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Poussez Madmoizelle

« Quand j’ai perdu les eaux, c’était un raz-de-marée » : Clarisse raconte son accouchement

Ah, l’accouchement. Ce moment si spécial, flippant et transformateur. Parfois rêve, parfois cauchemar, souvent un peu des deux… Chaque semaine, dans Poussez Madmoizelle, une personne raconte son accouchement.

Cet article fait suite au témoignage de Clarisse sur ses difficultés à tomber enceinte et son parcours de PMA, en étant atteinte d’endométriose. Vous pouvez trouver la génèse de sa grossesse ici !

Prénom : Clarisse

Âge : 32 ans

Bébé attendu le : 16 avril

Bébé arrivé le : 20 avril

Stats : 3,9 kg, 52 centimètres

J’ai découvert que j’étais atteinte d’endométriose quand mon conjoint et moi avons commencé à essayer de faire un enfant. Un diagnostic qui a été très difficile à vivre, comme je l’ai raconté précédemment, mais qui m’a permis de débuter un parcours de PMA.

Je suis tombée enceinte grâce à une FIV, du premier coup, et après ces années de rendez-vous médicaux et de moral au plus bas, mon compagnon et moi avons accueilli la nouvelle avec une joie immense ! Nous étions aux anges, et avions hâte de devenir parents.

Un changement de suivi à cause de l’endométriose

À part une frayeur les premières semaines, ma grossesse s’est très bien passée.

J’ai été suivie dans le même hôpital que celui où l’on m’avait aidée à tomber enceinte, jusqu’au 5e mois environ : ce jour-là, le médecin nous a annoncé que nous allions devoir changer d’hôpital, et prévoir d’accoucher ailleurs.

On nous a en effet expliqué qu’en cas de césarienne d’urgence, les lésions endométriosiques pouvaient être trop difficiles à gérer pour les équipes et le matériel en place, et on nous a recommandé trois autres hôpitaux (je vis à Paris, l’offre y est certainement plus riche qu’ailleurs) en mesure d’effectuer mon suivi.

Ma grossesse a été suivie de près

Moi, je voulais un accouchement naturel : mon but, c’était de pouvoir accoucher sans péridurale, et d’avoir accès à une salle nature avec des bains, et tous les objets dont je pourrais avoir besoin. Je voyais régulièrement une sage-femme spécialisée dans les accouchements naturels, et je faisais de l’haptonomie pour préparer l’arriver de mon bébé…

En bref, je mettais toutes les chances de mon côté pour avoir l’accouchement de mes rêves, pour qu’on m’annonce finalement que mon accouchement serait certainement médicalisé. Cette annonce fut une vraie déception.

Dans l’hôpital que j’ai choisi, ma grossesse a été suivie de très près. J’avais un rendez-vous par mois, ce qui me donnait un peu l’impression de passer ma vie chez le médecin, mais qui m’a aussi permis de suivre chaque évolution de mon bébé ! Le personnel était incroyable, et je me suis sentie très en confiance.

Les douleurs de l’endométriose pendant la grossesse

À 6 mois de grossesse, j’ai appris que je faisais du diabète gestationnel, et j’ai dû adopter un régime alimentaire très strict pour le gérer. Et puis, il y avait les conséquences de l’endométriose : on m’avait enlevé un ligament utérosacré atteint par des lésions et son absence créait de l’inconfort, j’avais des douleurs liées à l’endométriose au niveau des ligaments, j’ai eu assez mal au ventre…

J’ai même eu le Covid pendant cette période… Mais j’ai pris sur moi. Le plus important, c’était mon bébé et sa présence. Par ailleurs, la médecin qui me suivait m’a accompagnée avec un grand soin, et a lu avec moi mon projet de naissance pour m’expliquer ce qu’il était possible de faire ou pas.

Un personnel médical à l’écoute

Surtout, elle a été très respectueuse de mes choix, notamment celui d’éviter les touchers vaginaux.

Car dans l’année qui a précédé ma grossesse, entre les ponctions, les échographies, les examens, les rapports sexuels en période d’ovulation pour essayer de tomber enceinte, la FIV… On avait introduit tellement de choses dans mon corps que je n’en pouvais plus. Maintenant que mon bébé était là, je ne voulais plus que quoi que ce soit rentre à l’intérieur de moi. Et cela, la médecin qui me suivait l’a compris. Quand il a fallu faire un prélèvement vaginal pour vérifier la présence ou non d’une maladie, elle m’a laissée le faire moi-même, toute seule.

