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La famille Roy dans la série Succession incarne la tendance mode Quiet Luxury // Source : HBO
Culture

Succession, L’Agence, White Lotus… Pourquoi sommes-nous fascinés par les (ultra)riches ?

Personnages méprisants, villas de luxe, rythme de vie complètement hors-sol : les séries mettant en scène le mode de vie des ultra-riches cartonnent. Mais pourquoi sommes-nous aussi fascinés par Succession, White Lotus ou encore Selling Sunset ?

Si vous n’avez pas encore succombé aux séries de téléréalités sur ces courtiers en immobiliers de luxe, cela ne devrait tarder.

En 2022, quelques jours après la sortie de sa cinquième saison, « Selling Sunset » était déjà numéro 1 sur Netflix US. On y suit un groupe d’agents immobiliers de la société The Oppenheim Group, basée à Los Angeles, alors qu’ils tentent de vendre des propriétés haut de gamme, entre 2 et 75 millions de dollars, à des clients fortunés. Sur le terrain : des femmes, perchées sur leurs hauts talons, impitoyables et ambitieuses, qui se battent pour vendre des villas toujours plus chères. On leur laisse les blagues sexistes à répétition et les dramas, mais on ne dirait pas non à cette vue 360° sur Los Angeles…

À lire aussi : Fan de Succession ? HBO sort des vêtements et accessoires inspirés de la série

Curiosité et fascination morbide

Forte de son succès, Selling Sunset a inspiré un équivalent français, un peu moins bling-bling : L’Agence. Sur M6, la série nous permet de découvrir les coulisses de ces agents immobiliers qui aiment à dire qu’ils travaillent « en famille », et que c’est « leur plus grande richesse ».

Fantasmes, curiosité, fascination. Ces programmes misent sur ces vies (et villas) de rêves, accessibles uniquement au gagnant du loto, pour accrocher leurs auditeurs. Pour Lubiie, qui tient un blog sur les séries TV, « elles remplissent tous les critères du parfait divertissement. Coupes de cheveux impeccables, vêtements magnifiques, lieux incroyables : on nous vend du rêve. C’est aussi ce qui fait marcher les influenceurs aujourd’hui. » 

On se retrouve un peu comme dans Revenge, cette série dramatique américaine diffusée en 2011. Le personnage principal, Amanda, tente d’infiltrer la haute société pour leur soutirer leurs secrets les plus sordides. Cette curiosité morbide s’applique aussi aux familles royales, comme dans la série The Crown. Qui n’a jamais voulu connaître le dessous des romances et des rivalités politiques de la reine Elizabeth II d’Angleterre ? À travers ces programmes, on tente, aussi, de remettre un peu d’humanité derrière des personnages historiques qui nous paraissent complètement hors-sol.

Une source inépuisable de dramas

La vie des riches est certainement plus palpitante que la vôtre (et ce n’est pas juste moi qui le dis). Les dramas vécus par les jeunes élites new-yorkaises de Gossip Girl ou les complots de You (saison 4) des riches trentenaires londoniens, offrent toujours de multiples rebondissements.

Face aux désirs sans limites de ces protagonistes, les scénarios n’ont jamais fini de nous surprendre.  « C’est une source inépuisable d’histoires, une ivresse d’excès, des personnages qui ont accès à tout facilement : la drogue, le pouvoir… Leur quotidien est tout sauf banal » renchérit Lubiie. Leur détachement et leur naïveté deviennent source d’humour.

Dans la série The Great, la reine Catherine, incarnée par Elle Fanning, veut apporter la science et la connaissance à ses sujets, éduquer les femmes et leur apprendre à lire. De très bonnes intentions, mais comme beaucoup de ses proches, aristocrates et monarques, elle est totalement déconnectée de la réalité et aveuglée par ses privilèges (et peu aidée par son mari, roi des excès et des orgies).

À lire aussi : D’esthétique d’ultra-riches à tendance mode, pourquoi le quiet luxury porté dans Succession fascine tant

Les voir échouer ? Toujours un petit plaisir

Aux États-Unis, on aime les histoires de réussite et d’ascension sociale. Un « self-made-man » mis à rude épreuve ces dernières années par des satires sociales de plus en plus acerbes avec les ultra-riches.

La famille Roy, dans Succession, a tout de détestable. Ses membres sont ambitieux, condescendants, cyniques et méprisants… Pourtant, la série US cartonne et ses fans bouillonnent à l’idée de savoir qui reprendra enfin le contrôle de l’entreprise familiale. À travers cette épopée entrepreneuriale, la série offre un aperçu fascinant du monde des affaires et de la vie dans la haute société.

À l’opposé du mythe américain de la réussite sociale, la famille Roy semble avoir hérité de la richesse sans un soupçon d’intelligence. « Je ne souhaite pas que les gens deviennent des Logan Roy. Mais même s’il est détestable, on adore le détester » commente, amusée, Lubiie.

Ces séries jouent sur l’antagonisme : ferait-on mieux qu’eux à leur place ? Serions-nous plus humains ? Plus intelligents ? Méritent-ils vraiment tout cet argent ? Bobby Axelrod, de la série Billions, s’offusquerait  : « Quand est-ce que c’est devenu un crime de réussir dans ce pays ? » avait-il clamé dans la saison 1. En tout cas, les voir échouer reste un guilty pleasure

Plus on est riche, moins on est empathique

White Lotus est plus sarcastique : la série tourne en ridicule les riches et ceux qui les servent (ou tentent de les servir). Réalisée par Mike White, l’histoire se déroule dans un complexe hôtelier ultra-luxueux où les caprices de ses hôtes en font voir de toutes les couleurs aux employés. Comme l’explique très bien la sociologue Alizée Delpierre, dans sa thèse « Servir et être servi », cette cohabitation sociale improbable permet la mise en place de relations très particulières qui sont presque du domaine de l’intime. Un intime tourné en dérision dans White Lotus, où l’on découvre des personnages incapables d’avoir des rapports sociaux sincères et des familles totalement dysfonctionnelles.

Dans la série espagnole Elite, le père désavoué d’Ari, Patrick et Mencia, offre une voiture de luxe à chacun de ses trois enfants pour se faire pardonner d’avoir attenté à la vie d’un de leurs amis. Alors, être riche, c’est forcément « se foutre de tout », comme le titrait le psychologue Daniel Goleman dans le New York Times ? Oui. Enfin presque. « La différence financière finit par créer une différence de comportement » explique-t-il. En 2008, des psychologues de l’Université d’Amsterdam et de l’Université de Californie à Berkeley ont observé et analysé ces différences. Ils en ont conclu que plus la personne était riche, moins elle était empathique. L’attitude de ces (ultra) riches n’a donc pas fini d’inspirer les scénaristes. 


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