Coucou toi, chère lectrice, cher lecteur, je prends aujourd’hui la plume (mdr non j’ai un clavier t’as cru j’étais Rita Skeeter ?) pour te parler d’un sujet qui me tient à coeur.
Ça me turlupine depuis un moment, et j’ai mis du temps, je crois, à trouver comment t’en parler. Mais ça y est, je me sens prête.
Parlons d’un grand sujet qui fâche : les marques, leurs engagements éthiques ou inclusifs, et l’exigence de la perfection.
Quand les marques font des efforts
Sur madmoiZelle, nous relayons régulièrement des initiatives de marques qui font des efforts dans « le bon sens ».
Ce sont parfois des marques dont le magazine est partenaire (donc elles nous donnent de l’argent pour des campagnes), mais pas toujours : parfois c’est juste pour informer le lectorat et partager une bonne nouvelle.
Le « bon sens », ça peut être :
- De la diversité parmi les modèles comme la pub Gillette avec un homme trans (non sponsorisé)
- Des photos non retouchées comme ASOS avec les vergetures apparentes (non sponsorisé)
- Des discours différents comme Veet qui revient sur le diktat de l’épilation (non sponsorisé)
- Des produits plus sains comme la gamme green de Marionnaud (non sponsorisé)
- Des investissements financiers comme la fondation L’Oréal (sponsorisé)
- Du made in France comme la marque de maillots de bain Club Parfaite (sponsorisé)
madmoiZelle signe des opérations avec des annonceurs (des marques) qui donnent de l’argent au magazine en échange de contenus sponsorisés.
Ces contenus sont toujours indiqués comme sponsorisés dès la première ligne, avec un renvoi vers le Manifeste madmoiZelle qui indique notamment :
« On reste indépendants. Peu importe les montagnes de sous, on écrira ce qu’on veut écrire, c’est un contrat établi d’avance avec le partenaire.
La confiance de notre lectorat est notre bien le plus précieux, pas question de le vendre pour quelques euros. »
Pour en savoir plus : Fab t’explique le modèle économique du magazine !
Des marques qui vont dans « le bon sens », j’en oublie pas mal, car le business suit les évolutions du monde.
Les injonctions, les corps photoshoppés, les produits fabriqués en masse à 5000km de distance, les sulfates, le silicone, etc., sont des choses au sujet desquelles la société avance.
Mais dans les réactions des lectrices et lecteurs, ce que je vois souvent, c’est de la colère, une absence de nuance, du sarcasme, et… finalement peu de solutions.
Un effort, s’il n’est pas parfait, ne mérite-t-il pas d’être salué ?
Prenons en exemple la pub Veet citée plus haut, qui parle du choix de s’épiler ou non.
Veet ne va pas arrêter de proposer rasoirs et cires : c’est son fonds de commerce.
Mais elle arrête en tout cas de diffuser l’idée selon laquelle une femme ne PEUT PAS vouloir garder ses poils.
https://www.youtube.com/watch?v=zRhMXjimCtY
Un autre exemple : Club Parfaite, des maillots de bain made in France et avec des mannequins non retouchées…
Mais qui ne propose pas assez de « grandes tailles » selon vos commentaires.
Commentaires qui étaient quasiment tous négatifs, ne soulignant que rarement le fait que les engagements de la marque sont cool.
Nous avons toutes nos contradictions, accordons-les à autrui
Je passerai sur la potentielle ironie d’utiliser un iPhone et Facebook, deux trucs pas super éthiques ni écolo, pour critiquer une nouvelle gamme bio — je pense qu’on en aurait pour encore 7 pages…
De même, je peux comprendre les personnes farouchement anti-capitalistes qui pensent que toutes ces marques sont globalement à jeter.
Mais la plupart des lecteurs et lectrices de madmoiZelle ne sont pas dans ce cas-là.
Réclamer un démaquillant bio à un prix abordable, c’est déjà réclamer un luxe : celui de se maquiller, et de se démaquiller.
Des actes très peu vitaux pour toute personne humaine. Mais qui peuvent être agréables, et parfois attendus socialement pour une femme en France.
Nous avons toutes nos contradictions.
Tu es féministe, mais tu préfères continuer à t’épiler les mollets, même si tu sais que ça vient d’un diktat genré. Tu es écolo, mais tu cèdes parfois à l’envie du McDo de gueule de bois.
C’est pas grave : nous sommes humaines, nous sommes humains. Nous sommes sur un chemin de déconstruction, de sensibilisation, de réflexion.
J’aime à dire que « personne n’est sorti de la chatte de sa mère en étant féministe». Parce que c’est vrai.
Les marques aussi grandissent, d’une certaine façon. Laissons-les faire leur chemin, au rythme de la société.
On façonne le monde dans lequel on veut vivre. Les marques suivent, et parfois donnent des sous à madmoiZelle, sous qui nous permettent de continuer à changer les choses.
