Cela sonnait comme une petite révolution dans l’atmosphère glamour et paillettes du concours de beauté. Finalement, certaines candidates ont le sentiment qu’on se moque d’elles.
À l’automne dernier, une action de l’association Osez Le Féminisme poussait le comité Miss France à donner pour la première fois des contrats de travail aux participantes.
Une bonne nouvelle quand on sait que les Miss sont mobilisées pendant un mois pour la préparation de la grande soirée visant à élire la reine de beauté qui sera l’ambassadrice de la France pendant un an.
Quoi qu’on pense de l’idée même du concours Miss France — qu’on le juge terriblement sexiste et rétrograde, ou bien qu’on le défende comme un tremplin émancipateur pour les candidates — cette mise en conformité avec le droit du travail était quand même une bonne nouvelle.
Payées quatre jours de travail
Oui, mais voilà, un article du Parisien révèle que les 29 candidates ont touché des « clopinettes » :
« On a été payées 84 euros par jour, soit 252 euros net en tout. L’équivalent du smic. C’est vraiment symbolique »
C’est ce que dénonce une candidate. Les Miss ont été payées sur seulement quatre jours de travail ; certaines ont bien conscience que cela n’a rien de normal, et qu’elles sont exploitées :
« On se disait entre filles qu’on devrait être payées du premier au dernier jour parce que sans nous, il n’y aurait pas de show. »
Et ce n’est pas tout. Au-delà de ce salaire scandaleusement dérisoire, les conditions de travail globales sont préoccupantes, comme le raconte une autre Miss au Parisien :
« Avec le manque de sommeil, la charge physique et psychologique, certaines filles ont eu des problèmes de tension ou sont tombées malades. »
D’autres évoquent aussi un manque de nourriture pendant ces semaines de préparation.
Le comité Miss France défend son salaire indécent
Que répond l’organisateur du concours ? Visiblement, il assume pleinement ces salaires dramatiquement bas :
« Les motivations des candidates ne seraient plus les mêmes » a défendu la présidente de la société Miss France Alexia Laroche-Joubert, ajoutant que si les participantes au concours veulent un salaire, « elles peuvent faire Les Marseillais ou Les Ch’tis ».
C’est vrai, l’argent, ça salit tout. Il faut travailler pour la beauté du geste, ou alors pour la visibilité, comme on dit. Mais pour l’argent ? Pour payer son loyer ? Allons, ce sont là de basses considérations matérielles, ça manque de glamour, les Miss sont évidemment au-dessus de tout ça.
Après tout, certaines Miss en sont presque convaincues — comme Lena Massinger, Miss Champagne-Ardenne, qui a déclaré au Parisien :
« Tant mieux si on est payées. Mais on ne s’inscrit pas à Miss France pour l’argent. Entre un iPad et des robes, on a été couvertes de cadeaux. On est même passées au 13 Heures de TF1. À 20 ans, c’est dingue ! »
D’autres sont heureusement un peu plus lucides sur ces « cadeaux » et cette visibilité gratuite, comme Gwenegann Saillard, Miss Champagne-Ardenne 2020 :
« Recevoir des cadeaux, ça ne remplace pas un salaire. D’ailleurs, on nous incite à en faire la promotion sur nos réseaux sociaux. On devient des égéries bénévoles. C’est de l’exploitation. »
Ce contrat de travail obtenu cette année pour la première fois aura été un beau symbole, mais il ne faudra certainement pas s’arrêter en si bon chemin…
À lire aussi : Miss Islande quitte un concours de beauté après avoir été jugée « trop grosse »
Crédit photo : Capture (TF1)
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Tout à l'heure il y avait un reportage sur les misters France. Dans l'un ou l'autre, personne ne les plaindra. Sauf que chez miss France, il y a des milliers d'euros à offrir sur Instagram moyennant un partenariat.