– Article publié le 19 août 2014.
Charmed, c’est l’histoire de trois soeurs sorcières, les Halliwell : Prue, Piper et Phoebe (puis Piper, Phoebe et Paige). Elles ont des pouvoirs extraordinaires, comptent parmi les entités magiques les plus puissantes de l’univers et tant qu’elles sont unies, elles demeureront LES bonnes sorcières du coin grâce au pouvoir des trois.
En théorie, Charmed aurait dû être le festival de l’empowerment à la sauce rituels païens et jets de lumière en postprod. Dans les faits, c’était une tripotée de bras cassés en proie à une guerre d’ego titanesque qui surnageaient dans une série médiocre au succès inexplicable. N’empêche que j’en garde pas mal de très bons souvenirs !
Alors, pourquoi Charmed c’était nul… mais bien quand même ?
Charmed de l’époque Constance M. Burge à l’époque Brad Kern, ou de la misandrie à la misogynie
Les quatre premières saisons de Charmed sont incontestablement bien meilleures (ou plutôt bien moins mauvaises) que les suivantes. C’est dû au fait que c’était à l’époque Constance Burge, créatrice du show, qui avait la plus grosse influence dessus.
Pour faire court, Constance Burge voulait mettre en avant les relations entre sœurs, quand Brad Kern, lui, s’est plutôt focalisé sur le moyen de faire enfiler aux Halliwell le plus de costumes cheap sexy possibles. Du coup, on pourrait se dire que l’époque Burge devait être l’âge d’or, et que la série devait être un bijou d’écriture. Par comparaison avec l’époque Kern… oui. Dans l’absolu, certainement pas.
La série a toujours été bête, des premières aux dernières saisons, et comporte un tas d’éléments qui auraient dû être codifiés ou fixés, mais qui varient allègrement selon les besoins du scénario. Par exemple : définissez-moi exactement les limites des pouvoirs des êtres de lumière ! Pas facile, hein ?
Mais disons que dans les premières saisons, les filles avaient « vraiment » le pouvoir… au point que ça en devenait extrême. Et sachez qu’il m’en coûte de dire ça, parce que je suis d’avis que la misandrie est, dans la plupart des cas, un gros mythe bien juteux. Mais force est de constater que l’univers de Charmed (pas son message, mais l’univers dans lequel la série prend place) présente dans les premières saisons une espèce de guerre des sexes où les femmes ont le pouvoir et l’ascendant.
En effet, les démons sont, au départ, tous des hommes en costume SM, et les bonnes sorcières sont toutes des femmes tellement pures et sensibles mais aussi tellement fortes, bla bla bla. Les hommes positifs sont souvent de passage (à part Léo puis Cole) et sont évidemment choisis par les soeurs comme partenaires, parce qu’ils sont « craquants »… et c’est à peu près tout.
Le féminisme de Charmed, quand il s’exprime, est toujours très essentialiste : on a droit à bon nombre de sermons sur la maternité et la force surhumaine des mères, et les personnages passent leur temps à généraliser sur « les hommes sont comme ci », « les femmes sont comme ça », ce qui est assez exaspérant. Et il faut entendre parler la grand-mère misandre des Halliwell : « les hommes, évitez mes petites-filles »… Sans explication valide !
Jusqu’à la dernière saison, avec l’épisode glorieusement atroce de la ceinture d’Hippolyte où les féministes sont montrées comme d’horribles mégères misandres, on nous assène qu’hommes et femmes sont des êtres foncièrement différents. D’ailleurs, même les couples qui sont censés « fonctionner », comme Piper et Léo, passent leur temps à s’envoyer des piques, le mobilier, voire des explosions dans la gueule.
Ceci dit, quitte à avoir une vision essentialiste (donc idiote et réductrice) du monde, autant la voir au service des femmes : c’est toujours plus original que « les gonzesses à la cuisine ». Mais voir, dans les saisons de Brad Kern, que la grande passion des Halliwell est le shopping, que la seule chose qui manque à la vie de Phoebe, c’est un homme et que le destin lui « doit » ce conjoint parce qu’elle a bien travaillé a chassé les démons en bourrinant comme une abrutie pendant sept ans, qu’une femme ne s’accomplit vraiment que dans le mariage et les enfants…
Berk.
