Rose McGowan, pendant des années, aux yeux du monde c’était Paige, la demi-soeur de la fratrie Halliwell dans la série Charmed. Ç’a aussi été une héroïne dans Scream ou dans Boulevard de la mort… bref, une actrice. Et l’actrice en question vient de dévoiler pour la première fois un projet musical sous son nom : en l’occurence un titre électro, RM486, accompagné d’un clip fascinant.
Voilà ce qu’elle a dit à Nowness à propos de son entrée en fanfare dans cette nouvelle discipline :
« En fait, ces dernières années, j’ai sorti des chansons sous différents noms, comme une farce que je faisais au public. Je me suis réveillée un jour et [j’ai réalisé] que je détestais jouer et qu’en fait, j’ai toujours détesté ça. Imagine, ce sont essentiellement des scénarios d’hommes qui sont réalisés, alors c’était principalement une voix d’homme qui est sortie de ma bouche pendant 15 ans. »
La vidéo de RM486 est réalisée par Jonas Akerlund, qui a déjà bossé pour Lady Gaga ou Rammstein. Tu peux y voir Rose McGowan méconnaissable, grimée, incarner cinq créatures différentes et hyperlookées, tantôt alien, oiseau ou gothique.
Artistiquement, on peut penser ce qu’on veut de l’esthétique du clip, des paroles, de la musique
, trouver ça bon ou mauvais, peu importe, c’est à l’appréciation de chacun•e selon ses goûts et ses connaissances. Mais certaines critiques, comme ici celles des Inrocks, ont tendance à dériver du sujet :
« Méconnaissable au fil des années (et de ses interventions chirurgicales), l’ex de Marilyn Manson opère ici un tournant gothico-arty (et topless bien sûr) peu convaincant. Oui, c’est un euphémisme. »
Est-il bien utile de baser sa critique sur la nudité de l’actrice dans la vidéo, et d’en tirer du mépris — elle n’est d’ailleurs pas la première à le faire ? Si Rose McGowan avait été un homme, c’est à peu près certain qu’on n’aurait pas relevé la nudité de sa poitrine… À l’heure où on lance des campagnes et où on réfléchit à un moyen de faire comprendre à la société que non, une poitrine de femme n’est pas nécessairement un élément sexuel, c’est un peu triste de constater qu’on en est encore là. À critiquer une femme parce qu’elle ose montrer ces seins que je ne saurais voir.
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D’autant que le clip présente clairement une Rose McGowan « alien », une créature stylisée, un personnage conceptuel, quelque part entre Björk et Lady Gaga. De mon côté, je n’y vois pas de connotation sexuelle, ni d’incitation à se concentrer sur la poitrine de l’actrice, par ailleurs noyée sous les paillettes et les ornements quand elle n’est pas recouverte de peinture !
Rose McGowan elle-même l’explique d’ailleurs dans l’interview donnée à Nowness :
« […] Je pense aussi qu’il est important de représenter les corps de manière non sexuelle, en particulier les corps de femmes. […] Le body-shaming qui court en Amérique est absurde. Récemment, dans un musée, une femme derrière moi regardait une esquisse d’homme nu en disant qu’elle ne laisserait jamais sa fille voir ça, je me suis retournée vers elle et j’ai dit : « Oh, vraiment ? Vous préféreriez que la première fois que votre fille verra un pénis, il soit en érection et arrive vers elle ? […] »
L’autre partie de la critique porte sur les interventions chirurgicales qu’aurait subies l’ex-actrice de Charmed. Là encore, je ne vois pas bien le lien avec la musique, ni même avec le fait qu’elle apparaisse nue. Hollywood est cruel avec le physique des actrices, surtout quand elles vieillissent, et Rose McGowan elle-même s’est élevée, il y a encore peu, contre le sexisme inhérent à cette industrie.
Quand bien même elle aurait fait de la chirurgie esthétique, elle a sans doute ses raisons. Qui est-on pour juger cette décision, et pour rajouter du sexisme à celui que subissent déjà les célébrités ? Vraiment, c’est dommage.
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Alors, pour en revenir au vrai sujet qui nous préoccupe, que penses-tu de cette première incursion de Rose McGowan dans la musique ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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