Avec les cours d’éducation sexuelle, le titan Internet et l’hypersexualisation de la société, on croit tout savoir sur les MST. Détrompez-vous, on n’est jamais à l’abri d’un invité surprise.
Aux premiers signes de la puberté, notre corps qui change donne lieu à un milliard et demi de questions. Dans mon cas, ce n’est ni Google ni les rumeurs du collège qui y ont répondu, mais ma mère et ma famille maternelle. Dans cette famille majoritairement composée de femmes, le sujet de la sexualité était abordé sans culpabilité ni honte.
Elles m’ont tout apporté pour que j’aie une relation épanouie avec mon corps et ses besoins, et pour accueillir en toute sérénité ceux qui viendraient y faire un ou plusieurs tours. C’est donc détendue du slip que j’ai abordé les débuts de ma vie sexuelle, sûre que j’étais la personne la mieux armée pour en profiter sans dommages.
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Une relation protégée…
Il y a quelque mois, je sortais d’une rupture pénible et j’étais bien décidée à profiter de la soirée d’anniversaire d’une amie pour me changer les idées. Le regard envoûtant d’un beau jeune homme m’a tout de suite fait sentir qu’il était le candidat idéal pour cette tâche. Quelques verres et regards langoureux échangés plus tard, il m’a proposé de passer la nuit chez lui.
Je n’avais eu de relations qu’avec deux hommes avant lui, on se connaissait à peine, mais son sourire est vite venu à bout de mes résistances. On est arrivés chez lui et on a commencé à s’embrasser. C’était de plus en plus chaud. On a alors entamé les préliminaires, entre frottements et gâteries mutuelles. En enfilant le préservatif juste avant la pénétration, je me suis sentie protégée. On a continué les festivités, et la nuit s’est passée à merveille, sans que ça n’aille plus loin entre nous.
Quelques semaines plus tard, j’ai rencontré un autre garçon et je me suis mise en couple avec lui. Avant notre première nuit ensemble, je me suis épilé le frifri en me regardant dans un miroir. Et là, j’ai remarqué quelque chose d’inhabituel. En passant mes doigts, j’ai senti une petite boule dans la petite zone de peau entre l’entrée du vagin et l’anus, dont j’ai appris par la suite qu’elle s’appelait le vestibule. Je me suis dit que ce n’était rien, mais j’ai quand même pris le soin d’aller consulter quelqu’un.
Je suis donc allée dans un centre de dépistage gratuit : on m’a fait une prise de sang et un médecin m’a examinée. Le bilan était positif. Je n’avais aucune maladie dangereuse ; il m’a juste prescrit une crème contre cette mystérieuse petite boule.
Le temps a passé. J’ai suivi le traitement, mais la petite boule était toujours là, d’ailleurs elle avait même amené des copines. J’avais maintenant une ligne de boutons rosâtres au même endroit, avec d’autres semblables à l’entrée de l’anus et sur les grandes lèvres. J’ai commencé à m’inquiéter, et j’ai pris rendez-vous chez un gynécologue.
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… Et des condylomes vaginaux, aka « crêtes de coq »
Après m’avoir examinée à son tour, la nouvelle est tombée : c’étaient des condylomes vaginaux, aussi appelés « crêtes de coq ». Ils apparaissent après avoir attrapé une variété du HPV, le virus du papillomavirus humain. Ce dernier se niche dans toute la zone de l’aine et du pubis, donc on peut l’attraper même en portant un préservatif si les deux partenaires frottent leurs organes génitaux l’un contre l’autre.
Les crêtes de coq et le préservatif, une métaphore cadeau.
Un peu comme l’herpès, beaucoup de gens sont porteurs de ce virus sans le savoir.
Il est beaucoup plus commun qu’on ne le croit, la moitié des personnes sexuellement actives l’attrapent au cours de leur vie.
Selon les variétés du virus, il peut rester inactif, ou bien en situation de stress immunitaire, des condylomes peuvent apparaître. De plus, si on tombe enceinte et qu’on n’a pas été traitée, il y a un risque de transmission pour le bébé lors de l’accouchement. Dans les cas les plus graves, il est responsable du cancer du col de l’utérus.
Heureusement, ceux que j’avais étaient inesthétiques mais inoffensifs, et j’avais consulté à temps. Car comme j’avais pu le remarquer, plus on laisse traîner, plus ils se multiplient et plus le traitement est lourd. Pour les soigner, le médecin m’a prescrit plusieurs séances de laser à l’hôpital, jusqu’à la disparition complète des condylomes. Il faut savoir que les condylomes sortent encore jusqu’à deux ans après le rapport qui a transmis le virus.