Charmed et ses voyages dans le temps foireux, ses pouvoirs limités par le budget
Si la nullité de la série se limitait à son girl power foireux, ça irait encore, mais Charmed, comme je l’ai dit, c’est des incohérences à la pelle.
On a déjà un traitement très bizarre de la mort, avec fantômes et résurrections en série, mais surtout un tas de voyages dans le temps LAMENTABLES ! Et le mot est faible… Quand, dans le troisième Retour vers le Futur, on voit que les ancêtres de Marty sont joués par lui-même et sa mère, ça fait déjà drôle, mais dans Charmed on a toujours ce genre d’éléments patauds quand on remonte le temps.
Les vies antérieures et les ancêtres des héroïnes ont les mêmes tronches qu’elles. Et ce n’est pas tout : modifier le passé ne pose quasiment aucun problème, jamais l’ombre d’un paradoxe du grand-père ! Et pourtant, elles en font, des conneries, quand elles remontent le temps, les soeurs Halliwell. Elles disent par exemple à leur mère qu’elle va se séparer de leur père et mourir dans le dernier épisode, alors que… ça ne lui est pas encore arrivé. Bonjour le traumatisme !
Il faut voir, aussi, le traitement des éléments surnaturels et folkloriques : les leprechauns semblent sortis d’un paquet de céréales, les démons d’un club sado-maso, et la plupart des autres créatures de la gay pride. Tout est cheap, rien n’est étudié en profondeur. Les mythes hindous, grecs, nordiques ou celtes sont à peine survolés. On dirait que les créateurs de la série se sont contentés de lire deux lignes de leurs dicos de mythologie avant d’écrire un épisode sur une créature… C’est irrespectueux, et même petite, en grande passionnée de fées et de dieux grecs, je m’en rendais compte.
Sinon, un petit mot pour les effets spéciaux : ils sont immondes. Pour une série du début des années 2000, les incrustations sont souvent très sales, les combats sont mal chorégraphiés et souvent à peine moins grotesques que les Power Rangers. Les pouvoirs des soeurs Halliwell varient aussi d’une saison à l’autre faute de budget. Qui se rappelle que Phoebe est censée pouvoir voler ? Pas moi : ça a dû durer quatre épisodes à tout péter !
https://youtu.be/vsjz1GuucHQ
Et ne parlons pas des costumes… En un mot : atroces. Même dans la vie quotidienne, les soeurs Halliwell s’habillent en dépit du bon sens, et ne sont pas soumises aux saisons à San Francisco apparemment : dans la même pièce, on peut voir Phoebe en col roulé et Paige en bustier qui s’arrête au nombril. Tout va bien madame la Marquise.
Les personnages cool de Charmed (quand même)
Même si les scripts ont toujours été atrocement nuls, remplis de gros trous, d’incohérences et autres joyeusetés, les acteurs de Charmed ne sont pas mauvais. Il suffit de mater un peu la série en V.O. et on se rend compte que non, ce ne sont pas des actrices de soap opera, loin de là !
Le problème, c’est plutôt que leurs personnages sont vaguement définis. Au début, Prue était la raisonnable autoritaire, Piper la pondérée sarcastique et Phoebe la tête brûlée insouciante, mais rapidement on a oublié ces premières caractéristiques et les soeurs Halliwell ont changé au gré du scénario. Piper a ouvert un night club alors qu’elle rêvait d’être chef, Prue est devenue photographe après une carrière de conservatrice de musée qui lit couramment le latin, et Phoebe… bon…
Les soeurs Halliwell découvrant ce que le scénario leur réserve
Hélas, ce ne sont apparemment pas les actrices les plus faciles à vivre qui jouaient dans
Charmed, et la badass Shannen Doherty a quitté le navire après trois saisons — sans doute à cause de mésententes, mais va savoir exactement pourquoi. Cela dit, elle est partie en réalisant un des meilleurs épisodes, ce qui a permis de poser de nouvelles bases pour la saison 4, qui n’est pas si mauvaise que ça.
