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Arts & Expos

Le Surréalisme

Ce nouveau mouvement d’avant-garde succède en toute logique au mouvement Dada, dont il renouvelle les principales idées. Dans un premier temps c’est essentiellement une tendance littéraire (les surréalistes inventeront le cadavre-exquis*), mais rapidement le Surréalisme va s’étendre à d’autres domaines comme la peinture, la photographie ou encore le cinéma.

Le Surréalisme nait officiellement en 1924, à la publication du premier Manifeste Surréaliste par André Breton. Il définit ce mouvement comme un « automatisme psychique » : il s’agit pour les artistes de laisser s’exprimer leur inconscient, leurs rêves et leurs pulsions profondes. La technique préconisée est celle de l’écriture automatique (aussi appelée « pensée parlée » ou « écriture de pensée ») : laisser s’exprimer sans tabou ce que dicte l’inconscient.

Pour se donner une idée de la traduction plastique du Surréalisme, on va jeter un p’tit coup d’œil sur les principaux protagonistes du mouvement :

Salvador DALI (1904-1989)

Certainement le plus excentrique des surréalistes, qui a élevé au rang de principe l’absurde et la « folie » Surréaliste. Il met en scène le rebutant et l’obscène ainsi que ses fantasmes sexuels et sadiques dans un réalisme absolu. Un exemple :

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE SALVADOR DALI Guillaume Tell, 1930, huile sur toile. (Joue avec Salvador et compte les petits z’ozios cachés un peu partout :])

Il dit de son travail que c’est de la « paranoïa-critique » (petite définition par l’intéressé : « Une méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes »). C’est dans ses travaux que l’on trouvera la plus grande richesse de références et d’allusions historiques et mythologiques. Un seul exemple suffit :

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE LA TATE GALLERY La métamorphose de Narcisse, 1937, huile sur toile.

Petit rappel : Narcisse était un jeune homme tombé amoureux de son reflet après l’avoir vu dans l’eau d’une cascade. En voulant embrasser ce reflet, il tomba et se noya. Son corps ne fut jamais retrouvé, à la place, une fleur qui porte désormais son nom avait poussé. Que voit-on sur le tableau de Dali (attention, c’est pas évident) ? A gauche, Narcisse recroquevillé sur lui-même et se regardant le nombril ; à droite, une main tenant un œuf craquelé d’où nait une Narcisse. Soit : l’avant et l’après chute de Narcisse dans l’eau. Les références artistiques sont également nombreuses : des statues antiques, le sol en damier en référence à la perspective académique et la technique picturale, léchée et brillante à souhait.

Max ERNST (1891-1967)

Cet artiste allemand va développer les idées proposées par Dada. Il va notamment intégrer quasi systématiquement le processus du hasard dicté par l’inconscient. Il réalisera des tableaux regroupant plusieurs éléments picturaux n’ayant aucun lien entre eux, comme le préconise le Comte de Lautréaumont dans Les chants de Maldoror : « Beau […] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! ». Visualisez la chose.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU METMUSEUM Oeudipus Rex, 1922, huile sur toile.

Max Ernst va ainsi créer dans son œuvre un monde à la fois étrange, gai, onirique, magique et grotesque. Il mettra en avant de nouvelles techniques, comme celle du grattage, du frottage ou de la décalcomanie : une couleur est déposée sur une toile, une deuxième sur une autre toile, puis l’artiste assemble ces deux toiles ; lorsqu’il les décolle, un fond fantastique voire irréel en résulte. Un exemple :

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE D’ABCGALLERY La ville entière, 1935, huile sur toile.

René MAGRITTE (1898-1967)

Un artiste qui n’est plus à présenter : tout le monde sait que ce n’est pas une pipe (hinhin) !  L’artiste belge se complait à irriter le spectateur par l’association d’objets et d’idées contradictoires : il souhaite ainsi provoquer une réflexion sur la représentation et la réalité, sur l’art et sur les processus de perception. Outre l’inépuisable exemple de La trahison des images (ceci n’est pas une pipe), en voici un autre :

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE D’ABC GALLERY Les vacances d’Hegel, 1958, huile sur toile, collection privée.

Il réalise de véritables énigmes picturales au sein de tableaux alliant monde magique, poésie et un humour parfois assez corrosif. La facture de ses tableaux est très académique, voire même scolaire parfois ; la géométrie dans l’espace est parfaite, reprenant avec précision la perspective établie à la Renaissance. Un autre exemple :

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU MUSEE DU CHICAGO Le temps percé, 1938, huile sur toile.

