Politiques, militants et militantes, associations et institutions de défense des droits des femmes… Les messages d’inquiétude, mais surtout de révolte, se succèdent depuis l’annonce de la remise en cause du droit à l’avortement aux États-Unis, vendredi 24 juin.
Désormais, chaque État sera libre d’autoriser ou non l’avortement sur son territoire et d’en moduler les conditions, opérant un retour en arrière de 50 ans précarisant une fois de plus la santé et les libertés des femmes.
La France n’est pas à l’abri de décisions rétrogrades
En France, le HCE (Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes) s’inquiète de la menace qui pèse dorénavant sur le droit à l’avortement, « aux États-Unis, dans le reste du monde et même en France ».
Dans un communiqué, l’instance consultative indépendante dénonce un « signal dangereux qui conforte les partisans des mouvements anti-IVG », alors que des progrès se poursuivent autour du monde, en Colombie ou en Espagne par exemple.
Le HCE rappelle aussi ces chiffres sidérants :
Chaque année, ce sont 47 000 femmes qui meurent des suites d’un avortement clandestin, soit une femme toutes les neuf minutes.
L’institution souligne par ailleurs la présence de « courants réactionnaires, qui déploient un travail constant de lobby liberticide, y compris au sein de l’Union européenne », prenant pour exemple la Pologne ou encore la France, cible de nombreuses campagnes de désinformation.
Cette décision outre-Atlantique reflète à nouveau combien les droits des femmes ne sont jamais acquis et restent fragiles.
Partant de ce constant, le HCE suggère d’inscrire urgemment le droit à l’avortement dans la Constitution française, « pour le reconnaître enfin comme un droit fondamental et humain ».
L’institution rappelle également l’engagement pris par Emmanuel Macron, le 19 janvier 2022, d’inscrire l’IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Plus largement, elle appelle aussi à une « harmonisation des conditions et des délais légaux pour avorter au sein de l’Union européenne, sur ceux des États membres les plus progressistes ».
Relocaliser la fabrication des pilules abortives
Mais ce n’est pas tout. L’institution veut en outre mettre en lumière un autre sujet éminemment important : la production des pilules abortives. À l’heure actuelle, celle-ci serait concentrée dans les mains d’un seul et même laboratoire, Nordic Pharma, dont une partie conséquente des capitaux est américaine. L’institution s’alarme de potentielles intimidations sur le laboratoire par des mouvements anti-IVG qui pourraient déboucher sur des ruptures d’approvisionnement ou des hausses de prix conséquentes.
Le HCE recommande aux pouvoirs publics de faire retrouver à la France sa souveraineté en matière de production de la pilule abortive en relocalisant la fabrication en Europe et le plus vite possible en France.
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Les Commentaires
Mais si on rend l'IVG moins accessible( en supprimant des centres IVG, en maintenant la double clause de conscience et j'en passe) au final, on risque de s'y rapprocher