Ça fait tout drôle de se rendre compte que ça y est, on fait partir du groupe (du gang ?) des mères, et que ça se voit. Voici les petits détails qui ne trompent pas !
Je me couche avec les poules, je me lève quand les poules dorment encore
Les enfants ne s’embarrassent pas de détails triviaux du type « quand est-ce que c’est le jour, quand est-ce que c’est la nuit ». Il serait dommage de laisser ces considérations bassement matérialistes s’interposer entre eux et leur meilleure vie — peu importe si celle-ci débute généralement autour de 6 heures du matin.
Le problème de cette meilleure vie, c’est qu’elle ne peut être vécue que sous la supervision moyennement consentie d’un adulte dont l’obligation de surveiller sa progéniture tête brûlée entre en conflit avec l’envie de trouver une solution radicale qui lui permettrait de retourner se coucher.
Certains disent qu’on ne s’habitue jamais, mais je ne suis vraiment pas d’accord. En me couchant vers 20 heures, j’arrive à me réveiller aux aurores sans trop avoir envie de crever et j’apprécie de voir le soleil se lever. Même si en novembre, la brume ne tombe pas avant midi et que, c’est vrai, c’est un peu long une aube qui dure 8 heures.
Je trimballe un thermos de café partout
Le rapport entre cette nouveauté de ma vie adulte et le paragraphe précédent n’est absolument pas fortuit. J’ai longtemps considéré que le café était un breuvage ennuyeux de grande personne très âgée — quitte à boire quelque chose d’amer, autant qu’il y ait de l’alcool dedans et que ce soit de la bière.
Je ne prétends pas que ma situation parentale ne me donne jamais envie de m’envoyer un petit remontant, mais enfin, comme expliqué précédemment, il est 6 heures du matin, il ne faut pas exagérer.
Le café, accessoire de mes pauses lycéennes, que je faisais semblant d’apprécier avant de jeter discrètement mon gobelet plein dans la poubelle, est devenu une nécessité absolue, au point que je me trimballe avec mon thermos pour m’abreuver à intervalles réguliers sur le chemin de la crèche.
Je ne me voile cependant pas la face, l’effet énergisant de la boisson chaude est totalement placebo : dans l’état où je suis, seules des amphétamines pourraient m’aider à déloger mon visage des tréfonds de mon derrière.
J’ai téléchargé une appli payante pour faire les courses
Fut un temps ou ma spontanéité alimentaire n’avait d’égal que mon amour des plats surgelés, du pain et du fromage fondu. Beaucoup trop de boutons sur ma tronche et deux enfants plus tard, je ne suis plus seulement responsable de moi mais de tout un tas d’autres gens qu’il faut nourrir TOUS LES SOIRS, même quand j’ai travaillé 8 heures avant et que j’ai la flemme.
J’ai donc téléchargé une application payante qui me permet de planifier mes repas de la semaine et qui me dresse une liste de courses sur-mesure.
Prévoir mes menus à l’avance allait à l’encontre de toutes mes valeurs de spontanéité et d’imprévisibilité, mais quand même, c’était drôlement pratique cette affaire. J’ai donc décidé d’utiliser l’application avec second degré, c’est-à-dire que je suis la liste des courses à la lettre, que je respecte consciencieusement les instructions et qu’il m’arrive souvent de cuisiner plusieurs plats en avance pour « gagner du temps », mais avec second degré.
Vous voyez ce que je veux dire.
J’aime m’habiller de façon confortable
Un jour, j’ai porté des talons de 15 centimètres. Je ne me souviens plus exactement de la sensation, mais je n’en garde pas un souvenir de pantoufle absolue.
Il m’arrivait souvent de sortir seulement vêtue d’une tunique et d’un legging en dentelle puisqu’en 2010, je tenais absolument à m’habiller comme Lady Gaga. J’ai longtemps collectionné les pneumonies hivernales, préférant frôler la mort plutôt que de me fourvoyer en col roulé et en doudoune.
Tout a changé le jour où je suis tombée enceinte et qu’on m’a refourgué une parka de maternité informe mais confortable. Je l’admets, j’ai passé des mois très heureux, emmitouflée dans cet hideux nuage. Depuis, des leggings, des jeans mums et 3 paires de baskets se sont incrustées dans mon placard.
Qu’est-ce que vous voulez, c’est la mode. Et mamoune ou pas, moi, je suis la tendance.
J’ai toujours des trucs chelous dans mon sac
Il m’a fallu un deuxième enfant et deux-trois scènes de honte absolue pour ne plus oublier systématiquement les couches quand je partais en balade.
Depuis, je suis vaccinée et mes sacs sont remplis de changes et de lingettes. Même quand je me déplace sans lesdits enfants et que je rencontre des clients qui sont ravis de savoir que j’ai encore oublié leur dossier, mais qu’en revanche, j’ai amené des couches.
Les couches, les lingettes et les mouchoirs ne sont pas les seuls témoins matériels de ma condition maternelle et je me trimballe toujours avec un sacré bordel. Lorsque je fouille mes poches ou ma besace, je trouve des tétines, des chaussettes dépareillées, des cailloux et des plumes (la base) mais aussi des trésors légèrement moins ragoûtants comme une mandarine à qui deux semaines de vacances dans la poche de ma parka n’ont pas fait de bien.
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Image en une : © Unsplash/Nathan Dumlao
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