Voir une femme de plus de 50 ans en couverture d’un magazine féminin, c’est rarissime. Et Sarah Jessica Parker ne le sait que trop bien, elle qui s’affiche en Une du Vogue étatsunien de décembre.
Les héroïnes de Sex and the City ont plus de 50 ans, ça fait du bien
Celle qui interprète le personnage de Carrie Bradshaw depuis 1998 dans la série Sex and the City, les films dérivés, et désormais le reboot And Just Like That, essuie de nombreuses critiques. Parce qu’elle a osé… vieillir et ne pas s’en cacher.
Mais c’est précisément ce qui rend ce reboot si intéressant en soi, parce que rare dans le paysage audiovisuel : il montre des femmes de plus de 50 ans qui se comportent comme elles l’entendent. Elles s’habillent comme elles veulent. Elles mènent une vie sentimentale et sexuelle encore active, voire trépidante.
Soit tout ce que l’âgisme (c’est-à-dire la discrimination structurelle à l’encontre des personnes âgées et du vieillissement) et le jeunisme (le culte de la jeunesse) pousse nos sociétés occidentales à ignorer, invisibiliser, voire mépriser.
Sarah Jessica Parker s’insurge contre le double-standard du vieillissement à l’écran
Forcément, l’annonce de ce reboot et ces premières images ont suscité de vives réactions, comme le raconte Sarah Jessica Parker dans la cover-story du Vogue de décembre :
« ”Il y a tellement de commentaires misogynes à notre encontre qui ne seraient. Jamais. Arrivés. Contre. Un. Mec“ dit-elle en ponctuant chaque mot d’un clap des mains. “Cheveux gris. Cheveux gris. Cheveux gris. A-t-elle les cheveux gris ?” Quand je suis assise en face de Andy Cohen [présentateur télé étatsunien] et qu’il a les cheveux complètement blancs, on le trouve exquis. Pourquoi c’est OK pour lui ? Je ne sais pas quoi vous dire les gens ! »
« Je sais à quoi je ressemble. Je n’ai pas le choix. »
Sarah Jessica Parker dénonce alors le double standard en matière d’âgisme, qui sévit beaucoup plus sévèrement à l’encontre des femmes que des hommes — patriarcat oblige. La majorité de la société a même tendance à considérer que ces messieurs, eux, se bonifient avec le temps…
Sarah Jessica Parker poursuit en évoquant également la violence de certains internautes qui s’expriment sur les réseaux sociaux, où l’on voit d’ailleurs encore moins de personnes âgées que dans la rue, ou d’autres médias populaires :
« Surtout sur les réseaux sociaux. Tout le monde a quelque chose à dire. “Elle a trop de rides, elle n’a pas assez de rides.” On a presque l’impression que les gens ne veulent pas que nous soyons parfaitement en accord avec qui nous sommes. Comme s’ils préféreraient que nous soyons peinées par ce que nous sommes aujourd’hui, qu’importe que nous choisissions de vieillir naturellement et de ne pas avoir l’air parfaites, ou que nous ayons recours à des interventions pour se sentir mieux.
Je sais à quoi je ressemble. Je n’ai pas le choix. Qu’est-ce que je vais faire ? Arrêter de vieillir ? Disparaître ? »
Sarah Jessica Parker, l’exception qui confirme la règle ?
On a beau pouvoir vouloir critiquer un énième remake d’un vieux succès plutôt que de laisser la place à de nouvelles oeuvres, toujours est-il qu’il est assez rare de voir des femmes de plus de 50 ans s’épanouir à l’écran. Et ça peut faire du bien à plein de gens !
À cet égard, And Just Like That offre donc une forme de représentation salutaire… Même si elle constitue une forme d’exception qui confirme la règle.
Supplément d’ironie, cette cover-story de Vogue avec une femme de 56 ans en couverture aussi peut sembler rare. En effet, Sarah Jessica Parker compte parmi les rares femmes de plus de 50 ans à être invitées en couverture de la presse féminine dominante.
Les femmes de plus de 50 ans ont beau consommer cette presse — et avoir en moyenne un pouvoir d’achat correspondant bien plus à ce qui y est proposé que les ados, vingtenaires et trentenaires — elles y restent étrangement invisibles.
Des recommandations anti-âge au conseils pour redynamiser son vieux mariage, c’est souvent à elles qu’on s’adresse… sans jamais les montrer pour autant.
De notre côté de l’Atlantique, c’est l’autrice et journaliste mode Sophie Fontanel, 59 ans, qui s’en insurgeait récemment. Dans le numéro d’octobre 2021 du Elle français, elle dénonce l’invisibilisation des femmes de plus de 50 ans ; pour illustrer son propos, elle pose même nue, en exception qui confirme une règle qu’elle s’efforce de dénoncer au sein même d’un magazine pourtant bâti dessus.
« Ces photos sont importantes car les femmes de mon âge (je déteste cette expression) pensent plutôt à se planquer. À poil, elles rasent les murs, en somme. Le souci constant du [Elle et de poser nue] était que tout cela ne me mette pas en difficulté, attirant sur moi des moqueries qui feraient que ce corps autrefois malmené se refermerait pour toujours. »
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Crédit photo de Une : © Vogue.
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Les Commentaires
autant, je n'y fait pas attention dans ma vie personnelle
Contrairement à Lunebrune, je sens moins de pression de la part de la société
les clichés que la société me renvoyaient de "la vieille" était celui de la femme chiante, égocentrique et exigeante... Une femme qui a l'outrecuidance de vivre pour elle-même sans se soucier du qu'en-dira-t-on
les autres femmes, plus discrète disparaissent en effet du paysage...
Aujourd'hui, j'ai 1/2 siècle. Ça y est, je fais partie des vieilles : j'ai officiellement le droit d'être chiante et exigeante
je sais ce que je veux, ce que je ne veux pas
j'ai appris à dire non sans justifier les raison de mon refus
j'ai appris à réserver du temps pour moi toute-seule
je me contrefiche de mes cheveux blancs, de mes rides, je ne me sens pas définie par mon apparence
Croyez-moi sur parole : vieillir ça peut être cool