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Société

Qui sont les femmes « incels », qu’aucun homme ne désire ?

Les incels et les femcels sont des hommes et des femmes qui rejettent la faute de leur célibat sur leur physique, qui ne correspond pas aux critères de beauté. Pourtant, bien des différences les séparent.

Sur mad, Mymy t’avait déjà parlé de la communauté des incels, des hommes célibataires involontaires (incels est la contraction de « involuntary celibates ») qui deviennent parfois misogynes et violents.

Qui sont les incels ?

Ces hommes pensent que la cause de leur célibat et de leur échec amoureux, social ou professionnel réside dans leur apparence et/ou personnalité qui ne seraient pas « désirables » selon la société.

Conséquence de leurs frustrations ? Parfois, cela débouche sur une haine profonde pour les femmes qui ne veulent pas coucher avec eux. Allant, dans des cas rares mais marquants, jusqu’à des actions d’une violence inouïe.

Elliot Rodger est la première personne se revendiquant incel à avoir perpétré un acte violent.  Le 23 mai 2014, il a abattu six personnes dans un campus américain avant de se suicider. Juste avant, il avait lancé ce message sur YouTube :

« Je ne sais pas pourquoi vous les filles, vous n’avez jamais été attirées par moi, mais je vais vous punir pour tout ça. »

Le 23 avril 2018, nouveau drame : l’incel Alek Minassian louait un véhicule et fonçait dans des passantes à Toronto. L’attaque a tué 10 personnes et a fait une quinzaine de blessées, en majorité des femmes.

Dans un post Facebook, il avait salué l’acte d’Elliot Roger.

Qui sont les femcels, les femmes incels ?

Les incels ont leur pendant féminin, les « female incels », ou « femcels ». Ces femmes subissent également un célibat involontaire qu’elles attribuent à une « non désirabilité » sexuelle (« unattractivity » en anglais). 

Une enquête passionnante leur a été consacrée dans le magazine MEL, sur laquelle je vais m’appuyer pour te présenter cette communauté.

Comme les incels, les femcels considèrent que leur non désirabilité les empêche d’avoir une vie amoureuse, sociale ou professionnelle normale.

Mary, citée dans MEL, est une femme noire atteinte d’hypothyroïdie et du syndrome des ovaires polykystique. Ces maladies ont favorisé son obésité et l’ont détournée du « marché du sexe », comme elle l’explique :

« Selon les standards de la société – même si on sait tous que ce sont des conneries – je suis tout ce qu’une femme désirable ne devrait pas être. C’est un sentiment terrible, qui me fait me sentir extrêmement seule. »

Les femcels se rassemblent entre autres sur le groupe r/Trufemcels sur Reddit. Elles s’y épanchent sur leur intense mal-être et se soutiennent les unes les autres, sur la base du rejet qu’elles vivent.

Si tu souffres toi-même d’un fort manque de confiance en toi à cause de complexes physiques, je te déconseille de visiter ce groupe Reddit, car le contenu est très dur à lire… l’heure n’est pas au verre à moitié plein.

Sur le réseau social, les femcels publient des posts où se mêlent dépréciation d’elles-mêmes, soutien de leurs « soeurs » et jalousie provoquée par les autres femmes.

Celles qui ont, selon les femcels, un capital « normal » ou « supérieur » de désirabilité.

Voici un petit tour d’horizon du vocabulaire qu’utilisent les femcels pour catégoriser les personnes en fonction de leur désirabilité. Ces termes sont partagés par la communauté incel.

Les femcels et les incels classent les personnes sur une échelle de la désirabilité allant de 1 à 10.

  • Eux-mêmes occupent le classement le plus bas, avec une note de 4 ou moins.
  • Les Normies se situent à 5 ou 6 ; ces hommes et ces femmes ne sont ni extrêmement désirables, ni non-désirables.
  • Les Beckys sont des femmes avec une note de 6 ou 7, elles sont assez désirables.
  • En haut du classement règnent les Stacys, les femmes considérées comme les plus désirables avec une note de 8 ou plus.
  • Elles entretiennent en général une vie sexuelle avec leurs pendants masculins, les Chads, les hommes qui sont attirants sexuellement.

