« Aidez-moi, je ne sais jamais comment débattre et répondre aux phrases sexistes, ça me rend folle et je finis par quitter la pièce ou fondre en larmes. »
Voilà un cri du cœur que les lectrices de madmoiZelle nous font très souvent remonter — c’est d’ailleurs pour cela qu’Océane Viala, anciennement éditrice de témoignages dans notre rédaction, a écrit (et tourné dans) une vidéo faite de conseils pour bien débattre de sujets aussi sensibles que le féminisme.
Mais on n’est jamais trop bien armée sur le front des idées, alors voici une autre flèche à glisser dans votre carquois*, car nous nous rapprochons chaque jour des fêtes de fin d’année… et de leur guirlande de remarques sexistes !
Le guide de répartie aux phrases sexistes par #NousToutes
L’association féministe #NousToutes a mis en ligne (et en accès gratuit) un guide visant à vous aider au moment où vous êtes confrontée à une phrase sexiste.
Ce manuel se présente sous la forme d’un sondage en arborescence : vous pouvez choisir le type de sujets qui vous intéresse et le genre de réponse que vous préférez y apporter.
Par exemple, vous pouvez choisir de « répondre avec humour » à la remarque « En France en 2020, les femmes n’ont plus trop à se plaindre. Regardez en Afghanistan ! », ce qui donne :
« Réponse 1 : Je ne savais pas que tu t’intéressais à la situation des femmes en Afghanistan. C’est super ! Tu t’es engagé.e dans une association ? Je peux aider ?
Réponse 2 : Je me disais justement qu’on devrait dire la même chose à ceux qui disent qu’on a un problème de pouvoir d’achat. Ils se plaignent alors que franchement, par rapport à l’Afghanistan, par exemple, on pourrait diviser ton salaire par deux et t’aurais encore vachement de chance (la conversation va partir sur le pouvoir d’achat et vous pourrez finir votre dîner tranquille). »
Par contre, si vous choisissez pour la même phrase une répartie basée sur « des chiffres et des faits », le guide vous suggère plutôt :
« En 2021, en France, les femmes gagneront 24% de salaire en moins que les hommes. Elles assumeront encore les 2/3 des tâches domestiques. Elles ne seront que 16% à diriger des communes. Et une sur 10 sera victime de violence de la part de son conjoint. On n’est pas en Afghanistan, certes. On n’est pas rendu pour autant. »
Pas mal, non ? Et on a le choix entre quatre types de réponses à six répliques sexistes, ce qui fait un beau nombre d’options !
La pédagogie féministe, un exercice parfois éreintant
L’existence même d’un tel guide est une preuve, s’il en fallait encore une, que la vie des féministes n’est pas de tout repos. Alpaguées pour réagir à une énième immondice sexiste, moquées pour nos convictions, rabaissées parce qu’on n’a prétendument « aucun humour », provoquées par des réflexions misogynes… Autant de micro-violences qui vident peu à peu notre réserve d’énergie.
Car il en faut, de l’énergie, pour faire de la pédagogie, pour militer, pour se confronter au quotidien à des sujets douloureux, pour prendre le temps de débattre. Alors rappelons-le : rien ne nous oblige à entrer dans une discussion compliquée, rien ne nous empêche de refuser.
Nous froisserons peut-être quelques plumes niveau ambiance, mais si c’est le prix de notre santé mentale, payons-le sans hésiter !
En espérant que le guide #NousToutes vous soit utile, ou qu’il ne vous serve à rien puisque vos proches sont déjà féministes et que vos fêtes de fin d’année seront super. Nous vous conseillons aussi cet article, pour refuser de débattre sans culpabiliser !
*Les féministes combattent évidemment avec des arcs et des flèches — les amazones, ça ne vous dit rien ?
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
@TennanTen : cette année on ne peut pas fêter Noël en famille à cause de la pandémie, et je dois avouer que c'est un soulagement pour moi de ne pas devoir entendre mon père et mon oncle sortir leur litanie conservatrice...