Dans les dernières saisons, comme Alyssa Milano et Holly Mary Combs produisaient la série, on a eu droit à une bataille d’ego titanesque : qui aura le plus de drama, qui sera la plus valorisée comme quelqu’un d’héroïque et de génial, sans que son personnage ne fasse jamais rien de si extraordinaire ?
La seule à échapper au phénomène fut Paige, tout bêtement parce que Rose McGowan ne produisait pas Charmed ; c’est quand la série se focalise sur ce personnage qu’elle est d’ailleurs la plus efficace. Paige est la seule soeur Halliwell à se rappeler un peu de ses devoirs de sorcière et à ne pas passer son temps à se lamenter sur son sort parce qu’elle n’a pas le temps de faire du shopping et de trouver l’homme de sa vie. Paige agit, Paige se sort les doigts, vive Paige !
Et vive la mode étrange des années 2000
D’ailleurs, l’épisode où Paige revit la mort de ses parents adoptifs est aussi un des meilleurs de la série, et le seul voyage dans le temps à peu près réussi de Charmed.
Et puis il y a Cole et Léo… C’est vraiment terrible de voir que dans une série centrée sur des femmes, je ne suis au final vraiment attachée qu’à ces deux-là. D’ailleurs, je rêverais d’un spin-off où il s’associeraient et mèneraient des enquêtes surnaturelles. Je veux dire, dans les moments où on les voit ensemble, je suis loin de l’extrapoler, leur alchimie ! On tient les Sherlock et Watson paranormaux !
Cole, même s’il est assez mal écrit et qu’on peine souvent à piger ses motivations, est un des personnages les plus drôles de la série. Demi-démon aux allures de Sith de Star Wars, il est délirant, charmant, avec de bonnes réparties et un acteur qui a l’air de s’éclater. Cole, c’est le rayon de soleil de Charmed.
Enfin, il n’est quand même pas aussi lumineux que Léo, l’être de lumière/homme à tout faire, qui échappe à sa harpie de femme pour mieux se dévouer aux « innocents » qu’il protège. C’est un genre d’ange réincarné avec un passé de soldat héroïque et en plus, c’est une crème. Léo a toujours l’air de faire de son mieux et même si ses pouvoirs ne peuvent pas sauver les animaux (même quand ce sont des humains transformés) alors qu’à côté, il peut « soigner » des chaises et réchauffer des chocolats froids, il essaie toujours désespérément de faire en sorte que les gens aillent bien.
Léo a aussi des côtés fun. Quand il essaie désespérément de faire le signe de Spock ou qu’il s’affale en rotant sur un canapé, sous l’emprise du péché de la paresse, je trouve ça trop touchant et drôle. Vive Léo !
Au final, je me rends compte que les personnages « faire-valoir » de la série sont les plus sympathiques et je me dis que, malgré ses innombrables défauts, Charmed aurait peut-être pu être sauvée sans guerre des ego… Mais en l’état, Charmed reste une série dont les qualités ont du mal à rattraper les défauts, et je dois avouer que j’ai du mal à comprendre l’ampleur de son succès.
Alors dites-moi, vous les madZ qui ont kiffé Charmed… pourquoi ?
Les Commentaires
Comme beaucoup d'entre nous cette série est synonyme de la trilogie du samedi et je l'ai trouvé à l'époque très bien (bon ok j'avais 12ans ) le gros problème de cette série c'est surtout le changement d'actrice après la saison 3. A partir de ce moment là la elle a perdue toute crédibilité (enfin de mon point de vue), avec la fin du vrai pouvoir des trois. Mais les trois premières saisons sont vraiment cool et même si ça a surement dû vieillir je regarderai avec plaisir ces saisons là. Pour le reste, j'ai regardé de loin en loin et je n'ai pas vu la dernière saison je crois, trop décevant et trop absurde (genre l'école des sorciers...:facepalm et surtout, là où elles mettaient un épisode a tuer un démon elle mettait 3 secondes à la fin (avec le pouvoir de Piper notamment).
BREF, une série qui a bien débuté mais qui a perdu en crédibilité après la saison 3.
Pour parler de son succès, il n'est pas incompréhensible, l'histoire de trois sœurs sorcières qui combattent des démons c'est pas super original mais ça marche! Et ça vaut quand même mieux que les Violetta ou autres séries pour ados du moment.