Je ne sais plus quand Marine, ma boss, m’a prodigué ce que j’estime être un des meilleurs conseils jamais reçus, je ne sais plus où c’était, mais je sais que mon cerveau l’a imprimé plus rapidement que l’intégralité des paroles de l’album Californication des Red Hot Chili Peppers.
Peut-être que j’étais particulièrement alcoolisée ce jour-là (il me semble que c’était à un pot de départ), peut-être que Marine est très drôle et que ça aide, peut-être que mon cerveau était réceptif, peut-être que c’était le moment pour moi d’entendre cette phrase et d’y voir une sorte d’épiphanie.
Alors oui, on dirait, dit comme ça, que je vais vous balancer une phrase très inspirante pleine de beaux mots qui va révolutionner le monde, mais ce n’est pas le cas.
Cette phrase a fait « tilt » dans ma tête, elle m’a donné l’impression d’avoir enfin une réponse logique à pas mal de mes interrogations, elle m’a donné du courage, du culot et elle me fait bien marrer aussi.
Ce conseil génial qui a changé ma vie
OK, j’arrête de faire durer le suspense. Surtout que quand je vous aurai dit ce que Marine m’a dit, vous allez sûrement dire : « Hein ? C’est tout ? Tu nous teases depuis deux paragraphes pour ça ? » Eh bien oui.
J’essaye d’être sympa et altruiste hein, je partage avec vous un truc qui me fait du bien, pas besoin de m’envoyer paitre non plus. Et peut-être que ce conseil ne va pas du tout marcher avec vous, après tout on n’a pas la même vie et on ne se connait pas plus que ça, vous et moi.
Allez, j’arrête de déblatérer, et je vous dis ce qu’elle m’a dit :
Quand tu as un doute ou une décision à prendre dans la vie, demande-toi ce que ferait Jean-Claude, 54 ans.
Marine, honnête dans l’avenchture
Ouaip.
C’est tout, ça s’interprète comme vous voulez, et ça fait du bien pour celles et ceux qui ont besoin d’un coup de boost.
On peut faire des petites mises en situation pour comprendre ce conseil :
- Vous souhaitez demander une augmentation au boulot, mais vous n’osez pas ? Que ferait Jean-Claude, 54 ans ? Il irait demander une augmentation, sans même se poser la question ou remettre en cause sa légitimité. Jean-Claude y va, et il n’hésite pas.
- On vous a servi le mauvais plat et vous n’osez pas le dire au serveur ? Que ferait-Jean-Claude, 54 ans ? Eh bien il le dit, et on lui ressert le bon plat commandé à la place, pouf comme ça.
- Votre forfait de téléphone est beaucoup trop cher et vous n’osez pas demander un rabais ? Jean-Claude y va, il n’a pas peur, et il finit par payer son pack Orange à 9,99 € par mois pour les SMS illimités, internet 50 Giga et appels à l’étranger inclus.
- Vous vous êtes fait couper les cheveux et c’est moche parce que c’est raté ? Vous avez l’habitude de dire « oui oui c’est très bien » alors que « non non c’est très moche » quand on vous demande ce que vous en pensez ? Jean-Claude, 54 ans, il le dit que ça ne lui plait pas. Jean-Claude, il n’épargne personne.
- Vous en avez marre de voir les gens rester assis sur les strapontins du métro alors qu’il y a plein de monde dans la rame et que ça fait chier ? Vous ne dites rien ? Pas Jean-Claude, 54 ans.
- Vous êtes en soirée et vous avez remarqué un petit mec bien mignon, mais vous n’osez pas l’aborder ? Il semble plus intéressé par absolument tout sauf vous ? Jean-Claude, 54 ans, n’hésite pas à y aller et à dire : « J’ai remarqué que vous m’aviez remarqué, on discute ? ». Alors bien sûr, si c’est non, c’est non hein, même Jean-Claude il sait ça voyons.