Mais la ressemblance entre incels et femcels s’arrête là.

Même au sein des célibataires involontaires, il n’y a pas de solidarité de genre. Les incels et les femcels sont différents, allant même jusqu’à se détester. Je vais t’expliquer pourquoi.

La violence, différence fondamentale entre incels et femcels

Incels et femcels partagent un sentiment d’exclusion dû à leur non-désirabilité et un certain vocabulaire, mais se comportent différemment.

Les femcels ne sont pas violentes, contrairement à certains de leurs homologues masculins. Le ressentiment qu’elles éprouvent à cause de leur rejet, elles le retournent contre elles-mêmes, mais pas contre les autres.

Selon l’article de MEL, elles rentrent même en empathie avec les hommes qui les rejettent. A propos de ses anciens crushs, Phoebe dit : 

« Je ne peux pas leur reprocher de m’avoir rejetée. Je ne voudrais pas sortir avec moi-même non plus. J’étais collante, bizarre, moche et malade mentalement. »

Si elles jalousent les personnes désirables et les taclent sur Reddit, elles n’en viendraient pas à les attaquer et à les blesser.

Selon la Professeure en psychologie Deborah Tolman interviewée par MEL, ce genre de réaction n’est pas spécifique aux femcels.

Elle est partagée par beaucoup de femmes car elle correspond à un stéréotype féminin intériorisé par le phénomène de socialisation.

La socialisation genrée implique en effet que les petits garçons et les petites filles se voient attribuer des rôles différents par le biais des parents et de l’entourage.

Ces rôles de genre sont aussi relayés par les médias, la pub ou les œuvres culturelles — la société, quoi.

Par exemple, les filles apprennent qu’elles ont le droit de pleurer, d’être sensible et d’être fragile. Les garçons devront quant à eux se montrer forts et dominants, voire violents.

L’absence de solidarité entre incels et femcels

Tu l’auras compris, les communautés incels et femcels sont loin d’être amies. La communauté incel considère tout bonnement que les femcels n’existent pas. Ou bien les haïssent.

Les incels considèrent en effet qu’il est impossible que des femmes soient des célibataires involontaires.

Selon eux, toutes les femmes, désirables ou pas, ont la possibilité d’avoir une vie sexuelle avec un homme. Eux-mêmes seraient en effet capables de coucher avec n’importe quelle femme du moment qu’elle veuille bien d’eux.

S’ils reconnaissent leur existence, ils considèrent que les femcels sont en réalité des « volcels », des célibataires volontaires. Ils les accusent d’être « picky », c’est à dire d’être difficiles.

Pour résumer, les femcels sont tout simplement ENCORE des femmes qui refusent de coucher avec eux et participent à leur mal-être.

Cette vision des choses découle elle aussi d’une socialisation masculine qui voudrait que la sexualité de l’homme soit incontrôlable, dénuée de « standards », et que les femmes se doivent de la satisfaire.

Ce que les hommes incels ne comprennent pas au sujet des femcels

Plusieurs angles morts existent cependant dans l’argumentaire incel.

Et ils sont pour la plupart liés à cette fameuse société genrée, dans laquelle les hommes et les femmes n’ont pas tout à fait la même vie.

Le plaisir féminin est loin d’être garanti lors d’un rapport hétérosexuel

Premièrement, les incels ne comprennent pas que les femmes n’ont pas forcément d’intérêt à coucher avec le premier venu du point de vue du plaisir.

Il existe en effet un « orgasm gap », ou fossé orgasmique, au sein des rapports hétérosexuels.

Selon un sondage national mené aux Etats-Unis, pour un orgasme rapporté par une femme, les hommes en ont déclaré trois.

Les résultats indiquent que les hommes hétérosexuels atteignent l’orgasme 95% du temps.

Cette étude illustre une construction de la sexualité pensée pour le plaisir masculin, dans laquelle les femmes ressentent moins de plaisir. 

