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Le jour où j’ai cru mourir en forêt, dévorée par des bêtes sauvages

Une balade bucolique qui se transforme en crise d’angoisse, perdue dans la forêt, face à des animaux féroces… Voilà l’histoire que Mélody te raconte aujourd’hui !

C’était un bel après-midi d’été, nous étions dans les Landes, en vacances avec ma famille. Il faisait beau, et mon copain et moi avions décidé de faire une balade en vélo jusqu’à l’océan, à quelques kilomètres de là.

Il faut savoir que la dernière fois que j’avais fait du vélo, j’avais fini par tomber tête la première sur le bitume, ce qui m’avait laissé une belle bosse — et un goût amer pour les deux roues.

J’étais donc déjà peu sereine à l’idée d’enfourcher à nouveau cet outil du diable…

Mais les oiseaux brillaient, le soleil chantait (ou l’inverse), et nous nous sommes engagés sur la petite route qui passait derrière la maison, qu’on avait repéré plus tôt sur Google Vélo Bêta.

Quitter le chemin dans la forêt, une mauvaise idée

Ce chemin semblait bien nous mener à l’océan en une trentaine de minutes, mais le logiciel nous a mis en garde : les itinéraires vélo sont en phase de test, ils ne sont pas forcément à suivre à la lettre.

Étant une vraie quiche quand il s’agit de me repérer ou de suivre un plan, je savais que la responsabilité de nous mener à bon port reposait exclusivement sur mon copain.

C’est ainsi que j’ai commencé cette balade en ne faisant pas trop attention à la direction que l’on prenait : j’étais trop occupée à apprécier l’odeur de la forêt de pins, à m’émerveiller devant les animaux que l’on pouvait croiser (une biche !!!) et faire en sorte que ma tête ne rencontre pas le sol cette fois-ci.

Moi en vélo (vue d'artiste)

Cela ne m’a donc pas alertée plus que ça quand mon mec m’a proposé de quitter la route goudronnée pour nous engager sur un chemin douteux.

« Ça nous dit de passer par là, on devrait arriver d’ici une quinzaine de minutes à la plage ! » m’a t-il lancé avec un air aventureux.

J’étais peu emballée et je lui ai proposé que l’on reste sur la route principale, mais il semblait convaincu que c’était la bonne direction, alors j’ai fini par le suivre sans sourciller.

C’est là que l’histoire a basculé, que notre balade bucolique dans les bois s’est peu à peu transformée en cauchemar.

Perdue dans une forêt impénétrable

Au bout de quelques mètres, le chemin douteux s’est transformé en petit sentier caillouteux à peine praticable. La voie se rétrécissait de plus en plus, pour finir sur un couloir de sable épais, sur lequel il était impossible de pédaler…

J’ai bien proposé plusieurs fois de rebrousser chemin mais mon mec me disait que l’océan n’était vraiment pas loin, et que ça serait dommage de rentrer.

Nous avons donc continué la balade en poussant nos vélos dans le sable, non sans peine, parfois dans des côtes qui me semblaient immenses — ambiance mini Dune du Pilat, avec supplément « vélo de 15 kg » dont je me serais bien passée.

On avait chaud, on était fatigués, mais on essayait de se rappeler que bientôt cette escapade bizarre prendrait fin, et que l’on serait sur la plage à bronzer comme des bienheureux !

Il faut savoir que je suis du genre trouillarde, et que j’ai vite tendance à fuir une situation quand elle me sort trop de ma zone de confort. Cette fois-ci j’avais envie de prouver à mon copain que j’étais capable de le suivre, et que je ne laisserais pas mes angoisses gâcher cette escapade. (GROSSIÈRE ERREUR.)

J’aurais dû m’écouter, surtout que les signes au long de cette épopée se sont révélés nombreux…

Par exemple, le chemin sur lequel nous évoluions était si peu fréquenté que vous avons dû soulever des branchages pour continuer d’avancer. Et au bord des voies un peu plus larges, on croisait des maisonnettes abandonnées, en partie brûlées.

Franchement, je me croyais dans un film d’horreur !

On a aussi aperçu des crottes d’animaux fraîches et si grosses que je n’avais aucune envie de croiser leurs propriétaires. « Il y a des ours dans la région ? », ai-je demandé avec un trémolo dans la voix. Mon copain a ri et m’a assuré que non.

C’est quand j’ai voulu taper sur Google « présence d’ours féroces dans les Landes » que je me suis rendu compte que nous n’avions plus accès à Internet. Et qui dit pas de réseau, dit pas d’itinéraire.

Ça y était, on était bel et bien perdus en pleine forêt.

Heureusement, il nous restait la fonction géolocalisation, ce qui permettait à mon mec de nous guider à peu près dans la bonne direction.

