Avertissement
Cet article contient un certain nombre de témoignages en faveur de Benoît Hamon. Ce n’est pas un choix délibéré : le fait est que j’ai exploité tous les témoignages reçus et qu’ils allaient tous dans ce sens-là… N’hésitez pas à utiliser les commentaires pour apporter un avis différent si vous le souhaitez !
Cependant, sans se concentrer sur le candidat, les raisons d’aller voter sont nombreuses et pour beaucoup valables même si ce n’est pas le candidat de votre choix : ces témoignages peuvent donc tout de même vous intéresser.
Ce week-end se tient le premier tour des « primaires citoyennes » comme elles sont appelées sur leur site officiel, ou « primaire de la gauche ».
Elles verront s’affronter Manuel Valls (Parti Socialiste), Vincent Peillon (PS), Sylvia Pinel (Parti radical de gauche), Benoît Hamon (PS), Jean-Luc Bennahmias (Union Démocrate Écologiste), Arnaud Montebourg (PS) et François de Rugy (Parti écologiste).
Alors que beaucoup se faisaient entendre, tous bords politiques confondus, pour aller voter lors de la primaire des partis de droite et du centre, nous avons voulu connaître les motivations de celles et ceux qui iront glisser leur bulletin dans l’urne dimanche.
« Faire absolument entendre sa voix »
Parmi les raisons les plus importantes citées pour aller voter, il y a l’idée de donner son avis, coûte que coûte. C’est le cas de Lisa* qui tient à s’exprimer :
« Pour moi, je ne dirais pas [que l’enjeu] est plus important que pour la primaire de la droite.
J’ai quand même envie d’aller voter parce qu’on me donne l’occasion de m’exprimer sur un sujet (qui, aujourd’hui, représente pour vous le mieux la gauche ? C’est selon moi le sujet) et que j’ai envie de m’exprimer, si on m’en donne l’occasion. »
Dans la même lignée, comme Salomé*, certain•es y voient un devoir, qui dépasse le cadre de cette primaire en particulier :
« Ce sont mes premières élections et je me fais un devoir d’aller voter ! Pour moi, la primaire de gauche (mais c’était pareil à droite) est très importante. Elle constitue mon élection à moi.
Je ne sais pas encore pour qui je vais voter, mais ce dont je suis sûre c’est que je suis contre le fait de voter pour quelqu’un « juste » par ce que les autres l’ont choisi. Je me refuse de voter pour un parti : je vote pour des idées.
Donc pour moi voter à la primaire, c’est maximiser mes chances d’être fière de mon vote lors de l’élection officielle. »
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« Faire respecter ses droits »
Il y a également une volonté de défendre des droits jusqu’alors acquis mais qui semblent désormais menacés.
Et faire entendre sa voix, on y donne de l’importance pour ne pas laisser d’autres s’exprimer à notre place. On le fait pour faire en sorte que ce que l’on redoute le plus ne se produise pas.
C’est le cas de Sofia*, qui veut voter avant tout pour faire en sorte que sa vision du vivre ensemble persiste à exister :
« La raison principale pour ce vote, c’est que je suis profondément attristée (et surtout effrayée) par ceux qui représenteront potentiellement la France, c’est-à-dire la caste Le Pen ou François Fillon. Il y a tellement de points sur lesquels je voudrais me battre…
Je veux voter pour protéger mes droits, en tant que femme adulte et indépendante, car lorsque j’entends le FN parler d’« avortement de confort », ça me rend malade. […]
Pour ce qui est du candidat élu de droite et du centre droit, Mr François Fillon, ses amitiés douteuses puantes avec les personnes de la Manif pour Tous en disent long à son sujet à propos de la cause féminine, des droits pour les LGBT+ et j’en passe.
D’ailleurs, François Fillon a dit : « Je suis personnellement opposé à l’avortement mais je ne supprimerai pas ce droit » ; comment faire confiance à quelqu’un qui est « personnellement » opposé aux droits des femmes ? »
« Je veux voter [pour] ce que j’aime particulièrement en France, c’est-à-dire cette magnifique possibilité de vivre tous ensemble.
En ce moment, ceux qui se disent aimer la France ne veulent que la diviser en montant les Français les uns contre les autres ; religion A contre religion B, hommes contre femmes, privé contre fonctionnaires.
Pourquoi ? Le monde n’est-il pas déjà suffisamment triste, suffisamment haineux pour devoir toujours confronter des gens qui ont tout à partager ?
Je ne veux pas que Mme Marine Le Pen ou M. François Fillon brise cette notion de communauté qu’on a déjà du mal à trouver dans la vie de tous les jours. »
« C’est l’homme politique que j’attends »
Malgré tout, un espoir naît et veut se manifester.
Mais tou•tes ceux et celles qui vont voter ne le font pas par défaut ou pour faire obstacle au pire.
Un certain nombre de témoignages portent un message réellement enthousiaste, sur l’avenir, sur un programme qui les a convaincu•es et dans lequel ils et elles ont espoir. C’est le cas de Pierre*, qui a trouvé le candidat qui lui correspond :
« Alors oui je vais voter à la primaire de la « gauche » parce que je suis Benoît Hamon depuis plusieurs années maintenant et je veux le soutenir ! Il représente ce que j’attends d’un homme politique. »
Mais il est loin d’être le seul à exprimer cet enthousiasme, qui est plus largement étayé dans d’autres témoignages, comme celui de Lisa* :
« C’est tout ce que j’ai toujours voulu retrouver dans un personnage politique. Pour commencer par des remarques « superficielles », il a une allure rassurante et a cet air pragmatique et apaisé qu’on ne retrouve chez aucun des candidats.
