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Féminisme

Comment gérer ce relou qui veut ABSOLUMENT débattre du féminisme

T’es là, tu passes une bonne soirée, et soudain, un mec arrive avec la ferme intention de te pousser à débattre de tes convictions. Comment le gérer ? Comme ça.

Chère toi, chère lectrice de madmoiZelle, je viens vers toi aujourd’hui avec une épiphanie.

Un moment de grâce que j’ai vécu récemment sur une terrasse mal chauffée, à 1h du matin, après quelques pintes de jus de bambou.

Laisse-moi te conter cette illumination.

Débattre du féminisme en soirée

Avant d’en arriver au vif du sujet, je pose le contexte.

Un jour, au bar, un pote de pote a ramené un de ses potes (tu suis ?). Jusque là pas de souci : plus on est de fous, plus on rit, et j’aime bien, parfois, rencontrer des nouvelles personnes.

Apprenant que je bosse chez madmoiZelle, le gars, que j’appellerai Jean, embraye DIRECT sur le féminisme et ses défauts.

Bon. Je me prête à la conversation. En soi, ça ne me dérange pas de débattre de mes convictions, je sais que le féminisme a parfois mauvaise réputation et qu’il est important d’en parler pour faire réfléchir les gens.

MAIS LE MEC. PUTAIN.

Il me tient la jambe pendant CENT HUIT ANS avec Marion Séclin, qui, je le rappelle, a été violemment harcelée après avoir publié sur madmoiZelle des vidéos au sujet du harcèlement de rue.

Le harcèlement qui a visé Marion venait en bonne partie d’une vidéo d’un youtubeur, le Raptor, qui a attiré vers elle une communauté haineuse déversant sur elle insultes, menaces et autres joyeusetés.

Donc on parle de Marion Séclin, de ses vidéos, je suis conciliante : oui, ok, certaines phrases étaient peut-être perfectibles, mais tu peux comprendre l’intention, la vie des femmes dans l’espace public n’est pas simple

La discussion dure, dure, dure, j’ai l’impression d’être face à une anguille. Le mec ne se remet jamais en question, ne cède pas un pouce de terrain, et change de sujet dès qu’il n’a pas l’avantage.

Bon, là ça commence à me soûler, je projette de lui dire qu’on a bien parlé mais que j’aimerais aussi causer aux autres personnes présentes.

Mais avant ça, Jean finit par me dire :

— Oh tu sais moi de toute façon j’ai jamais regardé les vidéos de Marion Séclin, je voulais juste me faire l’avocat du diable.

Les « avocats du diable », la pire engeance

Ce CONNARD m’a tenu la jambe pendant UN TEMPS FOU pour débattre d’un thème qu’il ne CONNAÎT PAS et au sujet duquel il n’a AUCUNE CONVICTION.

Je suis sur le cul. JE N’AI PAS CE TEMPS ! JEAN ! JE N’AI PAS TON TEMPS !

Bref. Je jure, mais un peu tard, qu’on ne m’y reprendra plus.

Car j’en ai soupé de ces « avocats du diable » qui exigent que je daigne débattre avec eux, au sujet d’un truc qui moi, me tient à cœur, et qui eux les laisse froids.

J’en ai marre de ces mecs qui pensent avoir droit à mon attention, comme si mon temps et mon énergie ne valaient rien.

J’en ai marre de ces lâches qui s’amusent à traiter l’égalité, le droit à ma sécurité physique et mentale, comme une simple opinion.

Bye Jean. BYE.

Débattre du féminisme, deuxième round

Je n’ai pas caché à mes potes que Jean m’avait quelque peu tapé sur le système, mais il a tout de même fini par se retrouver à la même soirée que moi, quelques mois plus tard.

Bon, pas grave. C’est pas MA soirée et il y a assez de monde pour que je l’évite si j’en ai envie.

J’ai tout de même prévenu mes deux copines présentes : ce mec est relou, il va essayer de débattre avec vous, ça n’a aucun intérêt, vous n’allez rien lui apprendre, et il va vous faire chier.

On dira pas que j’ai pas balisé le terrain, hein, mais une de mes amies se laisse néanmoins embrigader. Je la vois du coin de l’œil s’embourber dans une discussion animée avec Jean.