La panique monte au cœur de la forêt

Une heure et demie plus tard, à marcher dans les bois, nous n’avions toujours pas atteint la plage, censée être « à 15 minutes ». Je commençais sérieusement à perdre patience, ainsi que mon sang-froid.

La forêt était devenue lugubre, chaque craquement me faisait frémir et on n’avait plus croisé d’âme qui vive depuis qu’on avait quitté la route.

Je ne voulais plus voir la mer, je ne voulais plus aller me baigner, je voulais rentrer. Mais comment faire ??

À ce stade c’était devenu impossible de faire demi-tour : on ne retrouverait jamais l’endroit d’où on était venus, et le soleil avait déjà commencé à se coucher. J’étais épuisée, perdue. La nuit allait tomber, et on n’avait toujours aucun réseau.

Mais je n’étais pas au bout de mes peines…

Quand soudain : des bêtes féroces

En effet, j’étais peu préparée à ce que j’allais voir au bout de cet énième virage sur le « chemin » abandonné, à savoir : une meute de loups féroces chiens agressifs

. Ils nous avaient vus venir de loin et ne semblaient pas contents que l’on soit là.

Les clébards, un groupe d’une dizaine de bêtes, aboyaient fort, semblaient très agités et se rapprochaient dangereusement de nous. Et aucun humain de type « maître des chienchiens » aux alentours.

Euh... gentil toutou ?

C’est à ce moment-là que j’ai fondu en larmes.

Mon copain, toujours persuadé que le retour à la civilisation se trouvait au bout du chemin (c’est-à-dire DE L’AUTRE CÔTÉ de la meute de chiens enragés), commençait à avancer en direction des braves toutous.

Je lui ai hurlé de ne pas y aller, que ces molosses allaient le manger tout cru, et moi en guise de dessert. Lui se disait que ces chiens ne pouvaient pas être si méchants : après tout, qu’est-ce qui pourrait mal se passer face à des bêtes sauvages aux crocs aiguisés qui défendent leur territoire ??

Comment se défendre face à des chiens agressifs ?

De mon côté, je plongeais lentement (non) en pleine crise de panique, persuadée que je ne sortirai pas vivante de cette histoire. C’est alors que j’ai enclenché instinctivement un mode survie encore inédit pour moi.

J’ai commencé à regarder partout autour de moi pour savoir sur quels arbres je pourrais monter quand les chiens attaqueraient. J’ai scanné tous les pins qui m’entouraient, en fonction de la hauteur et l’épaisseur des branches.

Je tremblais, je respirais fort, et mon cerveau tournait à mille à l’heure. Je n’entendais même plus ce que mon mec me disait.

Désespérée, je me suis rappelée que je faisais du krav maga depuis quelques années, ce qui me permettrait peut-être de sortir vivante de l’attaque des animaux, que je pensais imminente ?

Et puis j’ai réalisé que toutes les techniques à base de « coup de coude à la gorge » ou de « pied dans les testicules » ne pourraient pas me sauver face à des chiens qui voulaient ma peau.

Peut-on faire une clé de bras à un épagneul breton ? J’en doute.

Alors j’ai réfléchi à comment je pouvais au mieux me protéger le visage, et j’ai décidé que si combat il devait y avoir, je viserais les yeux.

À la guerre comme à la guerre.

Mes deux sauveurs, une apparition divine

J’espérais secrètement que des hélicoptères envoyés par les secours viendraient nous sauver. Sauf que je n’avais pas appelé les pompiers. Fallait-il que j’appelle les pompiers ? Est-ce qu’on ferait partie de la rubrique « faits divers » du quotidien local le lendemain matin ? Comment allait-on sortir de cet enfer ?

Beaucoup de questions sans réponses, toujours aucun hélicoptère à l’horizon, et les vilains chiens se rapprochaient.

C’est pleine de morve et prête à casser des genoux de canidés s’il le fallait que j’ai entendu un gros bruit de moteur. Venus de nulle part et alors qu’on avait perdu tout espoir de croiser quelqu’un, deux mecs ont débarqué sur leurs motocross.

Je ne crois pas en Dieu, mais je dois t’avouer, chère lectrice, que quand j’ai vu arriver ces deux fous du guidon — qui s’avèreront être nos sauveurs — j’ai failli croire à la faveur d’un être supérieur.

Malgré leurs bolides puissants, les deux types aussi se sont arrêtés, un peu impressionnés par cette armée de toutous féroces au milieu du chemin. Ils allaient faire demi-tour quand ils ont nous demandé si tout allait bien.

