Initialement publié le 12 octobre 2006
Pas toujours facile de prendre la parole en public. Que ce soit pour un exposé, un oral, une présentation de projet… On est souvent tendu•e, stressé•e. Comment font-ils/elles, ceux et celles pour qui l’exercice semble si naturel ?
Eh bien justement, ils/elles s’oublient un peu au profit de ce qu’ils/elles ont à dire, au profit de leur public, aussi. Explications.
La bonne approche
Souvent, à l’approche d’une intervention en public, on a tendance à se préparer en étant très tourné•e vers soi. On imagine l’impression qu’on va donner, ce qu’il va falloir qu’on fasse, mais on ramène tout à soi. Et ce faisant, on se ferme au lieu de se tourner vers l’extérieur.
Or, en étant dans sa bulle, comment réussir à vraiment « parler » à un public ? À faire passer des idées à celles et ceux qui vont t’écouter ? Si tu pars en te focalisant sur toi, ton auditoire va le ressentir.
Tu ne vas pas forcément te planter, mais les choses passeront moins bien, tout simplement parce que tu sembleras plutôt hermétique, ou du moins pas très à l’aise. Mets-toi à la place de celles et ceux qui assistent à ta prise de parole : tu écouterais vraiment un mur parlant, toi ?
Le mieux c’est, au contraire, de partir des attentes de l’autre. En d’autres termes, se concentrer sur la raison de notre intervention, ses objectifs, et sur ce que le « public » peut en attendre. Envisager les choses comme ça, c’est se donner la possibilité de vraiment « communiquer »… et pas seulement débiter un monologue.
Les bonnes questions
Concrètement, cela passe par une série de questions à se poser avant même de te pencher sur le contenu de ta future intervention.
Le principe est de visualiser les attentes de ton public et les résultats attendus : au lieu de se demander uniquement « Qu’est-ce que je vais devoir présenter ? », il vaut mieux se dire « Je veux que les gens aient compris quoi à la fin de mon intervention ? Je veux qu’ils fassent quoi ensuite ? » (quelle réaction ? quelle décision ? etc.).
Se projeter de cette façon permet tout d’abord de rester « souple », de se donner les moyens de bien réagir aux imprévus, aux objections, aux critiques. Certes, tu t’es imaginé une destination à atteindre, mais tu te laisses libre de choisir le chemin à emprunter en fonction des conditions du jour.
N’oublie pas que le but est de faire passer des messages. Et pour y arriver, ce qui va compter, c’est la relation que tu vas nouer avec l’autre. Donc penser à lui/elle avant de commencer… c’est tout de même essentiel.
Une fois cette étape franchie, tu pourras construire un contenu (des idées à avancer, l’ordre, la mise en forme, etc.) mieux adapté à la situation, donc plus susceptible de faire mouche.
- Ralentis !
Par conséquent : ra-len-tis. Ce sera plus agréable pour ton public et ce sera aussi bénéfique pour toi.
Concernant la forme de ton intervention (qui souvent, prime sur le fond), il y a un grand impératif à garder en tête : ne pas aller trop vite ! Sous l’effet du trac, on a en effet tendance à parler plus vite que d’habitude, sans même s’en rendre compte.
Or, écouter quelqu’un qui parle vite, c’est difficile : il faut se concentrer pour ne pas manquer l’information et on finit souvent par ne plus être réceptif•ve du tout. Par conséquent : ra-len-tis. Ce sera plus agréable pour ton public et ce sera aussi bénéfique pour toi.
Un exemple tout simple : quand on prend le temps de parler, quand on se ménage des pauses, on a le temps de se reprendre en cas de trou de mémoire. Si on adopte un débit de mitraillette, l’opération risque d’être plus difficile, ou du moins beaucoup plus visible…
Enfin, si le stress accélère la parole, à l’inverse, un rythme de parole plus mesuré permet de se sentir plus détendu•e.
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- Prépare-toi des repères
Pour pouvoir t’y retrouver en cas d’interruption ou de trou de mémoire, prépare-toi des fiches. Notes-y le plan, les principales idées, quelques mots-clés et exemples, bref, tout ce qui peut te servir de balises en cas de besoin.
Mais attention ! Oublie la fiche entièrement rédigée : en cas de panne, elle n’est pas assez « visuelle » pour que tu puisses reprendre le fil de tes idées. Une vraie fiche doit être un repère permettant une certaine souplesse : tu peux bouleverser l’ordre de ta présentation, t’interrompre, tu retrouveras tout de même tes idées.
- Va chercher l’autre
Pour capter l’attention de ton public, pour qu’il te suive, il faut lui parler vraiment. Ça passe par le regard, mais aussi par la façon dont tu parles : projette tes mots au lieu d’être tourné•e vers toi. Cette technique permet à l’auditoire d’entrer plus facilement dans ton discours, dans ta logique.
Tu lui donnes des points auxquels s’accrocher pour te suivre, tu l’inclues dans ce que tu dis. Sans cela, il risque de devoir faire trop d’efforts pour pouvoir te suivre.
