’appelle Laura. Je suis une fille de 14 ans, et je suis féministe.

J’ai vécu une enfance plutôt insouciante : je ne me rendais pas compte des oppressions que subissaient les femmes, et j’y participais moi-même, sans me rendre compte de la gravité de mes propos ou de mes actes.

Pour moi, le sexisme c’était cet homme avec une grosse moustache qui lit son journal en buvant son café, pendant que sa femme fait la vaisselle.

L’époque de la misogynie était pour moi révolue, et je pensais vivre dans un monde totalement égalitaire.

C’est en fin de sixième et début cinquième (je devais avoir 11 ou 12 ans) que le déclic s’est produit.

Le féminisme via Internet

J’ai découvert une partie du féminisme sur madmoiZelle.

Je pouvais passer des heures sur la tablette de ma mère à me renseigner sur ce qu’étaient le slut-shaming ou la culture du viol

À ce moment-là, tout s’est éclairé.

J’ai découvert aussi des youtubeurs avec des avis différents sur le sujet, et ça m’a permis de me faire ma propre opinion.

Je comprenais enfin les mécanismes de notre société ainsi que les miens, et pourquoi ils étaient sexistes.

Le décalage entre les autres et moi

Arrivée en cinquième, tout me paraissait être un problème.

Je me sentais très différente des autres : ce qui était pour eux normal était révoltant à mes yeux. J’éduquais le monde entier et c’était épuisant.

J’avais le sentiment de vider un océan à la petite cuillère.

Je passais de longs moments à expliquer à mes propres amis en quoi leurs propos étaient sexistes ou homophobes.

Je participais activement aux débats lancés en classe par mon prof d’Histoire, et il me trouvait parfois trop virulente ou déterminée.

Mais pour moi, être féministe, c’est défendre ses idées.

Au sens premier, ça signifie bien sûr se battre pour l’égalité entre les femmes et les hommes, mais c’est surtout croire en ses idées et défendre toutes les femmes.

Selon moi, le féminisme passe surtout par la solidarité et la bienveillance entre femmes.

Se serrer les coudes est essentiel quand la société nous pousse à nous juger et à nous tirer dans les pattes.

À lire aussi : La solidarité féminine, et si on s’y mettait ?

Attouchements et hypersexualisation

Durant cette même année de cinquième, j’ai vécu des attouchements sexuels par un garçon de ma classe.

La prof m’avait mise à côté de lui et il m’a touché les cuisses et les fesses. Je me suis levée d’un coup de ma place, pour aller m’installer à l’autre bout de la classe.

L’heure d’après, je suis allée me plaindre à ma prof principale qui m’a répondu ceci :

« Mais c’est pas sa faute, il comprend pas ce qu’il fait, ta réaction était trop violente. »

Donc j’avais subi des attouchements et ce garçon s’en tirait sans rien ?

En quatrième, alors que mon corps était bien plus formé que celui des autres filles, je me suis retrouvée hypersexualisée contre mon gré par les garçons de mon collège.

Certains me prenaient en photo à mon insu, d’autres tentaient de me toucher… Cette période a été très dure à vivre pour moi.

Je me retrouvais dans un cercle vicieux où tout ça me mettait très mal à l’aise, mais à force, je me retrouvais à chercher la validation par les garçons…

J’ai été victime de slut-shaming et de victim-blamingOn me rendait coupable de ce que je vivais.

Puis, en quatrième toujours, en plein été, j’ai mis un short au collège.

Un surveillant m’a dit que « je ferais mieux de mettre quelque chose de plus couvrant la prochaine fois » et que « c’est normal après ça d’attirer les regards des garçons ».

À lire aussi : Ma mobilisation a payé, les shorts sont de nouveau autorisés dans mon lycée !

Le harcèlement de rue, banalité sexiste

J’ai ensuite bien sûr été victime de harcèlement de rue.

Tout ce que j’ai vécu m’a poussée à me battre plus spécialement contre le slut-shaming, le harcèlement de rue, la culture du viol et la culpabilisation des victimes.

Tout ceci me révolte et pourtant je n’hésite pas à en discuter avec mon entourage.

Mes parents se moquent un peu de ma vision des choses : ils me trouvent trop extrême et pensent que c’est une sorte de crise d’adolescence.

De mon côté, j’essaie d’initier mes potes et ma sœur au féminisme, et c’est vraiment la plus belle chose qui me soit arrivée.

Eux qui tenaient des propos que je trouvais aberrants, ils sont maintenant très ouverts et éveillés au féminisme…

Quant aux personnalités qui m’inspirent, il y a bien sûr Simone Veil, qui s’est battue pour un des droits les plus fondamentaux : le droit à l’IVG.

J’ai eu la chance de lire son autobiographie l’année dernière, et je l’admire énormément depuis.

Même dans un environnement qui était très hostile à son mode de pensée et à la loi qu’elle voulait faire passer, elle a réussi.

Elle s’est aussi battue pour les droits des détenus et bien d’autres causes qui sont moins connues du grand public.

J’admire également Chimamanda Ngozi Adichie, écrivaine nigériane et autrice de l’ouvrage Nous sommes tous des féministes, ainsi que Malala Yousafzai, militante pakistanaise et lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2014, à 17 ans.

Le féminisme vers le lycée

Aujourd’hui, je viens de rentrer en seconde et les raisons d’exercer mon féminisme ne manquent pas.

J’explique aux garçons de ma classe ce que les femmes vivent, et en quoi tenir des propos sexistes est un problème.

À lire aussi : Messieurs, l’égalité hommes-femmes ne se fera pas sans vous

Tous les jours, des propos me révoltent et je me bats quotidiennement.

C’est pourquoi je tiens à adresser un message à toutes les personnes de mon âge. Le féminisme est nécessaire.

Le sexisme tue, agresse, viole chaque jour.

À notre âge où notre personnalité se construit, il est plus que jamais important de se battre pour l’égalité !

Girl Power n’est pas n’importe quel livre. Tu peux y écrire tes idées, y gribouiller tes envies, raturer, barrer, noter, entourer…

Écrit par Alanna Wulff, cet ouvrage te permet d’éveiller ton esprit féministe, t’inspirer avec des citations d’Emma Watson et de Michelle Obama, t’informer sur le droit des femmes dans le monde.

Avec sa couverture colorée signée Diglee, Girl Power est comme un journal pour ton féminisme, qui va te voir grandir et évoluer.

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Conçu avec la participation de Marion Seclin, Lauren Bastide, Najat Vallaud-Belkacem… Il est sorti le 3 octobre 2018, en partenariat avec madmoiZelle !

À lire aussi : Les déclics féministes de Josefina, jeune étudiante argentine

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Les Commentaires

11
Avatar de Mymy Haegel
27 mars 2019 à 14h03
Mymy Haegel
Bonjour, un mot pour vous informer qu'à la demande de l'autrice ce témoignage a été légèrement modifié : le prénom a été changé et la mention du handicap a été supprimée. Bises !
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Voir les 11 commentaires

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