En effet, elle démontre que le fossé orgasmique n’est pas lié à des facteurs anatomiques ou biologiques, mais aux pratiques sexuelles.

La disparité est en effet moins importantes chez les personnes homosexuelles : 86% des femmes lesbiennes atteignent presque toujours l’orgasme pendant un rapport.

Bref, il sera plus rare pour une femme de ressentir du plaisir si elle couche avec un homme, alors à quoi bon le faire avec le premier venu ?

Les hommes sont parfois des dangers pour les femmes

Dans notre société où les hommes dominent, ils sont parfois un danger pour les femmes.

Les femcels aimeraient coucher avec des hommes, certes, mais elles n’ont pas envie d’être victimes de violences sexuelles ou de violence tout court.

Par exemple, en France :

 99% des personnes condamnées pour violences sexuelles sont des hommes, selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes.

Selon la même source, en 2018, 88% des victimes pour violences commises par le partenaire enregistrées par les services de police et de gendarmerie sont des femmes.

Selon le collectif « Féminicides par compagnon ou ex », 149 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2019.

Ce que les incels oublient quand ils dénigrent les femcels, c’est que pour une femme, coucher avec un homme, ça peut être dangereux.

Coucher avec un homme ne rassurera pas forcément une femme complexée

Last but not least, les femcels refusent de coucher avec un homme si celui-ci abîme encore plus leur estime d’elles-mêmes.

C’est ce qu’explique Mary, une femcel citée dans l’article de MEL :

« Si tu es une femme et que tu as un vagin, il y a forcément un homme quelque part qui voudrait coucher avec toi.

Maintenant, si son hygiène laisse à désirer, […] s’il te stigmatise, s’il abuse de toi et te traite de « grosse vache » après, si tu te sens encore plus mal vis-à-vis de toi-même qu’avant, eh bien, c’est non négociable.

Je suis certaine que n’importe laquelle d’entre nous pourrait s’installer derrière une benne à ordures et laisser le premier flic drogué faire son affaire, et n’importe quel incel pourrait le faire aussi.

Mais qui veut de ça ? Qui a envie de tomber si bas ? »

Ce que veulent réellement les femcels, ça n’est pas simplement du sexe, mais du respect, de l’échange, voire de l’amour.

Les femcels, l’extrême conséquence des complexes

Les femcels sont une illustration extrême des conséquences néfastes que peuvent avoir les complexes physiques.

Les complexes physiques sont malheureusement le lot de beaucoup de femmes, qu’elles aient un physique éloigné des standards de beauté… ou pas.

La raison ? La société nous a appris que la valeur des femmes était indexée sur leur physique. Le corps féminin est le siège de tas d’injonctions, de normes et de jugements.

Ce qui amène de nombreuses femmes, comme les femcels, à s’interdire de chercher des relations sentimentales ou sexuelles, parce qu’elles ne pensent pas les mériter.

Les complexes sont causés par l’écart entre ce que nous croyons être et ce que nous pensons devoir être, mais ils ne correspondent pas forcément à ce que les autres pensent de nous. En prendre conscience, c’est déjà un pas vers leur guérison.

Chez mad, la philosophie est de lutter contre les complexes, et de t’aider à les dépasser !

Je te donne ici une liste de conseils pour t’aider à niquer tes complexes :

  • Lister ce qu’on aime chez soi
  • Apprendre à mettre ses atouts en valeurs
  • En parler avec un ou une psy
  • Donner de l’amour à son corps avec une bonne alimentation, du sommeil, du sport
  • Arrêter de se comparer aux autres, célébrer ce qui fait qu’on est unique
  • Diversifier ses modèles de beauté
  • Faire une séance photo
  • Oser se montrer et constater que la Terre ne s’écroule pas quand on le fait
  • S’entourer de personnes bienveillantes

Si tu veux en savoir plus, je te laisse lire cet excellent article de QueenCamille.