On leur a alors expliqué la situation (enfin, « on » : mon copain, moi j’étais toujours en panique, en train de choisir dans quel arbre j’allais passer la nuit, souviens-toi).

Les inconnus nous ont alors proposé de monter derrière eux et de passer à toute allure à travers le groupe de chiens. Ma première réponse : LOL NON !

« Euuuh tu crois vraiment que je vais monter sur un motocross derrière un inconnu, SANS CASQUE, pour traverser une meute de chiens enragés ? »

C’était absolument impensable pour moi : je m’imaginais déjà monter sur cette bécane et m’écraser au sol à toute vitesse. Je m’étais pourtant promis de ne pas me fracasser la tête ce jour-là !

C’était trop, cette journée n’avait pas de sens, et bordel, OÙ était ce foutu hélicoptère ??

Les gars ont fini par nous dire avec un charmant accent local « Bah nous on va traverser les cabots, si vous voulez venir c’est maintenant ou jamais ! ».

Mon copain m’a alors prise par les épaules, m’a regardée droit dans les yeux et m’a dit :

« Tu vas monter sur cette moto et t’accrocher aussi fort que possible. »

Toujours en état de choc, et n’ayant manifestement pas de meilleure idée pour nous sortir de cette forêt maléfique, j’ai fini par accepter.

Mon mec est monté sur le deuxième bolide en mettant un de nos vélos sur son épaule.

Les bikers des forêts ont alors fait vrombir leurs moteurs pour produire un maximum de bruit, en espérant faire peur aux méchants toutous.

Le premier a démarré à toute berzingue, suivi de près par mon chauffeur sauveur auquel je me cramponnais de toutes mes forces.

Les molosses, assez peu impressionnés, se sont rués en aboyant sur nous quand nous sommes passés à travers leur groupe. Je te rassure, aucun humain ni canidé n’a été blessé pendant cette cascade insolite.

La fin du cauchemar, et la sortie de la forêt

Je ne savais pas pour combien de temps j’étais montée sur ce motocross. Je n’avais aucune idée d’où nous allions exactement, ni à quelle distance la route la plus proche se trouvait.

Jusqu’à quand allais-je rester accrochée à un inconnu avec lequel j’ondulais sur les bosses de cette forêt de l’enfer ?

Figure-toi, chère lectrice que c’est seulement quelques dizaines de mètres après la meute que nous sommes arrivés sur… une piste cyclable.

Elle était belle cette piste, et le soleil brillait si fort. Les gens avaient l’air heureux ici, et j’entendais le bruit de la mer au loin. Nous l’avions fait !!! On avait survécu !!!

J’ai à peine eu le temps de faire un bisou sur le front de mon copain, qu’il est reparti avec nos anges gardiens chercher notre deuxième vélo. Et puis je me suis remise à pleurer, de façon incontrôlable, pendant une bonne demi-heure.

The end.

J’espère que cette histoire rocambolesque t’a plu, chère lectrice. La prochaine fois je te raconterai comment j’ai gâché mon voyage sur une île paradisiaque en sautant à pieds joints sur des oursins 30 minutes après mon arrivée !

À lire aussi : Mon voyage Paris-Bordeaux, ou comment j’ai failli mourir 14 fois

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Les Commentaires

7
Avatar de Melody_K
1 juin 2020 à 20h06
Melody_K
J'aurais tué mon copain je crois.
Mais il se serait jamais perdu en fait
je pensais pas non plus qu’il était capable de nous perdre, il est habituellement si bon pour se repérer ! D’ailleurs malgré l’absence d’itineraire à la fin, en soit il voyait ou on était globalement, ce qui nous a permis de sortir de la forêt en allant dans la bonne direction.
L’erreur a été de s'écarter de la route principale

Par contre je me demandais si je me retrouvais dans ce genre de situation, comment on peut faire pour s'en sortir ?
... et je pense que je finirais comme @Mélody_K à analyser sur quel arbre je passerais potentiellement la nuit pour me mettre à l'avri
ahaha ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule à envisager l’option « grimper aux arbres » (alors que franchement j’ai le vertige2000 mais quand il faut il faut...)
Honnêtement je ne sais pas ce qu’il se serait passé si les 2 gars en motocross n’avaient pas débarqué.. peut être qu’on y serait encore En vrai le mieux c’est effectivement de ne pas s’éloigner des chemins principaux dès le départ, surtout quand tu ne connais pas le coin !

Le témoignage et la façon dont il est écrit m'ont fait beaucoup rire! Le genre de moment horrible à vivre mais qui devient une bonne anecdote à raconter. Ayant une peur presque phobique des chiens agressifs, je n'en aurais pas mené large dans cette situation, alors respect
Merci Santina pour ton message et ravie d’avoir pu te faire rire
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