Personnellement, je préfère un magazine gratuit pour tous et toutes qu’un magazine payant qui se ferme donc à un lectorat plus précaire.
madmoiZelle a besoin du verre à moitié plein
Ce que j’essaie de faire dans cet article, c’est concilier des considérations sociétales avec une problématique très concrètement liée à madmoiZelle.
Car, tu le sais peut-être, madmoiZelle est un magazine indépendant. Ça veut dire qu’on n’appartient, pour l’instant, à aucun groupe.
Ça veut dire qu’aucun grand média, aucun grand patron ne peut injecter d’argent dans le magazine.
Ça veut dire qu’on gagne des sous au jour le jour, pour payer les salaires, le loyer du bureau, les cotisations sociales.
Ça veut dire que pour un récap rigolo de Game of Thrones (qui ne rapporte quasiment rien), il faut que l’argent vienne de quelque part.
D’où vient-il ? Des marques, le plus souvent. Des marques qui font confiance à madmoiZelle
pour des opérations sponsorisées.
Ça peut être des films dont on est partenaires, des livres dont on accompagne la sortie, mais aussi une ligne de maillots de bain, ou des cosmétiques.
Comme Herbal Essences par exemple
Si madmoiZelle est, à la lecture, gratuit pour tous et toutes, c’est parce que ces marques nous paient.
Or, quelles sont les marques qui peuvent se permettre des campagnes de pubs ? Eh bien ce sont rarement les petites start-ups qui se lancent à peine, comme le chouette Bee Bar qui veut sauver les abeilles (la preuve, cet article n’est pas sponsorisé).
Ce sont généralement de plus grandes marques qui ont le budget pour apparaître sur madmoiZelle.
Mais peut-être qu’à force d’être critiquées même quand elles font des efforts, elles décideront d’aller ailleurs.
Dans des médias à la communauté moins impliquée, moins éveillée, qui feront éventuellement un boulot de moins bonne qualité… mais au moins, elles ne se feront pas mitrailler à vue.
« Qu’elles y aillent ! », te dis-tu peut-être. Eh bien oui mais voilà, si elles y vont, elles ne viennent pas chez madmoiZelle… et madmoiZelle ne gagne pas de sous.
Même quand on accompagne une nouvelle petite griffe vraiment cool comme les maillots de bain made in France Club Parfaite, les critiques fusent parce que l’éventail de tailles n’est pas assez étendu.
Attention, entends-moi bien : évidemment que t’as le droit de regretter ce fait. Seulement, il est important de voir le verre à moitié plein.
Car ça reste une marque de maillots made in France aux modèles non retouchés qui porte de belles valeurs.
Il est très possible que si le lancement de la marque réussit, il y aura plus de tailles produites !
Mais peut-être que le jour où Club Parfaite sortira sa collection du 34 au 56, elle ira le faire dans un autre média. Parce que sur madmoiZelle, elle n’a récolté quasiment QUE des critiques…
On était clairement dans un cas de « verre à moitié vide ».
Les marques qui font des efforts, « c’est juste pour vendre »
Les marques qui provoquent le plus de remous parmi le lectorat de madmoiZelle sont les griffes de mode et de beauté.
Un argument que je vois souvent revenir : « C’est pas honnête, c’est juste pour vendre ».
Alors, spoiler alert : oui. Les marques veulent vendre. C’est littéralement pour ça qu’elles dépensent du temps et de l’argent dans des pubs, des nouvelles collections, etc.
Mais quitte à vendre, vaut-il mieux vendre des produits bourrés de plastiques non-biodégradables, vantés par des mannequins irréalistes aux corps retouchés portant un message culpabilisant ?
Ou vendre des produits avec plus de composants éco-responsables, vantés par des femmes assumant leur cellulite et portant des valeurs d’empouvoirement ?
Ce n’est pas un t-shirt disant « FÉMINISTE » qui va changer le monde. Mais c’est mieux qu’un t-shirt qui dit « ATTACHIANTE ».
Et je suis contente de vivre dans un monde où c’est « mainstream » (et encore : ça dépend dans quelles bulles) de porter le mot « FÉMINISTE » en travers des seins.
Tout comme je suis contente de pouvoir trouver des crèmes avec moins de silicone en grande distribution plutôt qu’uniquement dans les Naturalia Vegan qui, croyez-le ou non, existent (pour l’instant) TRÈS PEU là où j’ai grandi.
Ouais, je finis par donner ma thune à Auchan, qui fait ça « juste pour vendre ». Mais c’est pas ma faute s’il y a plus d’Auchan que de Biocoop dans la banlieue de ma petite ville !
Alors avant de râler sur la moindre imperfection d’une marque qui essaie d’aller dans le bon sens, demande-toi peut-être s’il n’est pas possible de voir le verre à moitié plein.
D’appliquer la même nuance qui t’a, peut-être, permis de découvrir tes engagements sans te braquer.
Parce que si, à la fin, on ne parle plus que de marques éthiques et féministes sur madmoiZelle, alors écoute…
Ça va être bien, hein ! madmoiZelle ferme au bout de 3 mois, par contre.
C’est pas une menace : c’est la réalité.
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