À lire aussi : L’attaque de Toronto était un attentat terroriste et misogyne, perpétré par un « incel »


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Les Commentaires

63
Avatar de MissSibylline
8 avril 2024 à 18h04
MissSibylline
@Kettricken : ton témoignage me touche beaucoup, on a eu effectivement des similitudes dans notre parcours. Je te souhaite beaucoup de longues années de bonheur dans ton couple Un seul, quand c'est le le bon, pas besoin d'autre! Je suis aussi assez d'accord avec ta statistique tirée du chapeau . J'ai aussi remarqué que certaines personnes arrivent à avoir une manière très raisonnée de choisir un partenaire : "ok, il a une bonne situation, il a l'air honnête, on a des centres d'intérêts communs, il veut aussi des enfants dans 5 ans et veut habiter dans la région". ça m'épate, j'ai vraiment connu des filles comme ça. Elles font des rencontres après une première sélection sur Adopte ou Tinder et ensuite elle m'expliquent comment elles arrivent à faire le tri de façon rationnelle, comme lors d'un entretien d'embauche parce qu'elles veulent "ceci" ou "cela". j'en connais une qui voulait un médecin, car ça gagne bien sa vie, musulman, comme elle, et qui veuille avoir vite des enfants pour ne pas que se crée un attachement à la vie de couple Bah elle a trouvé et la dernière fois qu'on s'est vues, avait deux enfants et très contente car son mari faisait des congrès aux Antilles. ça lui permettait de faire des photos pour rendre les copines envieuses sur les réseaux sociaux . Moi j'ai besoin de sentir une connexion, une complicité, et d'être surprise par la vie, de me découvrir attirée par quelqu'un de différent de moi, quelqu'un dont je n'aurais pas forcément cru tomber amoureuse, mais je ne sais pas quelle magie, il se passe quelque chose. Et ça m'ouvre à un autre monde, d'autres centres d'intérêts, d'autres façons de penser.. Comme quoi on fonctionne vraiment différemment.
C'est très douloureux c'est pour ça que je ne l'ai pas mentionné, mais pendant mon désert affectif de 17 ans, j'ai eu une histoire il y a 10 ans, ce serait long à expliquer, mais il m'a cherchée puis fuie pendant un an et demie. J'en étais dingue, il soufflait le chaud et le froid, je le désirais à en devenir folle au point où je me suis brouillée avec des amies qui n'en pouvaient plus de mes états. Il m'avait écrit des messages, où il parlait de sentiment, qu'il voulait que je lui fasse découvrir Paris. Et quand je lui proposais "ah non, on s'est mal compris". Un midi on devait déjeuner ensemble, enfin je me suis dit!! J'étais trop contente, papillons dans le ventre. J'arrive dans le resto, il a amené une autre fille, une connaissance commune. La gênance Mais on passé l'après-midi ensemble,c'était très sympa et puis rien de spécial. Et quand je profite des vacances où il n'est pas à Paris et moi non plus pour essayer de l'oublier, il m'envoie un message où il me dit qu'il déménage, qu'il va bientôt habiter dans le meme quartier, on sera voisins, on pourra se voir.. Donc l'automne venu, je l'ai invité à anniversaire, seule fois où j'ai eu le courage d'inviter plein d'amis au resto, c'était super sympa, j'ai relevé le défi de sortir de ma zone de confort, et comme il était celui qui habitait le plus près, il s'est retrouvé "obligé" à m'aider à porter mes cadeaux chez moi (précisons qu'il est le seul à ne m'avoir rien offert :facepalm