- Quand vous conduisez, vous n’osez vous imposer sur la route et vous vous faites couper par tout le monde ? Jean-Claude conduit avec le coude posé sur l’embrasure de la porte, cheveux au vent, au rythme qui est le sien. Tant pis s’il prend son temps, Jean-Claude il s’en fout, il prend la place qui lui revient.
- Vous vous retrouvez sur un siège duo dans le train et votre voisin ou voisine a les épaules qui touchent les vôtres ? Jean-Claude pose son coude sur l’accoudoir, lui, il ne laisse pas l’espace lui échapper, et il ne partage pas son accoudoir, faut pas déconner.
- Jean-Claude, il coupe la parole quand il parle, parce que ce qu’il a à dire est plus important que les autres. Et Jean-Claude, 54 ans, s’offusque quand on lui coupe la sienne, faut pas abuser.
En fait, vous savez ce que c’est, le pouvoir de Jean-Claude, 54 ans ? C’est qu’il prend la place, il n’attend pas qu’on la lui donne. Jean-Claude ne bougera pas de sa chaise tant qu’on ne lui dira pas qu’il gêne, et il ne laisse l’opportunité à personne de lui dire qu’il est gênant.
Jean-Claude, il ne se prive pas d’être, il ne se prive pas de demander, il y va. Alors, je ne dis pas que ce conseil s’applique partout et pour tout le monde, et je ne dis pas qu’il correspond à toutes et tous. Et oui, bien sûr, la liberté des uns commence et bla-bla-bla. ON SAIT. Mais même en sachant ça, moi, ce conseil, il m’aide vachement dans ma vie de tous les jours.
Est-ce qu’on ne devrait pas toutes être des Jean-Claude ?
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Crédit photo image de une : Andy Dean
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Les Commentaires
Récemment j'ai beaucoup pris confiance en moi et j'ai réussi à m'affirmer sur pas mal de choses, au point que mes collègues me veulent comme déléguée du personnel ou que ma famille me considère comme centrale dans la communication Mais je partais de loin pourtant, de très très très loin. Au point de ne pas boire d'eau à la cantine par peur d'aller remplir le pichet devant tout le monde, ou de carrément subir des comportements abusifs dans mes relations sentimentales, ce genre de trucs.
Je dirais que l'affirmation de soi, ça passe par le développement de certaines capacités/expériences, qui permettront de trouver sa juste place parmi les autres. Par exemple, au fil des années, j'ai compris que j'avais certaines qualités sociales qui me permettent d'être très diplomate. Avant je subissais la chose, je m'écrasais, j'étais juste gentille et c'est tout. Maintenant je reste gentille, mais je joue aussi sur cette gentillesse pour communiquer quand il y a besoin. Et ça s'est fait petit à petit, au fil d'expériences positives qui m'ont donné de plus en plus confiance dans cette qualité. Et maintenant je peux poser des questions pièges à mon patron devant une assemblée de cinquante personnes avec un sourire apaisant, l'air de rien. Hehehe.
En fait je n'aime pas trop les tics que l'on peut avoir aujourd'hui issus du développement personnel type "anglo-saxon" qui voudraient que la confiance en soi passe beaucoup par la performance ou alors l'écrasement. À une période j'étais hypée par les gifs de Beyoncé qui se recoiffe comme une diva imbue, maintenant non. Je trouve plutôt que gagner de la confiance en soi, c'est développer des aspects de sa personnalité et vivre des expériences qui aident à se rendre compte qu'on est légitime à être au milieu des autres. Ça ne veut même pas dire s'adorer, s'aimer, c'est juste atteindre un espèce d'apaisement avec soi, qui permet de se dire ok, si je veux aller demander x chose à mon patron je n'ai qu'à essayer, si je veux dire à untel qu'il me gène j'en ai le droit, et les conséquences n'impacteront pas ce que je pense de moi. Il n'y a pas besoin d'écraser, pas besoin d'être fier de soi au point de devenir hautain (d'ailleurs je trouve que les personnes bien avec elles-mêmes sont rarement comme ça, comme quoi). C'est juste... retrouver une solidité intérieure ?