Joan MIRO (1894-1984)

L’artiste évolue dans un monde étrange, onirique, fantastique et magique, inspiré par l’art naïf et primitif. De ses tableaux se dégage une certaine fraîcheur (notamment grâce à la palette de couleurs vives qu’il utilise) ce qui fait de lui un « surréaliste modéré ».

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE D’INSECULA Intérieur hollandais, 1928, huile sur toile, MoMA New York.

Joan Miro opère une réduction dans tous ses tableaux, la réalité n’apparaît plus que sous forme fragmentaire : un tronc d’arbre devient un simple bâton par exemple. Il attribue ensuite un caractère fantastique à ces formes : des oreilles poussent à ce tronc d’arbre. La forme fétiche de Miro est le cercle, que l’on retrouve omniprésent dans la plupart de ses tableaux.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE LA GALLERY62 La poètesse

, 1940, gouache et peinture à la térébenthine sur papier.

La sculpture Surréaliste

La sculpture a aussi sa place dans le Surréalisme. Salvador Dali va en faire de nombreuses, dans la lignée de Marcel Duchamp et de ses ready-made : il réalise des assemblages d’objets manufacturés aux nombreuses références. Un exemple :

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU MoMA Salvador Dali, Buste de femme rétrospective, 1933

On retrouve les fourmis, récurrentes dans l’œuvre de Dali, synonyme pour lui de mort et de pourrissement. L’encrier et la baguette de pain rappellent le tableau L’Angelus de Jean-François Millet, à l’origine de la création de cette sculpture. Quant à la baguette de pain et aux maïs… leur forme phallique fait une nette référence au sexe masculin.

Hans Bellmer (1902-1975) est également un acteur de la sculpture Surréaliste. Il réalise des assemblages de poupées, à taille réelle. Petites chaussures vernies, chaussettes blanches, nœuds dans les cheveux… mais nudité et caractères sexuels développés donnent à ses sculptures un côté pervers et un érotisme malsain.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU CENTRE POMPIDOU Hans Bellmer, Poupée.

Le cinéma Surréaliste

Le principal protagoniste du cinéma surréaliste est sans conteste Luis Buñuel (1900-1983). Il réalise le premier film surréaliste en 1928 : Un chien Andalou, en collaboration avec Salvador Dali (16 minutes, noir et blanc). Le scénario ayant été fait sur le principe du cadavre-exquis*, doutez-vous qu’il est assez complexe d’en faire un résumé clair… Inspiré d’un rêve de Dali, on y retrouve des éléments récurrents de son œuvre : les fourmis (toujours), l’érotisme, la mort… La scène la plus célèbre est celle où un personnage féminin se fait couper un œil avec un rasoir.

Buñuel réalise également l’Age d’or en 1930 (1h01, noir et blanc), toujours avec la participation de Dali : l’histoire d’un couple que les conventions sociales et familiales tentent de séparer. Un film à l’humour noir qui se verra interdit à l’époque. Petit détail, le film se termine sur une adaptation des 120 journées de Sodome du Marquis de Sade.

Cette tendance surréaliste inspirera bien d’autres cinéastes, dont Jean Cocteau par exemple.

Voilà donc les basiques du mouvement Surréaliste ! Des choses à dire ? Un complément à ajouter ? Venez débattre sur le forum dédié de cet article !

* jeu littéraire inventé vers 1925 par le groupe surréaliste, il consiste à composer une phrase par plusieurs personnes sans qu’elles ne connaissent le mot précédent. Oui, toi aussi tu y as joué :]

A voir aussi :

Une analyse du Manifeste Surréaliste. – Exposition Hans Bellmer au Centre Pompidou, Paris. – Exposition Joan Miro au Centre Pompidou, Paris. – L’art Surréaliste, dossier pédagogique du Centre Pompidou, Paris.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

12
Avatar de Flo
15 août 2008 à 20h08
Flo
Mais bon, je préfère au final la liberté dadaiste à l'onirisme trop léché du surréalisme.

J'aurais tendance à penser comme toi ! Je pense que la période surréaliste est "plus" intéressante du côté cinématographique. Le chien andalou est à regarder, vraiment, même si à première vue ça parrait pas très abordable
Merci encore pour vos gentils compliments :]
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