Le cas Powerpoint
Ah, le Powerpoint… un allié plutôt pratique qui permet de projeter des « diapositives » préparées par ordinateur lors de tes interventions. Son but est de servir de repère à ton auditoire, d’illustrer ton discours par de l’image, des schémas, etc. Une sorte de fiche commune qui doit t’aider à te faire comprendre et aider le public à suivre.
Sauf que. Sauf que beaucoup l’utilisent un peu n’importe comment, par exemple en surchargeant les fameuses diapos de texte, de couleurs et de schémas au risque de perdre (et endormir) l’assistance. Par conséquent, si tu l’as conçu comme un calque de ton discours… mieux vaut te passer de Powerpoint.
Si on intervient à l’improviste
L’idée est d’inclure ton public dans ton intervention pour instaurer une ambiance de collaboration.
Il arrive qu’on nous demande de prendre la parole totalement à l’improviste. Pas la peine pour autant de se consumer sur place, car là encore, il y a quelques branches auxquelles se raccrocher. L’une d’elle est tout simplement de prendre quelques précautions oratoires au moment de commencer à parler.
On te demande de t’exprimer sur un sujet que tu n’as peut-être pas eu le temps de préparer ? N’hésite pas à le rappeler à ton auditoire pour bien cadrer les choses. Attention : ça ne veut pas dire baragouiner des excuses du type « Euh… Je m’excuse de vous demander pardon pour ce que je vais dire… j’ai rien préparé ».
Il s’agit plutôt de présenter ce que tu vas dire comme un travail en cours, une proposition à améliorer ensemble, pour éviter d’adopter un ton péremptoire qui t’attirera immédiatement des critiques.
- Exemple de phrases « airbag » :
« (…) Sachant que je ne connais pas toute la problématique… »
« Sous réserve d’informations que je n’ai pas pour le moment… »
« J’ai une idée sur le sujet, mais ce que je propose est vraiment modifiable. »
« Voilà ce que je propose, mais je parle totalement sous votre contrôle là. »
L’idée est d’inclure ton public dans ton intervention pour instaurer une ambiance de collaboration (« C’est seulement une proposition, peut-être à revoir complètement ensemble »), et pas d’agression (« Voilà ce qu’il faut faire »).
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Si on intervient en groupe
Autre cas particulier : les interventions en groupe. Un sujet parfois sensible, puisqu’il s’agit de décider qui va faire quoi, qui va dire quoi et à quel moment. Pour que tout se passe au mieux, sachez vous spécialiser et répartir les tâches en fonction des compétences et préférences de chacun.
Mettez-vous d’accord pour donner à celui ou celle qui est le/la plus à l’aise du groupe le rôle de « secours » de l’équipe, celui ou celle qui, parce qu’il/elle improvise facilement, pourra prendre le relais en cas de trou de mémoire, d’incident technique, etc.
- Exemple : les moins à l’aise à l’oral peuvent se charger de la présentation des documents techniques ou des supports visuels (statistiques, courbes, Powerpoint, etc.). Vous pouvez même jouer sur la complémentarité entre votre M. Loyal (le personnage à l’aise) et votre M. Tournesol (celui qui l’est un peu moins).
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En cas de pépin technique
L’humour est un bon antidote. Un trou de mémoire ? Un appareil qui plante ? Un micro qui te lâche ? Pas la peine d’essayer de dissimuler : tout le monde voit bien qu’incident il y a, donc le cacher ne fait que le rendre plus visible… et te rendre ridicule.
Au contraire : joue de ton malheur. Sors un trait d’humour, instaure une complicité avec le public : plus tu optes pour la transparence, plus tu assumes, mieux tu t’en sortiras.
En cas de remarque négative
On a beau rêver de standing ovations, il arrive que dans la salle, on émette des critiques après ton intervention. Si c’est le cas, surtout n’essaie pas de te justifier : même avec les meilleurs arguments du monde et la raison avec toi, tu ne réussiras qu’à te mettre en position de faiblesse et à te décrédibiliser.
Si on te fais remarquer un point de faiblesse, une faille à combler, dis simplement que tu vas t’en occuper, utilise au besoin l’humour pour faire une petite pirouette, mais ne confonds pas humilité et sacrifice de ta crédibilité.
Pour conclure, comme dans le cas d’un entretien, rappelle-toi que prendre la parole en public, c’est souvent une occasion d’échanger, d’instaurer une complicité. Alors profites-en pour jouer, au lieu de lever le bouclier…
Allez, maintenant tu as toutes les clefs en main pour gérer ton oral/exposé voire ta présentation de mémoire d’une main de maître, alors y a plus qu’à foncer !
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Les Commentaires
Maintenant, je n'ai plus aucn problème, donc pas lu l'article. Dans mon école, TOUT est à l'oral, même les examens de fin de semestre, les conférences, tout, on a même des amphis de débat, alors je pense que si j'avais un problème avec ça, je ne serais pas là !