Si l’horreur est le genre qui bénéficie le plus de mon affection, j’aime tous les autres d’un amour presque égal. Les teen-movies et autres séries sucrées demeuraient jusqu’en 2017 pourtant, à l’arrière du wagon.
Se réconcilier avec les films et séries pour ados
La cause de mon désamour ?
Des thématiques qui ne parlaient plus à l’adulte que j’étais devenue, une mécanique humoristique souvent huilée au sexisme ordinaire (de type American Pie) et des intrigues redondantes.
Bref, je n’y trouvais plus mon compte.
Et puis 2018 m’a fait revoir mon opinion, en proposant notamment au cinéma Love, Simon, de Greg Berlanti mais aussi To All the Boys I’ve Loved Before sur Netflix, ainsi que 13 Reasons Why saison 2.
Si tous sont peints d’un vernis très teen — et c’est bien normal étant donné le public qu’ils visent — ils abordent toutefois des sujets modernes, progressistes et primordiaux.
Dans ces quelques œuvres, j’aimerais souligner la diversité ethnique des castings ainsi que la mise en avant de sujets sur lesquels madmoiZelle effectue toujours une veille soigneuse :
- Le slut-shaming
- Le harcèlement sexuel
- Le polyamour
- Le coming-out forcé
- Le viol
Des problématiques auxquelles sont parfois confrontées les adolescent·es et sur lesquelles le monde audiovisuel pose enfin les yeux.
À une heure où la parole se libère autour de la sexualité des femmes, de leur désir et de leur consentement, il est important que la fiction prenne le même pas, qu’elle montre l’exemple !
Vendredi 11 janvier dernier, Netflix qui est décidément dans l’air du temps, a mis à disposition sur sa plateforme une série toute nouvelle, toute belle qui devrait jouir d’un très beau succès.
Ça s’appelle Sex Education, et c’est… TRÈS BIEN.
Sex Education, de quoi ça parle ?
https://www.youtube.com/watch?v=o308rJlWKUc
Otis est un jeune homme dynamique mais un peu timide, qui ne se sépare jamais de son meilleur pote Eric, avec lequel il passe le plus clair de son temps au lycée.
Si Otis est vierge, il n’est pas étranger aux mystères du sexe. En effet, sa mère est sexologue, et n’hésite pas à parler de cul ouvertement (pour ne pas dire de manière intrusive) à son fils.
Sa passion est telle que leur maison est pleine de bibelots plus que suggestifs de type grosses statues de bites en bois, de tableaux avec les positions du kamasutra et autres joyeusetés.
Otis a donc grandi en étant encouragé par sa mère à communiquer librement sur ces sujets et sur tous les autres aussi d’ailleurs.
Ce qui ne manque pas de le gêner, bien sûr.
Bref, Otis s’y connait et ça ne tarde pas à attirer l’attention de Maeve, une lycéenne dépeinte comme « rebelle » qui lui propose de monter un cabinet de thérapie sexuelle clandestin au sein même du lycée.
Le concept est simple : des élèves parfois en couple qui se retrouvent en difficultés au lit lui demandent conseil. Conseils qu’il monnaie bien sûr, et dont il partage les gains avec Maeve.
Sex Education, éduque t-il vraiment ?
Si les lycéens apprennent en cours à mettre des capotes et à placer les éléments qui composent l’ensemble de leur appareil génital sur un schéma, ils n’ont pas droit à un apprentissage abouti.
Ainsi, grâce à ce sexologue en herbe, beaucoup plus de sujets sont couverts comme la difficulté à avoir une érection, la peur du premier rapport, le désamour de son propre corps, et j’en passe.
Otis est porteur de messages positifs et encourage à une sexualité décomplexée et surtout bienveillante.
Dans mon calepin aux merveilles, dans lequel je note toutes les répliques et les axes narratifs que j’estime importants, j’ai relevé quelques punchlines pertinentes comme :
« Arrêtez d’écouter passivement, et écoutez activement. »
Une phrase qui encourage une communication plus efficace entre les membres d’un couple !
