C’est une tribune signée par de nombreuses personnalités que publie le site du magazine Têtu, de Rokhaya Diallo à Fatima Daas, en passant par des hommes et des femmes politiques de gauche. Leur demande ? Que la France reconnaisse les victimes de sa répression homophobe passée.
Car certains ont peut-être tendance à l’oublier, tant les évolutions récentes dans la loi comme dans les mentalités, font croire que tout va pour le mieux quand on fait partie de la communauté LGBTI+. D’une, c’est loin d’être complètement vrai, et il reste BEAUCOUP à faire. De deux, l’époque où l’homosexualité était réprimée et où aimer une personne de même sexe signifiait souvent se cacher n’est pas si lointaine.
Le 4 août 1982, quand la France a « dépénalisé » l’homosexualité
D’abord, un peu d’histoire.
En décembre 1981, Robert Badinter, alors ministre de la Justice qui va aussi se battre pour l’abrogation de la peine de mort et Gisèle Halimi, députée apparentée socialiste et avocate bien connue qui a tant œuvré pour les droits des femmes, montent au perchoir.
Tous deux défendent une promesse de campagne de François Mitterrand, qui vient d’être élu Président, celle de dépénaliser l’homosexualité.
Le projet de loi vise en effet à abroger l’alinéa 2 de l’article 331 du code pénal, qui punit « les actes impudiques ou contre-nature commis avec un mineur de même sexe », une modification faite sous le régime de Vichy.
Sur le site Hétéroclite, le journaliste Romain Vallet apporte des précisions sur cette loi et surtout sur le « deux poids deux mesures » qu’elle implique, puisque la majorité est à l’époque fixée à 21 ans, et ce depuis 1907, mais que concernant les relations hétérosexuelles, « le consentement peut être déclaré recevable dès… treize ans (15 ans à partir de 1945) » :
« Cette disposition est conservée à la Libération, dans un contexte viriliste qui associe fréquemment l’homosexualité au fascisme vaincu. En 1960, l’amendement Mirguet (du nom du député gaulliste qui l’avait proposé) double la peine minimum pour outrage public à la pudeur dans le cas de rapports homosexuels. »
Le projet de loi sera finalement adopté le 4 août 1982, soit il y a presque 40 ans, et clôt une page sombre de l’histoire française.
On parle souvent de cette date comme celle de la dépénalisation de l’homosexualité, ce qui est finalement un peu impropre, puisqu’il s’agit comme expliquait précédemment, d’avoir levé une discrimination inscrite dans la loi et basée sur l’âge du consentement.
Une reconnaissance nécessaire du passé homophobe de la France
Aujourd’hui, à l’approche de cette date anniversaire, les signataires de la tribune espèrent une prise de conscience du passé homophobe de la France pour ceux qui ont été persécutés par la police, punis par ces lois, et aussi plus globalement pour reconnaitre l’effet de ces mesures sur notre société :
« Aux milliers de condamnés il faut ajouter ceux, innombrables, qui ont connu les effets de la répression, les raids dans les lieux de rencontres, le « panier à salade » de la police où les homosexuels étaient embarqués comme des criminels.
Finalement, par cette épée de Damoclès placée au-dessus de leur tête, c’est toute une génération de personnes LGBTQI+ qui a vécu dans la peur, sous la menace de la loi homophobe. Beaucoup, comme Michel Chomarat, sont encore vivants. »
La tribune appelle à prendre exemple sur d’autres pays, reconnaître ou même indemniser, comme le fait l’Allemagne, les personnes qui ont subi cette répression.
Une pétition est disponible en ligne afin de demander à la France de reconnaitre celles et ceux qui ont subi ces lois.
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Crédit photo : Wendy Wei via Pexels
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