J'en tremblais d'émotion, quand j'ai ouvert la porte de chez moi, à 1h00 du mat, imaginez, j'étais avec celui pour lequel je brûlais de désir depuis 18 mois,, seule, la nuit. Bah à peine entrés et les cadeaux posés, quand je lui ai proposé de boire qqch, il m'a dit d'un air exaspéré que non, il devait rentrer, et puis que de toutes façons, "je ne le connaissais paaaaas" (imaginez la situation dans mon entrée, lui en mode "mais tu peux paaaaas compreeeeendre" :rire , et puis.. Il a fini par consentir à rester en mode "pff, c'est bien parce que je suis gentil". C'était terriblement embarrassant, mais pour moi, cela a été une nuit magique, faire l'amour encore et encore à quelqu'un que je désirais tant, passer ma main dans ses cheveux, découvrir et caresser chaque partie de son corps.. c'était aussi l'époque où je pense que j'étais objectivement belle, mince. et rayonnante. Quand je vois les photos de cet annif, dans ma jolie robe, les yeux qui pétillent, je trouve que j'étais toute mimi. Avant qu'il ne parte (il n'est pas resté dormir) j'ai eu droit évidemment à un charmant "don't have any expectations", et je ne l'ai jamais rappelé, j'ai tenu bon, c'est lui qui l'a fait. J'ai refusé de le laisser venir chez moi quand il appelait tard et bourré, sans doute après une soirée où il devait se dire qu'après tout il aurait bien tiré son coup. Un soir, il a fait l'effort de réserver sa soirée, il est même venu avec une bouteille de vin, tout ça pour me dire le lendemain matin qu'il avait une copine dans son pays en fait, et voilà, qu'il l'aimait blabla.
J'ai eu le coeur brisé en mille morceaux, piétiné, mais j'ai tenu bon, je ne l'ai pas rencontacté en me disant que je ne lui répondrais pas de toutes façons, mais malheureusement, je l'ai croisé deux semaines plus à une soirée dans un bar avec des amis communs, et bien que je l'aie évité, il était ivre, m'a poursuivie après la soirée et j'ai craqué. Il est parti le lendemain, alors que je pleurais de douleur à genoux par terre, c'était pitoyable. Je savais que je ne le reverrais pas (il repartait dans son pays) et j'ai préssenti que je repartais pour encore de longues années sans rien (7 ans avant lui, et j'en suis à plus de 10 ans après lui aujourd'hui). j'ai littéralement hurlé de douleur prostrée sur le sol chez moi, et j'ai fait une très très sérieuse dépression, j'ai pris 20 kilos en 3 mois sans manger plus que d'habitude, plus rien ne me faisait plaisir. J'ai guéri progressivement en bingewatchant plein de séries pour m'évader et ne plus penser, mais j'ai senti, et je le sens toujours un peu que cette histoire m'avait comme "castrée". A brisé quelque chose en moi. J'ai osé lui écrire le fond de ma pensée un an après, quand j'ai réussi à dire les choses calmement, sans colère ni haine. Il m'a répondu un mois après, pour me dire q'uil était désolé qu'il n'avait pas voulu me faire de mal. Un an après il m'a réécrit pour me dire qu'il avait conscience d'avoir mal fait, que sa copine l'avait aussi quitté, qu'il avait le coeur brisé car elle l'avait probablement remplacé, blabla, que ce que je lui avais dit dans mon mail était vrai et avait pris sens au fur et à mesure du temps. Qu'il n'avait jamais rencontré qqn d'aussi sensible que moi et se rappelera de moi pour ça et qu'il espérait que je lui pardonnerais un jour. Mais rien qui indiquait qu'il avait eu des sentiments pour moi ou de l'attirance. Je suppose qu'il allait se marier et écrivait pour se soulager la conscience, ça n'appelait pas de réponse.
Ensuite, j'ai eu des coups de coeurs, des moments magiques avec certaines personnes, plein de signes qui semblent être ceux de l'attirance, mais je me suis toujours plantée, puisque même en laissant la porte ouverte, le moyen de me recontacter, ou en proposant des trucs, rien. Je ne sais plus comment faire, si je dois montrer mon attirance, la cacher, feindre le désintérêt total, être avenante, être froide et distante ou être souriante. Quoi que je fasse, ça ne marche pas. Et il y a clairement des mecs qui me cherchent, je ne suis pas complètement folle, j'en arrive à faire des cellules de crise avec des copines et aussi des amis masculin, pour analyser messages, situations, demander si je rêve, si ça veut dire quelque chose, parce que je suis désaxée. Les amis me disent "fonce, c'est clair que tu lui plais enfin!", "lance-toi, sinon