Aussi, Otis propose à une jeune femme qui déteste son corps :
« Nomme 5 choses que tu aimes chez toi. N’importe quoi. »
Il interroge une autre jeune femme qui vomit à chaque fois qu’elle effectue une fellation :
« Qu’est-ce qui te laisse penser que tu DOIS sucer ton copain ? »
Bref, l’apprenti sexologue appelle à la communication au sein des jeunes couples, et surtout explique aux jeunes femmes qu’elles ne DOIVENT PAS faire quelque chose dont elles n’ont pas envie.
Ça peut sembler tout bête, mais guess what, douce lectrice : ça ne l’est pas.
On ne fera jamais assez de sensibilisation sur la nécessité d’exprimer son consentement ou son refus et la nécessité d’accepter le refus de l’autre.
On ne DOIT du sexe à personne, et personne ne nous DOIT du sexe, comme l’explique très bien Queen Camille dans ses vidéos qui sensibilisent aux dangers de la zone grise, notamment.
Sex Education éduque donc vraiment !
J’aurais personnellement adoré grandir devant cette série, pour comprendre plus jeune que le sexe, c’est pas comme dans le porno.
Que dans le vrai sexe, on se cogne parfois, on ne jouit pas à tous les coups, on peut ne pas aimer sucer, lécher, doigter, ou même se faire pénétrer.
J’aurais aimé grandir avec le personnage de cette mère très (trop ?) ouverte, pour qui le tabou n’existe pas, et comprendre plus tôt que le sexe ne devrait pas être un sujet tabou, duquel il est délicat de débattre avec ses parents.
Bref, je conseille à tout le monde Sex Education, dont les leçons sont universelles et indispensables !
Sex Education, un beau casting
Les jeunes acteurs qui donnent vie aux adolescent·es évoluent tous et toutes avec un naturel qui force l’admiration. Asa Butterfield (Otis), Emma Mackey (Maeve), Ncuti Gatwa (Eric) sont tour à tour drôles, émouvants et agaçants.
Ils sont en réalité à l’image des humains de la vraie vie, à savoir pluriels, complexes et parfois insaisissables. Je me suis reconnue un peu en chacun d’eux, même si aujourd’hui mes préoccupations ne sont plus celles d’une ado de 16 ans.
J’ai aimé les voir passer de la théorie sexuelle à la pratique et avancer à tâtons comme j’ai pu avancer à tâtons à leur âge.
Je tiens aussi à souligner la performance à la fois hilarante et juste de Gillian Anderson dans le rôle de la mère sexologue qui est d’une modernité toute réjouissante.
Bien qu’elle soit mère, elle n’oublie jamais d’être une femme qui exprime librement ses désirs et ne s’excuse pas auprès de son fils de mener sa vie sentimentale comme elle l’entend.
Ça fait du bien de voir un personnage de femme de 50 ans aussi bien dans ses pompes et surtout mise sur le devant de la scène. Ici, pas d’invisibilisation de la femme mûre et de ses désirs. ENFIN !
Gillian ramène souvent des mecs différents chez elle, les éconduit poliment, drague et parle de cul avec les potes de son fils.
Bref tout ce que je me souhaite, c’est d’être comme elle dans 30 ans.
Pour toutes ces raisons et un milliard d’autres, je te conseille vivement douce lectrice de simuler une gastro (c’est la période, personne ne te soupçonnera de mentir) et de rentrer chez toi mater les 8 épisodes de Sex Education, signé Laurie Nunn.
Alors, tu te laisses tenter, ou tu t’en bats copieusement les ovaires ?
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Le cas de la mere par exemple : oui elle merde très souvent mais la série s'applique à montrer que c'est mal. On est plus invité à compatir pour Otis, et à voir les problèmes qu'elle lui cause.
Pareil le père d'Erik est vraiment bien pensé: il est aimant mais maladroit, il agit pas comme il faut, il est dépassé par son fils qu'il ne comprends pas... Je trouve ca bien d'avoir des personnages imparfait, meme sur un tel sujet parce que la série leur donne tord et c'est important !