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Psycho

Téléphoner, c’est votre phobie ? Vous êtes loin d’être seule !

Le fait de passer un appel vous donne des sueurs froides et des montées d’angoisse ? La peur de téléphoner est un problème que bien des personnes partagent… D’où vient cette drôle de phobie ?

Publié le 9 mars 2016

Qu’est-ce que la peur de téléphoner ?

La peur du téléphone, ce n’est pas du tout la même chose que la peur de perdre son téléphone, ou la nomophobie, doux nom qui désigne « la peur d’être déconnecté ».

Non, la peur du téléphone, c’est l’angoisse des appels téléphoniques, que l’on parle d’appeler, d’être appelée ou de laisser un message vocal. Et apparemment, c’est un truc de jeunes. Vos parents, eux, n’ont pas peur du téléphone.

Nous, nous sommes des êtres de paradoxe : incapables de passer une journée sans le smartphone à portée de pouces, mais pas non plus rayonnantes de joie quand on reçoit un appel !

C’est aussi très typique des générations Y (nés depuis le milieu des années 80) et Z (depuis les années 2000) habituées à des formats plus ludiques de communication, comme WhatsApp.

La peur de téléphoner : d’où ça vient ?

Selon Catherine Lejealle, sociologue spécialiste du digital et professeure à l’ISC Paris, l’appel téléphonique est souvent vécu comme une intrusion car il interrompt l’activité en cours.

Il ne s’insère pas toujours bien dans l’emploi du temps de chacune, d’où le fameux « Tu es où ? Je ne te dérange pas ? » en préambule de l’appel pour s’assurer que les conditions de la conversation sont réunies.

D’autant plus qu’il existe aujourd’hui de nombreux outils pour éviter cette interruption qui fragmente l’activité.

La réponse à cette intrusion ? L’asynchronisme des échanges, c’est-à-dire faire une réponse de son côté et attendre que l’interlocuteur ait le temps de faire de même, est pour la sociologue une solution toute trouvée. Catherine Lejealle explique :

« C’est montrer du respect pour l’emploi du temps de l’autre et accepter qu’il y a parfois un meilleur temps de réponse que celui que l’appel veut instaurer ».

Même s’il arrive également que le timing soit idéal pour échanger…

C’est aussi très typique des générations Y (nés depuis le milieu des années 80) et Z (depuis les années 2000) habituées à des formats plus ludiques de communication, comme WhatsApp.

Ces générations, nous donc, ont en quelque sorte perdu une compétence pour en gagner une autre : celle du format narratif court, en images ou en vidéo. La sociologue poursuit :

« Finalement, c’est un format qui permet beaucoup de liberté et d’indépendance, et aussi plus de recul. L’écran peut désinhiber et inviter à plus de confidences. Sans compter qu’il est parfois possible de répondre à un SMS ou un email (pendant une réunion, dans les transports…) sans pour autant être disponible pour un appel. On est donc plus efficaces ! »

Cette tendance pourrait donc s’installer dans la durée, grâce aux possibilités technologiques : SMS illimités, applications de communication en groupe, Internet mobile, autocorrect des mobiles plus performants… Autant de formats qui ouvrent de nouvelles possibilités plus respectueuses de la personne, tout en apportant efficacité et lien social.

Donc si vous aussi, vous êtes flippée des appels, pas de souci : vous êtes l’avenir de la communication !

Au pire, il n’est pas interdit de préparer les 3 ou 4 premières phrases dans sa tête pour vous présenter, dire pourquoi vous appelez et tout le toutim !

La phobie des appels téléphoniques : très courante chez les timides

Ce qui revient souvent dans les conversations, c’est le fait qu’au téléphone, on ne peut pas préparer ses idées, les organiser et les présenter comme on le voudrait, parce qu’on en a pas le temps, et qu’il est impossible de se relire.

On est donc dans l’improvisation la plus totale et si certaines excellent dans ce domaine, ce n’est pas le cas du commun des mortelles, réduites à un état de timidité.

Entre deux bafouilles, on peut quand même se souvenir que finalement, il ne s’agit que d’une conversation, et que vous comme moi, on est capables d’en avoir depuis cet âge béni où on était « une grande » à l’école.

