Une nouvelle fois, la polémique a pris racine sur Twitter… Cette fois-ci, il s’agit d’une vidéo présentant un groupe de femmes en body et hautes bottes noires qui ont défilé devant des soldats du bataillon Ayacucho, le 5 juin dernier, à Manizales, dans le centre de la Colombie.
En quelques jours, la séquence est devenue virale sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’internautes ont qualifié cette parade de misogyne et ont appelé l’armée colombienne à revoir son approche du genre.
Une agence de mannequins aux commandes du défilé sexiste
« Une femme autonome peut faire ce qu’elle veut, s’habiller comme elle le veut et faire ce qu’elle veut. Ce que je conteste, c’est le site : une caserne militaire a d’autres fonctions et ce bataillon en particulier a subi des violences sexistes. »
Ces mots sont ceux d’Adriana Villegas Botero, femme engagée, et professeure à l’université de Manizales, qui s’est insurgée de l’existence d’un tel défilé, dans les colonnes du journal ElColombiano.
L’agence colombienne de mannequins, Big Model, qui était aux commandes de ce défilé, a très vite réagi aux accusations de sexisme, via un communiqué relayé par ElColombiano, soutenant qu’aucun droit des femmes n’avait été bafoué lors de cet évènement :
« Le mannequinat est un acte de respect, tout comme cela pourrait être un tournoi de football, toutes ces activités sont autorisées par les parents. Il reste à préciser que dans ladite vidéo diffamée, seules quelques secondes de l’événement réalisé sont montrées. Il s’agissait d’une manifestation culturelle. »
La réaction de l’armée colombienne
L’armée colombienne s’est empressée de donner leur vérité dans un communiqué officiel distribué à la presse, relayé notamment par le magazine Semana :
« Concernant les images publiées sur les réseaux, celles-ci correspondent à des sollicitations des élèves de la Big Model Academy of Model et de la New Model Talents and Diversité Foundation, qui par l’intermédiaire de son directeur, depuis avril dernier, avaient adressé une demande de leurs élèves, parents, enseignants, et animateurs, de fréquenter les installations de l’Unité, en soutien aux talents régionaux. Lors du défilé, le thème était l’évolution des costumes des années 1920 aux costumes futuristes. »
Toujours selon l’armée, une commission d’inspection interne enquêtera au sein du bataillon d’Ayacucho afin de vérifier les processus et procédures mis en oeuvre dans cette situation et prendra les mesures administratives et/ou disciplinaires appropriées si nécessaire, tout en ajoutant que :
« La mise en œuvre de l’approche du genre et la prévention des violences basées sur le genre sont fondamentales pour l’armée colombienne. »
Une nouvelle preuve qu’il est « typique de sexualiser le corps des femmes »
Une polémique qui grimpe peu à peu jusqu’aux instances gouvernementales colombiennes… Jenifer Cotacio, à la tête du Secrétariat pour les femmes et l’équité entre les sexes de Manizales, a déclaré, comme le rapporte le magazine Semana, qu’il est :
« Un fait répréhensible que ceux qui représentent et font partie des institutions du pays, organisent un défilé de mode utilisant la bande musicale de l’institution et la casquette militaire à l’usage exclusif des forces militaires. (…) C’est complètement déplacé. C’est condamnable que l’on l’appelle cela un « acte culturel » alors que c’est loin d’être le cas et qu’il est typique de sexualiser le corps des femmes. »
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Image en Une : © Madmoizelle
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Les Commentaires
L'article ne s’appesantit pas mais je comprends bien il s'agit d'élèves, mineures ? L'école parle d'accord des parents !! Si c'est le cas, c'est encore pire, des mineures sexualisées devant l'armée, étant en plus dans une position absolument pas neutre : quand ton prof te dit d'aller faire un défilé, c'est pas comme si tu avais l'idée toi même hein ! Même si elles avaient le choix de participer ou pas, tu te dis que ça va te faire bien voir, points bonus ou que sais-je... interpellant.