Nous avons donc pris rendez-vous pour une opération sous anesthésie. J’étais rassurée du dénouement de cette histoire. La maladie que j’avais n’était pas grave, et j’allais m’en sortir avec quelques séances de rien du tout.
L’opération en elle-même s’est très bien déroulée. L’hôpital était confortable, le médecin était satisfait du traitement. Comme soins post-opératoires, il m’a prescrit l’abstinence pendant trois mois et deux lavages par jour au savon doux suivis d’une pulvérisation de spray désinfectant. L’abstinence, soit, c’était dur mais pas insurmontable.
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Pour le reste, plusieurs heures après l’opération, je me suis vraiment rendu compte de mon malheur. Le calvaire a commencé. En bas, la peau était une zone sinistrée. Il y avait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, entre des zones rouges où la peau était à vif, des zones vertes d’où suintait du pus, et de la peau noire brûlée.
Soigner les crêtes de coq
J’ai vécu un cauchemar. Suite à cette opération, j’avais tout le temps mal. J’avais mal quand j’étais assise, j’avais mal quand j’étais debout, quand j’allais aux toilettes, quand je portais une culotte, bref, à chaque fois que cette zone avait un contact quel qu’il soit. Je ne rêvais que d’une seule chose : passer ma journée le cul nu plongé dans un bain d’eau fraîche. Mais ce n’était pas possible, et j’ai traîné cette douleur permanente pendant deux longs mois.
Puis trois mois après la première intervention, rebelote : relaser, et re-douleur. Après la deuxième intervention et la période de cicatrisation, de nouveaux condylomes sont apparus. Cette fois, j’en avais marre de souffrir autant. Il était hors de question qu’on me brûle la nouille à coups de laser tous les trois mois et que je subisse cette souffrance pendant encore deux ans. Il devait bien exister un autre moyen moins pénible ! J’ai donc vu un troisième médecin. Il m’a quant à lui prescrit une crème horriblement chère et non remboursable, en traitement de trois mois.
« Il existe différentes approches pour éliminer les verrues génitales. Les traitements médicamenteux peuvent être faits à la maison en appliquant des crèmes ou des pommades contenant, par exemple de la podophylline, qui brûle les verrues. D’autres crèmes ont pour effet de stimuler le système immunitaire, comme l’imiquimod. Il faut souvent répéter ces traitements locaux. À son cabinet, le médecin peut brûler les verrues avec de l’acide trichloroacétique. Dans certains cas, les condylomes peuvent être retirés au laser, ou par cryothérapie (grâce à l’azote liquide) ou encore à l’électrocoagulation, pour laquelle un courant électrique est utilisé pour brûler les verrues.
Tous les traitements peuvent entraîner une irritation et une gêne sur la zone traitée, ainsi que des modifications de couleur de la peau concernée. »
Désormais, grâce aux deux séances de laser, il ne me reste plus que quelques boutons ponctuels. J’y applique localement le médicament, qui les brûle. Je ne suis toujours pas guérie, mais au moins la douleur reste circonscrite à certains points bien précis. Aujourd’hui, même si ça fait plus de six mois que la première opération s’est déroulée, la peau de ma vulve n’est toujours pas homogène. Il me reste des tâches roses qui me complexent beaucoup, et quelques zones de peau brûlées qui me font mal lors des rapports.
De l’importance de connaître son corps
À cause de l’imprudence d’une soirée, à cause du manque d’information, je me retrouve à traîner cette IST certes inoffensive, mais dont le traitement est long et pénible. Je ne souhaite à personne de subir ça. Il m’a fallu non pas un, mais trois médecins pour trouver la solution à ce calvaire, et plusieurs mois d’inconfort extrême.
Je me dis aussi que si je n’étais pas à l’aise avec mon corps, et soucieuse de ma santé intime, je n’aurais jamais remarqué l’anomalie et n’aurais jamais été chez le gynécologue. Je me souviens avoir été choquée par les photos de certains cas de condylomes vaginaux ayant traîné pendant des années, et où la vulve devenait méconnaissable – à vos risques et périls si vous cherchez des images sur Internet ! J’espère sincèrement que la lecture de cet article servira à informer sur cette MST méconnue et à ce que d’autres filles ne subissent pas les mêmes difficultés que moi !
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