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Arts & Expos

La sculpture moderne

La sculpture a toujours été la grande ennemie de la peinture. Mais tout comme cette dernière, la sculpture a connu de véritables révolutions : adieu burin, marbre, feuilles d’or et socle ; bienvenue carton, colle, néon et suspensions. Voici les grandes étapes de ce changement !

Avant, c’était quoi ?

La sculpture était un art très codifié et assez fermé. Il fonctionnait sur le principe du mécénat : quelqu’un commandait une sculpture à un artiste, en lui fournissant tout le matériel nécessaire à la réalisation (la sculpture étant un art assez cher : le kilo de marbre s’apparentant au baril de pétrole actuel). De ce fait, les sujets étaient imposés aux artistes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces sujets étaient loin d’être hilarants : le plus souvent commémoratifs ou allégoriques, ces sculptures représentent les grands hommes de l’époque, des scènes héroïques, des héros de guerre, des femmes ailées traduisant la justice, la prudence et autres grandes vertus.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU LOUVRE Jean-Jacques Pradier, Satyre et Bacchante, 1834

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU MUSEE D’ORSAY Auguste Rodin, L’âge d’Airain, 1875

Du côté des matériaux utilisés, le tour de la question est plutôt vite fait : marbre, bronze, bois, verre et or. Les techniques elles aussi restent très académiques : la taille directe (armé de son burin et de son marteau, l’artiste taille le marbre directement), le moulage et le bas-relief (sculpté que d’un côté).

Exemple de bas-relief : CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU MUSEE D’ORSAY Aristide Maillol, Danseuse, 1896

En clair, la sculpture avant le XXème siècle n’est pas franchement inventive, toutes les sculptures se ressemblent plus ou moins et les artistes sont dépendants de leurs commanditaires. Mais tout cela va vite être chamboulé…

La révolution de la sculpture

En 1968, le sculpteur Richard Serra publie une sorte de manifeste de la sculpture, intitulé Liste de verbes (« enrouler », « appuyer », « couper » et « plier »). Ce manifeste résume bien le nouveau visage de la sculpture : ouverte vers d’autres pratiques, d’autres matériaux et, en conséquence, d’autres sujets et bases de réflexion. Commençons par le côté matériel de cette nouvelle sculpture. Les artistes se lancent dans la pratique de nouvelles matières premières : plastiques, cartons, tissus, éléments organiques, matériaux du rebus et matériaux périssables (ce qui pose certains problèmes au niveau de la conservation des œuvres…).

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE ARTGALLERY Wolfgang Laib, Carré de Pollen

Les artistes réalisent une grosse rupture dans l’histoire de la sculpture : la suppression du socle. Avant, le socle était un élément obligatoire de la sculpture, institué depuis toujours. Mais au XXème siècle, des artistes comme Alexander Calder, Félix Gonzalez-Torres ou encore les artistes de l’art minimal le suppriment en suspendant leurs sculptures ou en les accrochant au mur.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU MoMA Alexander Calder, Josephine Baker (III), 1927

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU MoMA Donald Judd, Sans titre, 1967

AU XXème siècle, on peut distinguer deux nouvelles tendances de la sculpture : la simplification extrême des formes ou au contraire, un hyperréalisme saisissant. Pour cette première tendance, Constantin Brancusi est le meilleur exemple. Il utilise un langage épuré, où les fragments de corps qu’il représente s’apparentent davantage à des formes rondes et phalliques.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU CNAC Constantin Brancusi, Princesse X, 1916

A noter aussi les artistes de l’art minimal (héritiers directs de Brancusi), qui comme leur nom l’indique, réalisent des sculptures dépouillées aux formes géométriques avec des matériaux neutres et usinés.

CLIQUE ICI PUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE LA TATE MODERN Carl André, Equivalent VIII, 1966

La tendance hyperréaliste se caractérise par une représentation des corps… hyperréaliste. Les personnages sont à grandeur nature, habillés parfois et leurs visages expriment diverses expressions.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE LA SAATCHI GALLERY Duane Hanson,

Sunbather Traveller

Ron Mueck marquera une petite différence, en créant ses sculptures hyperréalistes à des échelles différentes : des bébés énormes ou des adultes tout petits…

CLIQUE ICI POUR VOIR LA VIDEO SUR DAILYMOTION

Gilbert et George pousseront cet hyperréalisme jusqu’à faire de la sculpture vivante. En effet, ils se mettront en scène sur une table (parodie du socle), peints de poudre de bronze et immobiles.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE ARTNET Gilbert et George, The singing sculpture, 1971

De la sculpture à l’installation

Avant le XXème siècle, les sculptures étaient destinées exclusivement aux musées, à la décoration des chambres des mécènes, à des monuments commémoratifs ou à l’ornementation des fontaines publiques. Mais avec l’explosion des codes établis de la sculpture, cette dernière s’offre un peu de liberté. En effet, les nouvelles sculptures s’invitent dans de nouveaux lieux publics comme des parcs, des gares ou des rond-points.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE ARTPOINTFRANCE Frank Scurti, What is public sculpture ?, 2006

Un petit conseil : ouvre bien l’oeil, aujourd’hui il n’est pas rare de trouver une sculpture contemporaine sur son chemin, trônant fièrement au milieu d’un carrefour ou adossée au mur d’une école !

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE D’INSECULA Jean Dubuffet, Bal Costumé, 1973

La sculpture devient aussi une véritable architecture. Créée de toute pièce par l’artiste ou aménagée pour son œuvre, cette architecture transforme la sculpture en véritable installation. Les spectateurs sont alors plongés dans un univers, presque un autre monde, coupé du milieu muséal ou des tas de choses peuvent se passer : illusions d’optique, écoute de sons, apparition de lumières et d’images…

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE LA BBC Louise Bourgeois, Precious Liquids, 1991

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DE ARTKNOWLEDGENEWS Daniel Buren, Colored Screens, 2007

On appelle installations « in situ », les oeuvres qui sont faites uniquement pour un lieu précis, et ne peuvent en aucun cas exister autre part. Elles ne sont donc par conséquent ni transportables, ni vendables. Par exemple, en 2005, Daniel Buren se réapproprie le musée Guggenheim en installant des miroirs géants pour son œuvre in situ The eye of the storm.

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU MUSEE GUGGENHEIM

Un autre exemple : celui de Joseph Beuys, qui réalise une pièce entière recouverte de feutre avec un piano au milieu. Le feutre crée une sensation de suffocation et d’étouffement si bien que l’on reste que très peu de temps dans la pièce (qui en plus, est très basse de plafond).

CLIQUE ICI POUR VOIR L’IMAGE SUR LE SITE DU CNDP Joseph Beuys, Plight, 1958, CNAM

Depuis la Renaissance, il est donc évident que la sculpture a connu une énorme (r)évolution, et ce en très peu de temps. Avant, simple statue à taille humaine, la sculpture se transforme en une architecture entière, investissant parfois l’espace de façon permanente.

Que t’inspire cette nouvelle sculpture ? Viens donner ton avis sur le forum dédié à cet article !


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Les Commentaires

8
Avatar de Flo
30 octobre 2008 à 12h10
Flo
Pluye > N'exagérons rien, nous dédicacerons un article spécial ready-made rien que pour toi

Je vais tenter de réparer le lien casser dans l'article, merci d'avoir prévenu
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Voir les 8 commentaires

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