James Bond cristallise bien des débats autour des questions de représentation, d’inclusivité et de male gaze. Cette fois, c’est au tour d’Ana de Armas d’y prendre part.
« Voler » un personnage pour le « féminiser » ?
Habituée des rôles d’agente surentraînée dans les plus gros blockbuster d’action, Ana de Armas s’est notamment illustrée dans Mourir peut attendre.
Elle y incarnait Paloma, une agente de la CIA aux côtés de Daniel Craig. Un rôle devant lequel on s’est surprises à rêver : plutôt que de continuellement assister James Bond et rester au second plan, aurait-elle pu l’incarner ?
Dans un entretien pour le magazine The Sun publié le 19 juillet, l’actrice a déclaré être contre cette idée, en affirmant : « Il n’y a pas besoin d’une femme James Bond. Il ne devrait pas y avoir besoin de voler le personnage de quelqu’un d’autre pour le féminiser. »
Valoriser les personnages féminins
Si James Bond brille régulièrement par son sexisme et ses normes de genre atrocement ennuyeuses, Ana de Armas a expliqué que ces choix de représentation renvoyaient à l’imaginaire du personnage principal :
« Les romans nous entraînent dans tout un monde de fantasmes dans lequel gravite James Bond. Par conséquent, ce que j’aimerais, c’est que les rôles féminins dans les films 007 soient mis en scène différemment. Il faut qu’on leur donne plus de substance et une vraie reconnaissance. Ça me semble plus intéressant que de renverser les choses. »
En 2021, une autre actrice de la saga avait exprimé un avis qui éclairait bien davantage le pouvoir de l’industrie sur ces questions. Lashana Lynch, interprète racisée de 007 affirmait ainsi dans les colonnes de The Guardian :
« Nous sommes à une époque où l’industrie ne se contente pas de donner au public ce qu’elle pense que le public veut. En fait, elle donne au public ce qu’elle veut lui donner. Bond pourrait être un homme ou une femme. Ils pourraient être blancs, noirs, asiatiques, métis. Ils peuvent être jeunes ou vieux. À la fin de la journée, même si un enfant de deux ans jouait à Bond, tout le monde affluerait au cinéma pour voir ce que cet enfant de deux ans va faire, non ? »
À lire aussi : Comparée à Zendaya, l’actrice Keke Palmer recadre les choses sur le colorisme
Crédit de l’image à la Une : © 2021 DANJAQ, LLC AND MGM. ALL RIGHTS RESERVED.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Il paraît que le nom d'Emily Blunt avait circulé pour être la prochaine James Bond, je pense que ça aurait grave eu de la gueule.
James existe comme prénom féminin en anglais (je crois que c'est le nom de la fille de Blake Lively par exemple).
Lucy Liu a bien fait une Dr Watson, coloc femme de Sherlock dans Elementary.
Je trouve que James Bond est un perso tellement patriarcal qu'il faut de toute façon absolument revoir cette franchise de fond en comble pour qu'elle soit enfin en phase avec le XXIè siècle. Faire une James Bond femme serait une bonne manière de ne pas retomber dans les mêmes clichés sexistes.
Si la personne qui remplace Daniel Craig est un homme j'espère au moins que ce sera pas encore un homme blanc, ou au moins que son personnage sera pas cis et hétéro, et que l'intrigue ne sera pas une foire à la masculinité toxique.
Mais c'est dur de faire un film d'action sans masculinité toxique. Je trouve que les derniers films DC ont fait beaucoup d'efforts à ce sujet : Birds of Prey est un film d'action orienté female gaze (je le recommande à 200% !) ; le dernier Suicide Squad (celui de 2021) tourne beaucoup en dérision le virilisme et fait triompher l'empathie sur la force brute dans une certaine mesure (j'essaie de ne pas être trop précise pour ne pas spoiler l'intrigue mais je le recommande aussi, c'est un bon divertissement).
En gros je veux dire qu'il ne suffit pas de juste remplacer Bond homme par une Bond femme pour faire un film antipatriarcal. Des femmes badass qui tabassent tout le monde on en a déjà vu plein (Lara Croft, Sydney Fox, Trinity dans Matrix... c'est pas nouveau).
L'enjeu c'est arriver à faire du ciné d'action antipatriarcal et anti masculinité toxique et c'est avant tout ça que j'espère du prochain Bond