— Publié le 7 mai 2016
J’ai testé pour vous Flowstate. Flowstate, c’est une drôle d’application de traitement de texte. On ne peut rien faire à part écrire. Il n’y a pas de mise en page particulière, quelques polices seulement, un fond blanc, un plein écran. Un peu comme Ommwriter, l’un de ces fameux traitements de texte « distraction free ».
Et en haut à droite, un compteur qu’on peut régler à cinq, dix, quinze minutes et caetera, jusqu’à cent quatre-vingt minutes.
Ce compteur, c’est le temps que j’ai avant la prochaine sauvegarde. Et c’est très important. Parce que sur Flowstate, si j’arrête d’écrire pendant cinq secondes, tout disparaît. Tout. Je dois continuer à écrire, sous peine de tout perdre. C’est l’intérêt et la malédiction de cette application.
Sur Flowstate, si j’arrête d’écrire pendant cinq secondes, tout disparaît. Tout.
Vous avez l’impression que je me dépêche ? Moi oui. Je choisis moins mes mots, je peste à chaque faute de frappe. Heureusement que je tape vite ! J’ai l’impression de courir devant un train lancé à pleine vitesse, de lancer mes mots sur les rails : si je dérape, si je me prends le pied, si je bute sur un terme, une expression, je perds tout.
Là par exemple je ne savais pas quoi écrire donc j’écris pour écrire. J’écris pour remplir le vide, l’attente et le suspense. Il me reste deux minutes cinquante-huit, cinquante-sept, cinquante-six secondes. Ça file vite, j’ai mis le curseur de sauvegarde au plus bas. J’ai écrit quatre paragraphes en deux minutes et demie. C’est beaucoup.
J’ai écrit quatre paragraphes en deux minutes et demie. C’est beaucoup.
Flowstate, c’est une appli pour laisser couler. Pour l’écriture automatique et la page blanche. J’ai fait un test au début pour voir mon texte disparaître ; il s’efface lentement, ne laissant plus que le blanc et le curseur. Qui me dit « Vas-y », qui me dit « Recommence », qui me dit « Tu peux le faire » mais qui me dit aussi « Attention ».
La seule façon de conserver votre travail est de continuer à avancer jusqu’à ce que votre session soit complète. Bonne chance.
Attention, as-tu bu, mangé, faim, soif ? As-tu envie de faire pipi, de t’allumer une cigarette, as-tu éteint le lave-linge et donné à manger au chat ? Parce que tu ne peux pas t’interrompre pour ces tâches triviales. Tu dois écrire, tu dois laisser courir, taper comme si demain n’existait pas.
Je ne sais toujours pas quoi écrire mais j’écris, je ne veux pas perdre ça, c’est déjà un article, c’est déjà fait. En quatre minutes. C’est fou, Flowstate, finalement. Je ne peux pas tout écrire comme ça mais j’aime écrire comme ça. L’urgence me motive soudain, m’interdit de me planter. Je ne sais pas écrire mais j’écris et du coup je me rends compte que j’aime écrire comme ça, alors je l’écris.
Alors j’écris.
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Trente-sept secondes.
Je ne sais pas écrire mais j’écris et du coup je me rends compte que j’aime écrire comme ça.
Comment les remplir ? Comment les meubler ? Mon texte rase le bas de mon écran maintenant. Le saut de page est proche mais il n’y a pas de pages sur Flowstate, pas de compteur de mots. On remonte simplement d’une ligne pour avoir tout sous les yeux.
Sept
Six
Cinq
Quatre
Trois
Deux
Un
Sauvegarde.
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