tu vas le regretter" Et puis non, rien. J'ai connu des mecs qui m'ont littéralement torturée. Un par exemple, qui semblait me draguer depuis quelques semaines, était très prévenant (c'était pas longtemps après la mort de ma soeur, parfois je m'effondrais en larmes) m'a invitée à déjeuner, m'a proposé des sorties. Il était (beaucoup) plus petit que moi, pas mon genre, objectivement pas un "beau gosse". On était pas amenés à travailler ensemble, mais on se voyait pendant la pause et on avait des amis communs. Petit à petit, j'ai réalisé que j'étais tombée sous son charme et commençais à avoir des sentiments et de l'attirance. Et puis lors d'une pause au taf, il me propose de venir à une soirée qu'il organisait chez lui le samedi suivant. Il me dit, "regarde ton téléphone, je t'ai envoyé une invitation". Je dis, ok, je regarderai plus tard. Il me dit "non, regarde maintenant", un grand sourire aux lèvres, je ne l'oublierai jamais ce sourire. Et le SMS dit "XX et Mélanie vous invitent chez eux ce samedi pour..." . Oui, je l'ai appris après, il vivait avec sa copine depuis des années en fait, copine qui deviendra sa femme quelques années plus tard et la mère de son enfant. Superbe coup de poignard dans le coeur. Bravo, bien visé .
Un autre, un ami d'ami, m'inviter à prendre un verre un parès-midi, sous prétexte que je l'aide pour un truc précis. Je dis ok, on s'entend bien, on s'est vus quelques fois, je suis restée assez distante mais j'avoue, il me plaît, j'aime bien sa personnalité mais je garde l'objectif "je suis là pour l'aider pour son projet". Quand j'arrive, il me dit qu'il m'a reconnue juste au bruit de mes talons. Il me dit ensuite que j'ai une très belle écriture en me regardant dans les yeux.Me fait plein de compliments. Puis il a passe le reste du temps à me raconter comme il a rencontré sa fiancée, leur coup de foudre dans l'ascenseur, leur projet de mariage.. Honnetement je ne sais pas comment j'ai réussi à rester digne dans ces moments de pure cruauté. Finalement, il n'avait même pas l'air très attentif quand j'ai essayé de recentrer sur le projet dont il était question.
Et j'en ai connu d'autres. A ce jour, je ne comprends pas ces attitudes. J'ai beaucoup questionné les psys que j'ai vus, mes amies, mes amis hommes, je n'ai jamais trouvé de réponse. On parle souvent des hommes qui veulent coucher, et les femmes qui voudraient des sentiments. Moi, je ne rencontre que des hommes qui veulent mon attention, que je cède à leurs avances et une fois qu'ils l'ont, ils sont contents. Même pas envie de coucher avec moi. Tout récemment je me suis dit que peut-être, c'était une autre forme de destruction et d'humiliation que le viol. J'entends par là que le viol est un acte de destruction d'une femme qui représente celle qui a osé dire "non" à un mec imbu de son égo. Si ce n'est pas celle qui a dit non, ça sera "la belle fille là, dans la rue, qui a l'air fière de sa beauté et qui a tout l'air de cette connasse qui s'est refusé à moi. Elle payera pour elle, elle doit être rabaissée, humiliée". Peut-être que ces hommes ont aussi éprouvé un plaisir sadique à m'humilier en m'amenant à céder à leurs avances, à devenir faible et rougissante, pour ensuite avoir le plaisir de dire "non, je déconne". Peut-être que j'incarne par ma taille, par une certaine indépendance d'esprit et force de caractère quelque chose qui "dérange" des mecs qui ont un souci d'égo ou le patriarcat et mérite d'être remis à sa place? Ou juste j'ai quelque chose chez moi qui attire ça? C'est écrit sur mon front "vous allez vous marier? venez vous rassurer sur votre pouvoir de séduction avant sur moi, c'est gratuit et sans engagement". Je ne sais pas. J'esaye de comprendre. Un cas, ok, mais pourquoi plusieurs comme ça? Pourquoi on n'en parle jamais dans les médias ?, j'ai jamais lu d'histoires similaires :'(
