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Vie quotidienne

J’ai le syndrome de la provinciale : je me sens « plouc » à Paris

Vivre à Paris peut s’avérer compliqué surtout s’il faut affronter le snobisme et l’entre soi typique de la capitale. Margaux partage sa peur de ne pas être à la hauteur face à son entourage parisien.

Publié le 29 août 2018.

Je suis arrivée à Paris il y a 3 ans.

Jusqu’alors je vivais à Brest en Bretagne et même si on dit souvent « vive la Bretagne, c’est génial, il y a la mer tout ça », j’avais vraiment l’impression d’y tourner en rond.

Et puis Paris c’était mon rêve.

Après des études intéressantes en sociologie mais sans but réel et un an comme serveuse dans un fastfood, je me suis lancé à la conquête de la capitale, dans l’idée d’y faire une formation de secrétaire médicale.

Pourquoi donc ? Car quand j’allais chez mon dentiste je voyais sa secrétaire dans le beau cabinet, qui gérait pépouze son affaire et je me disais « ça c’est cool ! ».

Débarquement à Paris : de la banlieue au XVIe

J’ai d’abord vécu 2 ans à Vitry-Sur-Seine ou j’ai effectué ma formation.

Là, je découvre le monde médical, la frappe des comptes rendus, l’accueil des patients et tout l’administratif propre à la secrétaire… et je kiffe !

Seulement voilà, je trouve que Vitry ça craint un peu, c’est la galère pour sortir à Paris et j’y vis en colocation.

Bref, c’est « pas assez bien » selon moi… mais aussi selon certaines personnes qui vivent dans le convoité 75 et que j’admire plutôt.

Plus tard, diplôme en poche, je suis embauchée dans un centre de scanner dans le XVIe arrondissement et j’y trouve par la suite une petite chambre de bonne non loin du boulot.

Cette fois, ça y est ! Je suis une vraie Parisienne !

Ah oui, mais non, d’après ces toujours mêmes personnes que j’admire et que je fréquente, vivre dans le XVIe n’est pas une victoire. Selon elles « c’est mort, là-bas il ne s’y passe rien », « c’est si loin du centre », « y a que des vieux »

Pourtant, moi je m’y sens bien, c’est joli et calme et c’est quand même Paris, non ?

« Je ne serai jamais à la hauteur »

Je tombe sous le charme de quelques personnes ici, mais je ne trouve pas chaussure à mon pied.

En fait, je ne me sens jamais à leur hauteur. Il y en a toujours un pour me rappeler que « quand même, secrétaire médicale, c’est dommage », que je « pourrais faire mieux… ».

À lire aussi : Comment en finir avec la peur d’être constamment jugée par les autres

Un autre qui me dit que je suis « hyper mal payée dans mon taf, c’est honteux », alors que je gagne presque 1 000 euros de plus que lui chaque mois, mais soit.

Je me revois déclarer, si fière, à Brest que je vais devenir secrétaire, et ici je l’avoue presque honteuse.

Et ne parlons pas de tout ce que je ne fais pas et qui me fait me sentir « comme une merde ».

Alors oui, je vais voir des expos et des concerts, je voyage un peu selon mes moyens et mes envies (à vrai dire quand je veux voyager, quelques centaines de kilomètres peuvent amplement me suffire, pas besoin pour moi d’aller à l’autre bout de la planète).

À lire aussi : Comment se sentir (un peu plus) légitime — La leçon de la semaine, par Sophie Riche

Mais voilà : je n’ai pas fait le tour du monde.

Je n’ai pas vu la filmographie de CE FAMEUX réalisateur de 1962 à maintenant, je n’ai pas lu Guerre et Paix en anglais.

« Attends, tu n’as jamais vu de film de Jean-Luc Godard ?! »

Je ne comprends rien quand mes potes ingénieurs ou consultants parlent de leur travail.

Je n’ai pas de passion pour la photographie, ni pour la randonnée pendant 5 jours sur le mont Pluhautumeurs. Bon, je force un peu le trait… mais c’est à peu près le ressenti.

Mon syndrome (de l’imposteur) de provinciale

Je sais que j’ai un gros problème de confiance en moi, mais certaines remarques me font me dire « en fait je serai JAMAIS assez bien ».

Je suis secrétaire médicale, j’aime mon métier, j’ai de plus en plus de responsabilités, des espoirs d’évolution, une certaine culture et des hobbies, et je vis dans Paris… mais je ne serai jamais Parisienne.

Je me sens nulle et à côté de tout.

Alors j’ai commencé à voir une psychologue, qui m’a parlé du « syndrome de la provinciale » en ces termes :

« Vous n’êtes pas née ici et n’avez pas baigné dans toute cette culture que les enfants connaissent très tôt. Cela se traduit chez vous par un grand sentiment d’infériorité. »

Effectivement, je n’allais pas au musée quand j’étais plus jeune mais à la plage. Et les 2 ou 3 expos qui tenaient place en ville ne me tentaient guère.

Avoir plus confiance en moi et profiter de Paris

Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir accès à toute cette culture et d’être venue vivre ici, mais je me sens toujours à la ramasse.

Je continue mon travail de confiance en moi qui ne fait que débuter, et j’essaie de dire « FUCK » à toutes les petites remarques, inconscientes pas forcément méchantes certes, mais qui peuvent me pourrir le moral.

Je sens que la route est encore longue, mais un jour Margaux la brestoise et Margaux la parisienne se donneront mutuellement de la force pour se dire « t’es une meuf cool, et tu vaux autant qu’eux ».

À lire aussi : Le syndrome de l’infirmière : je veux « guérir » mon mec…

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Les Commentaires

74
Avatar de Autruche Empaillee
23 octobre 2018 à 02h10
Autruche Empaillee
Surtout que "province", ça veut dire "pays vaincu" en fait!
Si on pouvait arrêter ce terme de "province" ce serait vraiment super. Je trouve ce mot vraiment méprisant pour tous les gens qui ne viennent pas de Paris. Comme s'il n'y avait que Paris et ... le reste.
D'ailleurs les quelques parisiens que j'ai rencontré étaient plutôt sympas mais assez chiants sur certaines de leurs convictions. Non c'est pas évident pour tous le monde de se mettre à droite dans l'escalator. Ou alors: "quoi! Tu connais pas ce magasin ? Mais il a des enseignes partout !" Ouais à Paris et peut-etre à Lyon, on a pas la même notion de partout.
Ah et aussi le terme de "village" utilisé pour des villes de plus de 10 000 habitants
Bref, tant qu'on dira la province, je considérerai pas ça très respectueux en fait.
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