Quand j’étais plus jeune (oui, je suis assez vieille pour pouvoir dire ça), il y avait un truc qui me stressait un peu : mes goûts musicaux.
Comme tout le monde, j’ai eu mes hontes musicales (j’emporterai mon secret et les CD incriminés dans la tombe, cherche pas) (mais si tu cherches, je lâcherai peut-être une réponse en commentaire…).
Puis j’ai grandi, et même si ça me fait toujours plaisir d’emporter l’adhésion avec mes chanteurs préférés, je me sens moins mal quand quelqu’un ne les aime pas (en clair ça m’en touche une sans faire bouger l’autre).
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Du coup, je me suis demandé pourquoi ça avait été si important à une époque, ce que ça traduisait…
Le besoin d’appartenance
Il se trouve en fait qu’il y a une explication tout à fait valable à ce phénomène. L’être humain se construit selon plusieurs critères, mais en société, ce qui compte, ce sont d’abord les groupes dont on fait partie.
Ce qui compte, ce sont d’abord les groupes dont on fait partie.
Faire partie de ces groupes implique de parler un même langage, de partager les mêmes codes. Par exemple, en tant que gameuse, il y a certains termes que j’affectionne, dont un qui me définit bien : noob.
Toujours motivée même après trente-deux tentatives…
Or, petite belette curieuse, il se trouve que c’est au moment de l’adolescence que l’on commence à choisir ses groupes. Et parmi les codes les plus populaires, devine lequel est bien placé ? Oui, la musique, qui permet à la fois de créer des cohésions générationnelles et des cercles restreints !
Si je te dis :
« Mélissa non ne pleure pas, oh oh oh ! Car pour moi… »
…et que tu peux continuer les paroles, c’est parce qu’on est de la même génération.
Les hontes musicales sont souvent les mêmes au sein d’un groupe.
C’est aussi pour ça qu’on enterre bien profondément nos hontes musicales, alors qu’en fait, SCOOP : ce sont souvent les mêmes au sein d’un groupe. Par exemple, à la rédac, on a eu une honte commune au collège : Lorie. Oui. Mais vu que c’est commun, ce n’est plus vraiment une honte, si ?
La volonté de se démarquer
À l’inverse, il y a ces gens qui adorent des chanteur•ses ou humoristes inconnu•es, et qui sont fiers d’avoir des goûts éclectiques (ne serait-ce que pour utiliser le mot « éclectique »), voire vont avoir des feux d’artifice dans les yeux quand ils vont voir que tu ne sais pas très bien de quoi ils parlent, et vont pouvoir te balancer :
« Tu ne connais pas ? »
En général, ça va de pair avec les goûts communs. Une fois que tu as compris que tu pouvais t’intégrer et que certains de tes goûts musicaux étaient socialement valides… bah tu trouves ça un peu chiant, en fait.
Finalement, avoir tes propres goûts, tes chanteurs à toi que tes amis ne connaissent pas (et ne peuvent donc pas désapprouver si tu me suis) est une idée bien séduisante.
Avoir tes propres goûts est une idée bien séduisante.
« Les chanteurs morts et ceux qui n’ont même pas la moitié de mon âge. »
Et puis en continuant de grandir un peu, je me suis rendu compte que mes casseroles, après tout, étaient surtout des choses qui me plaisaient.
Et j’ai envie de dire, tout comme il y a des gens qui aiment faire des tartines de pain beurre ET Nutella (sachez que je ne vous comprends pas), il y a aussi des gens qui aiment des morceaux qui ne font pas l’unanimité et c’est tant mieux.
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Mes hontes musicales étaient avant tout des choses qui me plaisaient.
Et si c’était aussi un peu ça, devenir adulte : ne plus porter la honte de ses goûts (musicaux ou pas) et les aimer à leur juste valeur, en apprenant à ne pas prendre en compte l’opinion des autres avant la sienne ?
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