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Marche des pères « pour l’égalité » : « Nombre de ces collectifs ont été démasqués comme masculinistes », alerte Parents et Féministes

Ce matin à Paris se tenait une « marche des pères pour l’égalité parentale ». Mais derrière les beaux discours se cachent des intentions dangereuses, sur lesquelles nous alerte l’association Parents et Féministes.

Une poignée d’hommes marche, pour réclamer, paraît-il, l’égalité parentale. Mais revenons sur les termes. Que signifie concrètement l’égalité dans la parentalité ?

C’est préparer l’arrivée d’un bébé, suivre une grossesse et soutenir celle qui porte l’enfant. C’est s’occuper jour et nuit d’un nourrisson, d’un foyer et parfois, d’autres enfants. Ce sont des rendez-vous pédiatriques, l’approvisionnement perpétuel et le tri des vêtements d’un être grandissant chaque mois, de courses, de repas, de ménage, de lessives. C’est se questionner
sans cesse, lire, échanger, sur les pleurs, l’alimentation et les poussées dentaires. La liste pourrait être encore longue.

Ces quelques hommes militent quant à eux pour tout autre chose. Ce qui les intéresse, ce sont leurs droits après une séparation. Leur objectif n’est pas l’égalité dans la parentalité et encore moins celle entre les femmes et les hommes, en dépit du beau vernis dont ils se parent.

La revendication principale de cette « marche des pères » est de transformer la résidence alternée en principe par défaut. Pourtant, les juges l’accordent lorsque les parents la demandent. C’est en cas de conflit voire de violences que les juges préfèrent la refuser. Et encore, nombre de mères alertent sur les violences dénoncées par des enfants dont le père a toujours la garde, alternée voire principale. Et elles sont nombreuses, très nombreuses.

La marche des pères répondra ici qu’elle se prononce contre la résidence alternée en cas de violences conjugales. Mais elle ajoute un mot qui fait toute la différence. Elle parle de « violences conjugales avérées ».

C’est ignorer — par inconséquence ou stratégie —  les dysfonctionnements de la police et de la justice en la matière, la faiblesse des condamnations, le temps nécessaire à la preuve.

C’est également ignorer les situations de violences, physiques et sexuelles, à l’encontre des enfants. La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants préconisait très récemment la prise de mesures provisoires pour protéger les victimes.

Mais cela, ces pères n’en ont que faire.

Les pères marcheurs demandent aussi le renforcement des sanctions pour non représentation d’enfant et pour éloignement géographique volontaire. Ces revendications sont dangereuses. Elles témoignent soit de la faiblesse d’analyse du sujet par ce groupe, soit d’objectifs purement sexistes.

La non représentation est ce qu’osent faire quelques mères suspectant des violences sur leurs enfants. Et la justice est très dure avec elles. Les mères ayant la garde principale doivent présenter l’enfant à des pères qui ont un droit de visite. Or, quand les pères ne se présentent pas, rien ne leur est reproché.

Et ça, les marcheurs n’en disent rien, ne réclament pas la conversion du droit de visite en devoir, au même titre que le devoir des mères à présenter l’enfant aux pères.

Comment, enfin, envisager d’empêcher tout éloignement géographique à des mères qui, après une séparation, tentent de rompre leur isolement, de se rapprocher de leur famille, de chercher ailleurs le soutien qu’elles n’ont pas trouvé dans leur couple, de trouver un logement sur un territoire abordable pour leurs faibles revenus ? C’est au cas par cas, que la justice doit se prononcer.

Le jour où ces pères se battront pour l’égalité entre les femmes et les hommes, l’égalité salariale, la fin de la surcharge maternelle et le partage des tâches dès l’arrivée d’un enfant, pour les congés parentaux dignes, contre la précarisation des familles monoparentales, pour les pensions alimentaires justes, contre les violences conjugales, la pédocriminalité, alors là, peut-être, nous pourrons avoir confiance.

Mais pour l’heure, ces collectifs de pères se mobilisent sur un sujet et un seul : leurs droits après les séparations. Nombre d’entre eux ont été démasqués comme des lieux masculinistes.

Admettons un instant que, ces pères là, ne soient pas des misogynes assumés : ils demandent plus de droits pour eux et rien que pour eux.

Ils sont aveugles aux statistiques, au constat sévère de désinvestissement dans les faits de nombreux pères, aveugles à la réalité des violences intrafamiliales qui touchent très majoritairement femmes et enfants, à l’utilisation par les pères violents des fameux droits de visite pour maintenir pression et contrôle sur les mères, aveugles aux féminicides que personne pourtant n’ignore plus.

Bref, la démarche reste la même. Elle est celle de patriarches qui veulent encore imposer
et dominer, sans aucune introspection.
Nous alertons médias et politiques. Il faut analyser ces luttes. Ces quelques pères, loyaux héritiers du patriarcat, ignorent peut-être le monde sexiste dans lequel nous vivons. Ou choisissent de l’ignorer. Pas nous.

Parents & Féministes, association loi 1901

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@parents_et_feministes / Instagram

Crédit photo : Andrea Piacquadio / Pexels

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