Ouais. Enfin, sauf que des conversations pro ou juste des appels à des professeurs, on n’en avait pas tous les jours non plus et que c’est surtout là que le bât blesse (j’aime les expressions de derrière les fagots, que voulez-vous).

En fait, on va souvent se faire une montagne d’une taupinière (décidément) alors que le plus dur, ça reste de passer le point de patinage et après tout roule.

Au pire, il n’est pas interdit de préparer les 3 ou 4 premières phrases dans sa tête pour vous présenter, dire pourquoi vous appelez et tout le toutim !

L’arme anti-panique : faire une petit liste à puces sur un carnet pour éviter la panne inopinée quand vous aurez besoin de votre antisèche.

Ça évitera les oublis (ainsi que le rappel gênant, en mode « avec la pièce-jointe c’est mieux ») et vous aurez quelque chose auquel vous reporter si vous vous embrouillez un peu !

Évidemment, si c’est vous qui recevez l’appel, toutes ces astuces sont à jeter à la poubelle ! Dans ce cas-là, je vous invite à maudire silencieusement l’inventeur du téléphone, ou —plus efficace— à ne pas répondre… pour rappeler immédiatement, comme si vous n’avez pas eu le temps de décrocher.

Le coup de fil, en vicieux qui se respecte, ne laissera pas de traces et pourra après avoir raccroché paraître flou.

Les personnes désorganisées sont stressées de téléphoner

On va pas se mentir, un e-mail c’est bien au chaud dans votre boîte de réception, et du coup ça l’est aussi dans votre tête.

Si vous n’avez pas de réponse, que ce n’est pas clair, ou qu’il faut que vous fassiez quelque chose d’urgent, le mail est votre ami. Alors que le coup de fil, en vicieux qui se respecte, ne laissera pas de traces et pourra après avoir raccroché paraître flou.

Disons que si vous avez un boss qui vous envoie un email « faites ça s’il vous plaît », ce sera tout de suite plus facile à suivre comparé à un échange à base de « ah, et il faudra que vous fassiez le truc, vous savez, avec Tom » (QUEL EST CE TRUC ?) (QUI EST TOM ?) (À QUI JE PARLE ?).

Femme-telephone-phobie-peur

Oui, parce que les autres aussi sont en impro totale au téléphone et feraient parfois mieux de se faire une liste de points à aborder…

Parfois, c’est même plus drôle (un peu comme de voir Fight Club pour la première fois en commençant par la fin) : vous tombez sur la messagerie.

Bon la #TeamMessageVocal apprécie sans doute, mais c’est encore plus difficile d’être concise et efficace quand vous vous dites que vous avez environ une minute pour tout résumer, sans oublier de donner votre numéro… Alors que tout le monde sait très bien qu’il y a une touche rappel, boudiou !

Après, vous avez aussi l’appel pourri où vous ne comprenez rien parce que votre interlocuteur a eu la merveilleuse idée (non) de téléphoner depuis un tunnel en béton, entouré de vaches (cherchez pas, de toute façon il vous appelle, c’est donc forcément un zozo), ou vos parents, les seules personnes décentes à vous appeler.

Et si vous êtes hype, vous avez peur parce que vous travaillez dans une boîte avec des « partenaires internationaux », ou parce que vous étudiez à l’étranger… et que passer un appel en allemand, c’est dur. La solution : contre-attaquer ! En communiquant le plus possible par mail, textos et autres supports écrits, vous instaurez une dynamique qui va encourager la personne à vous répondre par le même biais.

Bon, clairement si l’autre veut juste s’embrouiller avec toi, il/elle vous appellera à un moment donné, et c’est un peu pareil avec les clients ou patronnes remontées, mais dans l’ensemble vous éviterez le gros de l’obus.

Pour qu’on vous appelle, il faut forcément qu’il se passe un truc important, grave, ou chiant.

Téléphoner n’est plus la norme

Avec le numérique, le téléphone a en partie remplacé le courrier, surtout pour les trucs relou : publicités, démarches administratives, les oncles et tantes au 3ème degré à qui vous n’avez rien à dire, et les mauvaises nouvelles.

