Le 7 février 2019
En découvrant la collection unisexe d’H&M, vous êtes nombreuses à avoir exprimé votre déception : les collections dites unisexes reprennent seulement des coupes du vestiaire « masculin » et très peu, voire pas du tout, celles du vestiaire « féminin ».
La mode non-genrée monte et c’est une très bonne chose, mais il semble y avoir encore beaucoup de chemin à faire…
Une mode trop unisexe, et pas assez… « multi » sexes ?
Dans les collections unisexes comme celle de chez H&M, de chez ASOS ou encore celle de Justin Bieber, un seul et même « sexe » semble ressortir.
Comme s’il avait été décidé que tout le monde s’habillerait désormais avec le vestiaire masculin et que les coupes dites féminines seraient complètement effacées.
Quand nous disons les coupes féminines, nous entendons par là ce qui se vend dans le rayon femmes uniquement. C’est-à-dire les jupes, les crop tops, les décolletés, les robes…
Est-ce que se tourner vers des coupes connotées masculines ne serait pas un peu la facilité pour les marques, qui feraient en sorte de se donner une image progressiste, mais ne font en réalité que peu d’efforts ?
Car les filles ont déjà bien moins de mal à s’habiller avec des vêtements dont les coupes sont similaires à celles des garçons.
Un jean, un pull, des baskets… Ce sont déjà des pièces ultra-courantes, sont disponibles dans les deux vestiaires que propose la mode actuellement.
Une mode unisexe qui ne va que dans un sens ?
Évidemment, les vêtements communs aux deux vestiaires seront, chez les femmes, plus « féminisés » : les jeans seront plus moulants, les chemises plus cintrées…
Mais quand bien même une femme irait se servir chez les hommes, elle se ferait rarement lyncher.
Pour les hommes, c’est bien différent. Il est très rare de voir un mec intégrer dans une tenue du quotidien une robe, une jupe, des talons…
Il serait tout de suite regardé de travers. Car une fille qui s’habille « comme un garçon », ça ne pose pas de problème, n’est-ce pas ?
Par contre, lorsqu’un garçon s’habille « comme une fille »… grands dieux ! La régression, il s’abaisse au sexe faible… ce doit surement être une « tapette » ! (NON.)
Quand il s’agit de mode unisexe, j’ai donc l’impression qu’encore une fois, c’est le masculin qui l’emporte, et que les pièces plus « féminines » sont ignorées.
Les vêtements « féminins », une histoire de perception
Bien sur, tout est une question d’habitude. Aujourd’hui, les hommes portants les cheveux longs sont vus par certains comme « efféminés » alors qu’il y a à peine plus de cent ans, ces coiffures représentaient justement la virilité.
Chez les Grecs, les Romains, les Égyptiens, au Moyen Âge et même bien plus tard, les hommes portaient des robes, toges, tuniques, jupes…
Il fut un temps, à la Renaissance notamment, où un homme prouvait sa masculinité à travers ses ornements. Plus il était coquet, plus il était viril.
Ceci est un homme viril au 16e siècle
Et dans certaines cultures, les hommes portent toujours des robes, sans que leur virilité ne soit remise en question.
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Tout est donc bien une question de culture, d’habitude et de perception des choses.
Il serait donc peut-être temps de commencer à prendre tout ça en compte dans la mode « unisexe », non ?
La mode unisexe que j’aimerais voir
Une mode unisexe allant dans les deux sens est présente depuis un moment dans la haute couture.
Elle s’immisce, de-ci de-là, disparait, puis revient quelques années plus tard, sans jamais vraiment se trouver une place dans le prêt-à-porter.
Elle reste au sommet de la « chaîne » de la mode, sans jamais rejoindre la rue.
Margiela, juin 2018
Jeremy Scott, Janvier 2019
Je me dois d’inclure ici la Maison the Faux, spécialisée dans la mode non-genrée, assumée jusqu’au bout ! Cette marque n’est pas assez reconnue selon nous, et nous avons hâte de la voir défiler partout !
Une mode unisexe plus inclusive est en chemin
La haute couture finit toujours par descendre dans la rue, non ? Peut-être que ce n’est tout simplement pas la « fin » du processus !
Le fait qu’il y ait de plus en plus de collections unisexes est déjà une avancée en soi.
Dans un monde où les consciences commencent à s’éveiller, et où tout va si vite, il est possible de se demander pourquoi certaines choses sont beaucoup plus lentes à intégrer que d’autres.
Mais avec un peu de patience, peut-être qu’il sera enfin possible de voir des changements. Ça arrive, ça paraît juste… un peu long. L’idée de se débarrasser des codes genrés doit d’abord faire son chemin dans les esprits avant d’être acceptée.
C’est pourquoi il nous semble si important de mettre en scène des personnages tels que Eric de Sex Education, qui n’a pas peur d’assumer son style, pourtant jugé pas assez viril par certains.
Continuer à normaliser autant que possible la singularité à travers l’expression de soi dans la pop culture nous paraît essentiel, car c’est aussi par ce biais-là que les mentalité sont influencées.
Avec la mode unisexe telle quelle et représentée aujourd’hui, nous avons plutôt l’impression qu’on est en train d’enfermer la mode toute entière dans un choix très limité de coupes un peu triste…
L’avantage du vestiaire féminin, c’est qu’il propose beaucoup de choix. La prochaine étape selon nous, ce serait d’en inclure davantage au vestiaire masculin !
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