C’est tellement absurde, les standards de beauté, quand même. Vous vous souvenez quand la société tout entière nous faisait croire que Bridget Jones était grosse, à la limite de l’obésité, alors qu’elle ressemble à… bah… à Bridget Jones ?
20 ans après, le monde a changé, mais on n’a pas encore le cul sorti des ronces : sachez que Kate Winslet a dû réclamer de ne pas voir son corps caché dans la série Mare of Easttown et retouché sur les affiches qui l’accompagnent. Kate Winslet, oui.
Kate. Winslet.
Kate Winslet a refusé d’être retouchée dans Mare of Easttown
Dans cette minisérie prestigieuse qui vient de s’achever (et que vous pouvez d’ores et déjà regarder sur OCS), Kate Winslet incarne Mare Sheehan, une détective en dépression qui tente de résoudre le meurtre d’une adolescente habitant sa petite ville — la fameuse Easttown, rongée par la précarité et la toxicomanie — tout en naviguant avec difficultés dans sa famille à elle, marquée par la tragédie et les non-dits.
« Réaliste », « brute », « crue » : autant d’adjectifs qu’on peut accoler à Mare of Easttown, dans laquelle Kate Winslet apparaît souvent sans maquillage, les cheveux décolorés en un blond passé avec dix centimètres de racines, portant un jogging, pyjama ou des vêtements pratico-pratiques, une bière à la main… quand ce n’est pas une bombe de « fromage » liquide américain qu’elle étale avec joie sur des crackers industriels !
Vous l’aurez compris, on est sur une femme simple et pas spécialement « féminine », montrée telle qu’elle est au quotidien. C’est ce qui rend encore plus surprenante la confidence que Kate Winslet a offerte au New York Times : lors d’une de ses rares scènes dénudées, un moment amoureux et sexuel avec un partenaire, elle a dû lutter pour que son ventre ne soit pas coupé au montage
.
« [Kate Winslet] sait que les gens se disent “Oh mon Dieu, comment peut-elle accepter de se montrer sous un jour aussi peu flatteur ?”
Quand Craig Zobel, le réalisateur, a voulu la rassurer en lui promettant qu’il couperait “son ventre qui dépasse” […] elle lui a répondu “T’as pas intérêt !” […]
L’actrice dit avoir été dérangée par un premier montage dans lequel sa peau, déjà lumineuse d’ordinaire, était trop belle. “Nous avons essayé de l’éclairer différemment pour que ça soit un peu moins joli”, confie-t-elle. »
Et Kate Winslet n’a pas seulement tenu tête au réalisateur de Mare of Easttown : elle a aussi eu son mot à dire sur les pubs entourant la série.
« Elle a aussi renvoyé deux fois les affiches de promotion parce qu’elles étaient trop retouchées. “On me disait : Kate, vraiment, tu ne peux pas ; je répondais : les mecs, je sais combien j’ai de pattes d’oie autour des yeux alors merci de toutes les remettre.” »
À quand de vrais corps de femmes dans les séries et les films ?
Kate Winslet n’est pas en dehors des canons de beauté… mais dans le monde merveilleux d’Hollywood, ceux-ci sont encore plus stricts. Une femme de son âge, qui montre son vrai corps, c’est encore rare, et elle le sait bien ; c’est aussi pour cela qu’elle a choisi un tel rôle, comme elle l’explique, toujours au New York Times.
« J’espère qu’en jouant Mare, une femme d’âge moyen (j’aurai 46 ans en octobre)… disons qu’à mon avis, c’est pour ça que ce personnage a autant touché les gens : parce qu’elle est sans filtres. Elle est une femme compétente et pleine de défauts, elle a un corps et un visage qui sont en raccord avec son âge, sa vie, ses expériences.
Et je pense qu’on manque cruellement de ça. »
Kate Winslet n’est pas la seule actrice à s’exprimer contre l’omniprésence des retouches ; Kerry Washington, 44 ans (Scandal) a fait de même après ne pas s’être reconnue sur une cover de magazine, pour ne citer qu’un exemple. Mais cela reste rare dans une industrie qui considère les femmes comme des produits périssables et les traite différemment une fois qu’elles ont passé la trentaine.
En 2015, Maggie Gyllenhaal, alors âgée de 37 ans, révélait avoir été jugée « trop vieille » pour jouer l’amante d’un homme de 55 ans, dénonçant ainsi deux injustices : l’impossibilité de montrer à l’écran des femmes approchant de la quarantaine, et le réflexe sexiste consistant à faire jouer, dans un couple censé être du même âge, le rôle féminin par une actrice bien plus jeune que son partenaire.
Mare of Easttown évite ce second écueil, mais a bien failli percuter le premier. Heureusement que Kate Winslet a eu le courage de s’exprimer ! (Et promis, cette référence à Titanic — percuter un obstacle, tout ça — est involontaire…)
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