Je vérifie qu’elle passe pas un mauvais quart d’heure, elle me dit que non, qu’elle aime bien s’entraîner à défendre ses idées. Écoute, okay. Tant qu’elle subit pas le moment, ça me va bien à moi.

Mais Jean a fini par se lasser d’elle, et tel une tête chercheuse en quête d’une nouvelle cible, je l’ai vu pivoter vers moi. OH QUE NON.

Éconduire le relou qui veut débattre du féminisme

— Mymy ! Mymy, viens, on discute !

Les exclamations avinées de Jean m’ont râpé les oreilles. Et d’un coup, j’ai senti la moutarde me monter au nez.

Mais pour qui il se prend, ce mec, vraiment ? C’est quoi son problème ? Qu’est-ce qui lui donne l’outrecuidance de penser mériter mon temps ? De quel droit il OSE penser que je lui dois la moindre miette d’attention ?

C’est sorti tout seul, et je ne regrette rien :

— Jean, ça ne m’INTÉRESSE PAS de parler avec toi. Laisse-moi tranquille.

Ensuite, je l’ai ignoré. Nos potes en commun, connaissant son caractère et sa tendance à être relou, ne m’en ont pas tenu rigueur.

J’avais claqué la porte de mon esprit au nez de Jean. J’ai repris ma conversation avec un autre ami.

C’était si bien. Si calme. Si serein.

Tu ne dois ton temps à personne

Voilà, chère lectrice, mes tribulations face à Jean. Et ce qui n’est finalement qu’une anecdote dans ma vie m’a donné envie de te rappeler quelques vérités.

Tu ne dois ton temps, ton attention à personne. Forcer quelqu’un à débattre, ce n’est pas intéressant, c’est chiant. Tu n’es pas obligée de céder.

C’est ce que Clémence Bodoc dit dans son podcast bien-nommé Sois gentille, dis merci, fais un bisou : y en a marre d’être gentille. Y en a marre d’être bien élevée. Y en a marre d’être sage.

Surtout face à des gens qui te prennent pour un punching-ball mental sans considération pour tes émotions ou opinions.

Ton temps est précieux, ton énergie aussi. Fais-en bon usage. Et ne laisse pas les Jean de France et de Navarre t’en priver.

En espérant t’aider face au prochain « avocat du diable » que tu croiseras : je t’embrasse ! Si tu as d’autres techniques pour éconduire ce type de relous, dis-le moi dans les commentaires !

À lire aussi : Sauriez-vous garder votre calme face à une antiféministe ?


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Les Commentaires

36
Avatar de Lonicera
10 décembre 2020 à 08h12
Lonicera
J'ai vécu un truc similaire avec une thématique qui, pour le coup, n'a rien à voir avec le féminisme : le retour du loup dans les montagnes françaises.

Je suis saisonnière et travaille dans un jardin botanique dans les Alpes françaises. Plus précisément un fond de vallée bien reculée, où les gens sont bien bien fermés d'esprit et cons ^^ Un milieu très agricole aussi, et où le retour du loup est un sujet ultra touchy ...
Je bosse au jardin, le mec, la soixantaine, m'aborde. Déjà il me pose des questions ultra spécifiques sur les plantes, on dirait plus une interro surprise qu'autre chose. Pas de bol pour lui, j'ai de la répartie et lui réponds de manière plutôt satisfaisante. Du coup nouvelle stratégie : "Que pensez-vous du retour du loup ?" (Déjà quel rapport avec la flore de montagne mec ?! ^^).
Polie et sachant le sujet sensible dans la vallée, je liste les arguments pour et les arguments contre sans prendre parti. Et là, quand je dis au gars que le loup a sa place dans la nature tout autant que nous, j'ai droit à une réponse HALLUCINANTE :
"Le coronavirus aussi alors il a le droit de vivre si on vous écoute ? Oh bah oui il est joli ce virus laissons-le vivre !"
J'ai trouvé cet argument tellement ridicule que j'ai eu envie d'éclater de rire devant le type
Du coup j'ai acquiescé et fait "Oui oui vous avez raison" parce que je pars du principe qu'un mec capable de sortir une énormité pareille est irrécupérable ^^. Et je n'ai plus envie de perdre de l'énergie avec des cons qui de toute façon ne changeront pas d'avis quand bien même je leur présenterais les arguments les plus solides du monde.
Des fois faut juste laisser couler. ^^
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