Pour qu’on vous appelle, il faut forcément qu’il se passe un truc important, grave, ou chiant, un peu comme ce courrier recommandé souvent porteur de reloutise. Et c’est la même chose quand c’est vous qui appelez.

https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/249488759&color=ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false

Comme le dit Daz dans l’épisode de Studio404 qui retourne le sujet de la peur du téléphone dans tous les sens (à partir de 57 minutes, allez-y, c’est bien je vous dis) :

« Personne ne t’aimera assez pour t’écrire en recommandé. »

Du coup, c’est pas de la faute du téléphone, mais tout comme on veut tuer le messager qui nous apporte la mauvaise nouvelle, on voudrait bien filtrer les appels désagréables. 

Sans compter qu’un appel téléphonique, c’est le genre à s’imposer. Vous êtes en train de finir le niveau 132 de Candy Crush pépouze, et bim ! Vous recevez un appel. Tout s’arrête. Là où une petite notification en haut de l’écran aurait suffi, votre smartphone considère qu’ignorer une information de cette importance n’est pas envisageable.

Il est donc hors de question que vous fassiez quoi que ce soit d’autre pendant que vous recevez un appel. Et mine de rien, cette façon de faire ne correspond pas à la façon dont nouléjeunes percevons le téléphone, et est très intrusive.

Un peu comme si vous étiez aux toilettes et que votre pote rentrait dans la pièce pour commencer à vous taper la discute ! Ce mode « monotâche » de l’appel, ce n’est pas trop ma came, au contraire : j’aime bien être multitâches et gérer plusieurs trucs en même temps.

Au nom de quoi le téléphone devrait-il être prioritaire sur le reste ? En est-on vraiment à un point où il est impossible d’envisager d’attendre ne serait-ce que dix minutes pour avoir une réponse à un message ? JE NE CROIS PAS.

Et pourtant, en bonne masochiste, je dors avec mon téléphone sur ma table de chevet, allumé et prêt à me déranger quand il veut… Je ne suis pas à une contradiction près.

Et vous ? Les appels vous horripilent ?

Crédits photos : Alex Green (Pexels) / Liza Summer (Pexels)


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

57
Avatar de KiaraAyu
13 octobre 2021 à 12h10
KiaraAyu
J'ai horreur du téléphone ! Surtout quand c'est moi qui dois passer l'appel, car j'ai peur de déranger, d'être intrusive, d'être jugée. Pourtant, je me dis, logiquement, s'il y a des numéros de téléphone de mis à disposition par les gens/les institutions, c'est pas pour rien, ils s'attendent à recevoir des appels.
Avec le temps, et en me forçant, j'arrive aujourd'hui à peu près à prendre des rendez-vous chez le médecin - avec l'appréhension qui va avec avant de saisir le combiné - mais ça va. Appeler mes collègues et ma famille passe aussi. Mais le reste... dès qu'il faut que je fasse une demande un peu plus compliquée, où il faut que j'explique - même si l'explication tient en deux phrases - c'est la panique, je ne cesse de repousser le moment où je vais devoir appeler et au final, soit je laisse tomber, soit j'envoie un mail, ce qui va en général bien moins vite. Il faut par exemple que je passe chez le notaire pour faire certifier un document, un truc qui prend 5 minutes sur place, et je n'arrive pas à décrocher le combiné pour demander si je peux passer chez eux. Après plusieurs semaines de procrastination, j'ai donc fini par envoyer un mail hier après-midi, et évidemment, j'attends toujours la réponse.
Je suis consciente que le téléphone est super pratique pour résoudre rapidement des questions administratives ou autre, mais rien à faire, dans encore trop de situations, je n'y arrive pas. Et j'y pense tout le temps, même le soir avant de m'endormir, en me disant qu'il faut que je le fasse, sinon ça retarde mes plans, et ça me bouffe limite mes journées. J'ai vu un psy pour ça - contacté par mail hahaha - mais sans résultats probants. Je pense effectivement qu'il n'y a pas 36 solutions : il faut se forcer au départ et peu à peu, la peur disparaîtra... plus facile à dire qu'à faire
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