Sa politique vise le long terme, et n’attise pas une haine et une méfiance constante envers son voisin. Il semble être le seul à s’être intéressé à l’écologie et l’environnement, il est le seul à envisager de façon pragmatique un monde où la numérisation sera à tous les niveaux de notre quotidien.
Benoît Hamon voit l’homme avant l’économie, ce qui fait vraiment beaucoup de bien. J’aime aussi le fait qu’il considère l’éducation comme une des choses les plus importantes : les hommes et femmes politiques d’aujourd’hui continuent à augmenter le budget de la sécurité au détriment de l’enseignement. »
Désabusé•e ? Plus maintenant
« C’est la première fois que je reconnais mes valeurs dans un candidat ! »
Ces derniers mois, voire années, on a beaucoup entendu et lu de commentaires sur le fait que les citoyen•nes étaient désabusé•es par la politique, déçu•es et sans espoir. Et ça a été le cas d’Ella* :
« En 2017, ce sera la première fois que je voterai pour élire le ou la président•e. Depuis plusieurs années, j’essaie de me tenir informée de ce qu’il se passe en politique, des idées des uns et des autres, de comprendre les débats et polémiques.
Mais j’ai souvent été découragée par les idées mises en avant, je ne trouvais pas vraiment de programme qui correspondait à mes valeurs.
J’ai vite compris que j’étais plutôt de gauche, mais avec les mesures du dernier quinquennat je me suis aperçue que cela ne me correspondait pas tant que ça non plus… Et surtout que ça n’allait jamais assez loin par rapport à ce que j’aurais souhaité. »
Mais ce qui marque aujourd’hui parmi les témoignages reçus, c’est le sentiment que ces déceptions ont été remises au placard pour se concentrer sur l’avenir, pour se transformer en énergie positive et bâtir un nouveau projet sociétal. Et c’est ce qui ressort entre autres de la suite du témoignage d’Ella* :
« Écologie comme priorité, féminisme, revenu universel de base, meilleure aide aux migrants… Tous les thèmes qui me sont chers sont réunis dans ce programme, et aucune mesure ne m’y paraît mauvaise.
C’est pourquoi j’ai envie de le soutenir et d’essayer à mon petit niveau d’aider Benoît Hamon à atteindre la présidentielle. C’est la première fois que je reconnais mes valeurs dans un candidat ! »
« Nous ne voulons plus d’un homme providentiel »
Une grande partie des témoignages rejette l’idée du sauveur.
« Je pense qu’il faudrait arrêter avec ce système quasi-monarchique où l’on met des espérances quasi-incroyables dans un seul homme, ou femme, qui ne pourra jamais conjuguer toutes les qualités de la Terre, et pour cause : c’est un être humain !
Comme vous et moi. Donc je pense qu’il faut mettre fin à ce système archaïque où l’on élit un « demi-dieu » pour cinq ans, et après on lui tape dessus parce que, non, il n’a pas réalisé tous nos espoirs.
Mais c’est impossible ! C’est pour ça que j’ai un penchant pour les hommes politiques qui, comme Benoît Hamon, remettent un peu d’humilité au cœur du débat […]
Je pense que Hollande et peut-être les autres avant lui ont souffert de ce costume « trop grand » et que de toute façon, ce n’est plus souhaitable de fonctionner ainsi. »
Un vote pour masquer son pessimisme ?
Le vote à la primaire de gauche ressort enfin comme une tentative de contrer la vague de pessimisme à laquelle on fait face.
La fragmentation de la gauche continue cependant de faire peur.
Ce n’est pas certain que cet essai permettra d’atteindre le but souhaité, mais il nous donne un espoir. Même si celui-ci est entaché d’une peur de l’avenir, comme c’est le cas pour Pierre* :
« Après je suis très pessimiste pour la prochaine élection présidentielle à cause de Mélenchon et Macron qui, eux, ont l’air de ne penser qu’au pouvoir…
J’en veux surtout à Mélenchon qui, dès qu’il a annoncé sa candidature sans passer par des primaires, m’a extrêmement déçu.
Il disait pour sa défense que de toute manière, les primaires socialistes verraient sortir soit Hollande, soit Valls.
Or, il y a des chances que ça soit Montebourg ou Hamon qui sortent de ces primaires ! Donc Mélenchon a juste voulu se la jouer perso comme d’habitude…
Bref ! Je vais voter aux primaires pour faire gagner Hamon mais pour la suite, j’ai peur… »
Quant aux résultats de ces primaires, nous les auront pour le premier tour le dimanche 22, et pour le second le dimanche 29.
Et toi, tu comptes aller voter ? Est-ce que tu partages les raisons avancées, ou est-ce qu’il y en a davantage qui te convainquent que ce n’est pas la peine d’aller voter ?
À lire aussi : Comment et pourquoi voter à la primaire de la gauche 2017 ?
*Tous les prénoms ont été modifiés.