J’ai été très soutenue et écoutée. À cause du diabète gestationnel, mon bébé était très gros et on m’a proposé de déclencher l’accouchement, ce que j’ai refusé. Je voulais vraiment que mon accouchement soit le plus naturel possible, et j’avais peur que le long travail d’un accouchement déclenché me fatigue, et m’empêche de faire sans péridurale.

L’attente de l’accouchement

À 40 semaines de grossesse, je n’avais toujours pas accouché. À deux reprises, on m’a proposé un rendez-vous pour déclencher mon accouchement manuellement et à deux reprises, l’hôpital a annulé car la maternité était complète.

Moi, j’étais ravie de ces annulations : je ne voulais pas être déclenchée ! Mais le lundi suivant, mon médecin m’a appelée pour me dire :

« Vendredi, vous serez à 41 semaines et je ne serai pas sur place. Avec un diabète gestationnel, à 41 semaines, le protocole de l’hôpital, c’est d’accoucher par césarienne et je ne pourrai pas l’empêcher. Mais je connais votre projet de naissance, je sais que ce n’est pas ce que vous voulez… Donc venez à la maternité maintenant. »

J’ai fini mon jardinage — qui a été ma grande occupation pendant ma grossesse, planter des graines et faire pousser des choses, on peut y voir le symbole qu’on veut ! — et je me suis rendue à la maternité.

Un accouchement déclenché

C’est là que mon médecin a déclenché mon accouchement manuellement, à 19 heures.

À 21 heures, mon col de l’utérus était dilaté à deux centimètres. Elle m’a conseillé de rentrer chez moi le temps que le travail se mette en place.

J’avais vu une doula qui m’avait enregistré des séances d’hypnose que j’avais préparées, et quand j’ai commencé à avoir des contractions, vers 23 heures, je me suis mise dans mon bain avec mon hypnose, et j’ai contracté.

Aux alentours de 4 heures du matin, une amie à qui j’envoyais des messages m’a ramenée à la réalité : j’avais des contractions toutes les trois minutes, il était temps que je me rende à l’hôpital ! Mais j’étais tellement anxieuse à l’idée d’aller à l’hôpital, que les choses ne se passent pas comme je l’avais prévu, que je doive faire appel à une péridurale… Je crois que je faisais un peu traîner tout ça, en espérant que mon bébé arrive tout seul.

Nous nous sommes donc rendus à la maternité avec mon conjoint, en prenant les paris sur le trajet : j’étais sûre que j’étais dilatée de 6 centimètres. En arrivant, nous avons vu la sage-femme qui nous a dit :

« Vous êtes ouverte à deux centimètres. »

Comme en partant.

J’ai fini par demander une péridurale

À ce moment-là, je me suis mise à pleurer. J’étais épuisée d’avoir eu des contractions toute la nuit, alors que mon col de l’utérus n’avait pas bougé. Je n’en pouvais plus, et j’ai demandé une péridurale.

L’anesthésiste et la sage-femme étaient super. Après la péridurale, j’ai dormi deux heures, et quand je me suis réveillée, il était environ 10 heures du matin, et j’ai accouché à 13 heures !

On avait prévu une tisane pour me redonner l’énergie que j’ai pu siroter pendant l’accouchement, de la musique (j’ai accouché sur du Mozart !)… Tout s’est très bien passé. J’ai perdu les eaux sur la table d’accouchement, et le raz-de-marée m’a surpris : je ne m’attendais pas à voir une vague sortir de l’intérieur de mon corps !

Un souvenir merveilleux

Au final, mon accouchement n’a pas été naturel du tout : j’ai réagi très fort à la péridurale, et je n’avais plus aucune sensation dans les jambes. Du coup, je n’ai pas pu choisir ma position, et je suis restée en position gynécologique.

Mon conjoint a pu beaucoup participer à l’accouchement, et le personnel m’a accompagnée dans ce moment. Nous avons accueilli notre bébé en l’appelant par son prénom, en l’encourageant : c’était un super moment, et nous en gardons un souvenir incroyable.