Aussi, je suis complètement paumée et traumatisée de ces expériences. Je suis tombée sur cet article car en ce moment j'ai rencontré quelqu'un dans le contexte professionnel qui me perturbe, et je cherche des réponses (au cas où...) Et google m'a envoyée vers les "femcel" . C'est assez magique comme on a une connexion, il est souvent le premier ou le seul à comprendre mes blagues ou mes jeux de mots, il est hyper prévenant à se lever chercher ce dont j'ai besoin alors même que je ne l'ai pas formulé, il me regarde attentivement et avec insistance avec un sourire adorable, il me fait beaucoup rire, il est hyper cultivé, intelligent et vif d'esprit, il cherche souvent à capter mon attention et je le trouve attirant. J'ai parfois commencé des phrases qu'il termine, où on comprend la même chose au même moment alors que ça échappe aux autres, et on se sourit, c'est juste magique d'une certaine façon. Ce sont "des moments de grâce" comme dirait NKM et chaque fois que je le vois, je suis sur mon nuage, j'ai envie de parler de lui à tout le monde. Et comme je suis paumée, je lis des articles pour savoir comment on reconnait un mec qui s'intéresse à soi. J'ai honte de l'avouer, mais je ne sais plus, j'ai l'impression de ne pas avoir les codes. Je me suis d'abord persuadée qu'il devait être homo pour me calmer et rester pro, qu'un mec beau et sympa et prévenant, il pouvait pas être hétéro, c'était trop beau pour être vrai. Ce truc a assez bien marché pendant 3 semaines et une de ses réflexions a indiqué que non, donc zut, je suis redevenue vulnérable.
Alors je suis comme Milou dans Tintin, avec l'ange d'un côté et le démon de l'autre. Une partie de moi a envie d'y croire, je me dis "oui, tu as grossi, tu es plus âgée que lui, tu n'es pas au summum de ta beauté ni la beauté absolue, mais tu ne te résumes pas à des nombres, tu es aussi une personne, ce que tu dégages, tu mérites d'être aimée comme les autres". Et puis l'autre voix me dit "ne te fais pas d'illusion, tu as vécu plein de fois ce type d'histoire, quand votre relation professionnelle sera terminée dans 3 semaines, non, il ne profitera pas de la fin du "conflit d'intérêt" possible pour te contacter, il t'oubliera aussi vite que les autres. Tu es juste un jeu. Toi tu t'attaches aux autres, mais l'inverse n'est pas vrai. Comme les autres. protège-toi, ne te fais pas d'illusion, ne donne pas de signe d'attirance, ça évite d'entretenir tes illusions et ça protégera ton égo."
Et en même temps, je suis toujours cette petite fille optimiste qui a envie de faire confiance aux autres et à l'avenir même quand elle se prend des claques.. Ma psy m'avait exaspérée à me dire dans les cas précédents "génial, c'est une pulsion de vie!", comme si avant j'avais été dépressive et indifférente aux hommes que j'avais pu croiser et que tomber amoureuse c'était quelque chose de chouette. Non, comme dit la chanson" moi je tombe amoureuse comme on tombe d'une chaise". Pour moi, ces attirances sont de terribles tremplins qui me font voir les étoiles d'un peu plus près mais qui me font ensuite me fracasser de plus haut et me faire mal à chaque fois. Et je me relève et je recommence. J'en arrive parfois à me dire que je devrais changer de taf, faire quelque chose où je n'ai pas à rencontrer plein de nouvelles personnes tout le temps, aller habiter dans un chalet en pleine montagne entourée seulement d'animaux, éviter les soirées, refuser les anniversaires d'ami.e.s, ne pas participer aux soirées qui permettent de faire de nouvelles connaissances. Mais je me dis que j'aime justement rencontrer des personnes, que ça me nourrit... Et puis je me fais aussi des amis, hommes comme femmes, et c'est le sel de la vie. Mais je voudrais juste arriver à ne plus ressentir d'attirance et me libérer de cette vulnérabilité qui me fait si mal et me tourmente tellement
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