En opération de communication dans les Caraïbes pour avoir l’air charmants, les héritiers de la couronne d’Angleterre Kate & William échouent lamentablement. Alors que la Barbade vient officiellement de quitter son assujettissement au Royaume-Uni le 29 novembre 2021, la Jamaïque, quant à elle, appelle aux réparations.
Parmi les nombreux fiascos sur place, le prince William a refusé de s’excuser pour l’esclavage, tandis que la princesse Kate a eu un mouvement de recul devant la ministre de la culture jamaïcaine, Olivia Grange. Alors qu’ils devaient visiter une ferme de cacao baptisée Akte’il Ha du côté d’Indian Creek , le Duc et la Duchesse de Cambridge ont dû annuler face à la véhémence d’habitants qui y étaient vivement opposés.
Avant même d’arriver sur le sol jamaïcain, des militants s’étaient déjà rassemblés devant la Commission royale britannique à Kingston et ont appelé à des excuses et à des réparations pour l’esclavage lors d’une manifestation organisée par l’alliance Advocates Network, rapporte le média Dazed.
L’opération de communication ratée de William & Kate en Jamaïque
Sur Twitter, des internautes s’insurgent également de la tournée caribéenne de Kate & William dans les anciennes colonies britanniques, qui pue les clichés exotisants, offensants, parfois racistes :
« C’est tellement grave. »
« Pourquoi les [héritiers de la couronne] ne rencontrent que des gens en train de danser en Caraïbes et non des personnes du monde des affaires ou des économistes ? »
« [Les membres de la couronne britannique] se voient comme de grands libérateurs et sont ravis d’être traités et célébrés comme tel. L’inconvénient de compter parmi les pires pillards et esclavagistes que la planète ait jamais vus leur a complètement échappé. »
« Beaucoup de personnes disent que c’est une bonne opération de ‘relations publiques’ que de les voir danser avec des locaux mais qui pense que c’est positif ? Seulement les touristes blancs. Vous dites que cette visite sert d’initiative pour le tourisme afin d’inciter les étrangers à venir, mais RIEN n’est fait pour aider le pays en lui-même ? Intéressant. »
« Kate Middleton fait littéralement du cosplay de la visite de la Jamaïque par la monarchie 60 ans auparavant. Qui dirige leurs relations publiques ? Le colonialisme est tellement dégradant, à quoi bon copier le passé dégradant plutôt que de progresser pour l’avenir ? C’est une blague. »
« Commencer par des excuses et des réparations »
Auprès de Dazed, une militante qui a préféré rester anonyme a expliqué combien il était insensible et même irresponsable d’imposer cette tournée royale à un pays où de nombreuses personnes peinent à survivre, a fortiori depuis le Covid :
« Comment pouvons-nous traiter les Jamaïcains de manière si injuste, demander à certains membres du personnel hospitalier de rester à l’écart pour ne pas gêner la visite de la famille royale, éviter les manifestants de nos rues et réduire les acteurs culturels à un simple spectacle pour célébrer une institution fondée sur l’exclusion et le racisme et le silence des premiers concernés ? »
Rapporté par Dazed également, une lettre de The Advocates Network (un réseau de militants) précise le contexte historique dans lequel s’inscrit cette visite jugée de plus en plus offensante :
« Nous ne voyons aucune raison de célébrer les 70 ans de l’ascension de votre grand-mère au trône britannique, car nous pensons que son leadership et celui de ses prédécesseurs ont perpétué la plus grande tragédie des droits de l’homme de l’histoire de l’humanité.
Pendant ses 70 ans sur le trône, votre grand-mère n’a rien fait pour réparer et expier les souffrances de nos ancêtres pendant toute la période de la traite britannique des Africains, de l’asservissement, de l’engagement et de la colonisation.
[…] Vous [William & Kate], qui dirigerez peut-être un jour la monarchie britannique, êtes les bénéficiaires directs de la richesse accumulée par l’État britannique au fil des siècles, y compris celle résultant du trafic et de l’esclavage des Africains. Vous avez donc l’occasion unique de redéfinir les relations entre la monarchie britannique et le peuple jamaïcain. Si vous choisissez de le faire, nous vous exhortons à commencer par des excuses et la reconnaissance du besoin d’expiation et de réparations.»
La Jamaïque ne veut plus de la Couronne d’Angleterre sur ses terres
Pour rappel, après l’arrivée de Christophe Colomb en 1494, l’Espagne s’est déclarée maîtresse de l’île caribéenne, y réduisant en esclavage les Taïnos (la population autochtone, une ethnie issue de la tribu mère des Arawaks présents dans les grandes et petites Antilles) quand ils ne se suicidaient pas avant.
À partir de 1517, l’Espagne achemine ses premières soutes de personnes africaines réduites en esclavages, jusqu’à ce que le Royaume-Uni ne s’empare de la Jamaïque en 1655 et prenne le relai des déportations de centaines de milliers de personnes.
Depuis l’abolition de l’esclavage en Jamaïque en 1834, l’île bataille encore avec les répercussions psychologiques (traumas intergénérationnels notamment), sociales, et économiques de plus de trois siècles de traite négrière par le Vieux Continent. Depuis l’indépendance de la Jamaïque prononcée en 1962, la Reine d’Angleterre reste officiellement chef de l’État. Mais aujourd’hui, une majorité de Jamaïcains, nourrie notamment par le mouvement Black Lives Matter, à la portée internationale, souhaitent que Élisabeth II soit destituée. Et que la Jamaïque devienne enfin une République indépendante.
Alors que William & Kate viennent d’attérir aux Bahamas, leur tournée d’îles paradisiaques risque de continuer d’être infernale.
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Crédit photo de Une : Capture d’écran Twitter.
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