À 13h25, c’est mon partenaire qui a sorti le bébé et l’a posé sur mon ventre. On a demandé un clampage tardif du cordon qui a été accepté, et c’est lui qui l’a coupé. Nous avons beaucoup pleuré de joie, ce jour-là.

Raz-de-maree-accouchement
(© Pexels/Pixabay)

Les suites de l’accouchement

La maternité, à l’inverse, a été assez horrible. C’était très protocolaire : toutes les deux heures, des professionnels pénètrent dans votre chambre pour vérifier que tout va bien, que votre bébé a la bonne température, mange et fait ses besoins.

Mais moi, j’étais dans un état de fatigue pas possible, presque hallucinatoire. Mon bébé dormait la journée, quand mon mari venait me voir, et la nuit, il tétait presque sans s’arrêter… sauf que pendant ce temps-là, je n’avais pas le droit de dormir : la maternité interdisait de dormir dans le même lit que son bébé — donc de dormir en allaitant — et j’avais déjà fait les frais de quelques réflexions sévères.

Les médecins, sages-femmes et autres professionnels étaient très bienveillants mais ne se rendaient pas compte de l’épuisement qu’ils généraient par leur passage. Par ailleurs, l’alimentation proposée par l’hôpital était très éloignée de tout ce que j’avais lu, et des recommandations de l’OMS : on nous dit d’éviter les excitants, l’hôpital ne sert que du thé ou du café, on nous dit d’éviter le gras, on nous sert des plats en sauce… le personnel n’était pas formé à l’allaitement et j’étais tellement stressée que je n’avais pas de montée de lait.  

Un retour très attendu

De manière générale, on ne m’a proposé dans cette maternité que des options qui étaient à l’inverse de mes valeurs, ce qui a été une source de souffrances. Et quand je me suis mise à pleurer, parce que le cadre me paraissait violent dans un contexte où j’étais aussi vulnérable, on m’a envoyée la psychologue de l’hôpital, qui m’a demandé ce qui n’allait pas… Mais ce qui n’allait pas, c’était cette maternité ! 

Quand j’ai enfin pu rentrer chez moi, tout s’est beaucoup mieux passé.

Mes difficultés à allaiter se sont envolées, et mon conjoint et moi avons pu vivre au rythme du bébé, et des plats que nous avions congelés d’avance en prévision de cette période. Nous étions dans notre petit cocon tous les trois, jusqu’à une nouvelle mésaventure : les lochies que je perdais montraient des signes d’infection de l’utérus.

J’ai fini, une semaine après mon accouchement, à devoir attendre 4 heures aux urgences avec de la fièvre et des douleurs utérines horribles. À cause du Covid, mon mari et mon bébé ne pouvaient patienter avec moi, et j’ai dû aller l’allaiter dans le parc, en face de l’hôpital, sans savoir si ma place serait donnée à quelqu’un d’autre ou non. Cette infection de l’utérus a été confirmée, et j’ai été mise sous antibiotiques.

Tout ça a été très loin d’un parcours tranquille ! Mais aujourd’hui, mon bébé a 11 mois et je suis très heureuse. Il va bien, nous aussi, et tout ça est derrière nous. D’ailleurs, je continue d’allaiter mon bébé et n’ai pas mes règles… Et donc, pas d’endométriose !

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Photo de une : © Luma Pimentel / Unsplash


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Les Commentaires

6
Avatar de Samsayonara
12 juillet 2022 à 13h07
Samsayonara
Quand l'endométriose se limite à l'utérus, cela s'appelle de l'adénomyose. L'endo, ça peut s'étendre jusqu'au ovaires, et des organes adjacents - je n'ai pas de liste exhaustive . Moi, j'ai de l'adénomyose, c'était déjà l'enfer. Pour le moment, j'ai une pilule qui simule la ménopause dans l'espoir d'"assécher" le bordel, et réduire la paroi. Sinon ce sera l hystérectomie.Moi qui était complètement contre les hormones... j'ai dû intégrer que j'aurai cette pilule jusqu'à l'âge de la ménopause. Le truc cool dans l'histoire, a pu du tout de règles, et j'ai la paix au niveau du SPM. Finies les jambes gonflées 8 jours par cycle, et la déprime prérègles.
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