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Diams au volant d'une voiture
Cinéma

Dans Salam, Diam’s fait la paix avec sa carrière et avec elle-même

Santé mentale, religion, carrière : dans son documentaire dont la première a eu lieu aujourd’hui à Cannes, Diam’s se confie avec une sincérité bouleversante sur les années les plus difficiles de sa vie, et la sérénité qu’elle a trouvée ensuite.

C’est une nouvelle qui a fait du bruit : après dix ans de silence radio presque complet, Diam’s a repris la parole. 

Revenons en arrière un instant. En 2003, on entend DJ partout dans le monde francophone et au-delà. Avec l’album Brut de femme, Mélanie Georgiades obtient son premier disque d’or et sa première Victoire de la musique. S’ensuit Dans ma bulle en 2006, disque de diamant dont tous les titres ou presque sont des hymnes générationnels : La boulette, Jeune demoiselle, Marine, Confessions nocturnes… En 2007, alors qu’elle est au sommet de sa carrière, elle se fait pourtant de plus en plus discrète. 

En 2009, elle apparaît vêtue d’un voile sur des photos de paparazzis —  non consenties —  dans Paris Match, et la France la place au cœur d’un tourbillon médiatique très intrusif, et d’une islamophobie violente.

Quelques mois après, le titre de son dernier album SOS semble envoyer un message à son public. Elle arrête ensuite la musique, et dans les années qui suivent, on la voit de manière plus éparse dans des médias français ou étrangers. Elle publie deux ouvrages autobiographiques puis sort du paysage public. 

Jusqu’à aujourd’hui. 

Un documentaire autobiographique en guise de retour

En partenariat avec BrutX, la rappeuse a saisi avec Salam l’occasion de s’exprimer par elle-même, pour son public et pour cette France qui a tant questionné ces choix. Salam, qui veut dire paix en arabe, raconte son chemin épineux vers la paix intérieure. 

Durant les 80 minutes que dure le documentaire, Diam’s revient sur son parcours avec sincérité, recul, et tendresse parfois. Une manière de clore un chapitre, ou plutôt de raconter à son public un chapitre déjà clos dont elle peut parler sans douleur. On y croise l’autrice Faïza Guène, amie proche de la chanteuse, Vitaa, qui l’a accompagnée dans son parcours artistique et spirituel, sa mère, son cercle professionnel, qui racontent ensemble les différentes facettes de notre Mélanie nationale, et accompagnent son récit d’elle-même. 

La santé mentale au coeur de Salam

Au cœur du parcours de Diam’s il y a la question de la santé mentale, abordée frontalement au long du documentaire. Avec une sincérité presque transgressive, tant le thème est aujourd’hui encore difficile à aborder, elle raconte la tristesse qui l’a habitée dès l’adolescence, et qui l’a suivie à l’âge adulte. Elle raconte aussi et surtout l’incompréhension des autres face à ces sanglots qui la prenaient parfois juste après une scène. « Tu es jeune, belle, riche et célèbre, tu n’as aucune raison de te sentir mal ». 

Sans fard, Diam’s et ses proches abordent ce sentiment de vide qu’elle décrit et qui la conduit à l’automutilation et aux tentatives de suicide. Elle aborde aussi son passage en clinique psychiatrique, le jour où elle est diagnostiquée d’un trouble bipolaire, sa peur des médicaments qui « l’éteignent » selon elle, alors qu’elle est censée être au sommet de la gloire. « Mais au sommet, on est seule, il fait froid, il y a des loups ».

Melanie_Diams_Salam_Documentaire
Crédit photo : Black Dynamite / Brut X

Le récit de son éveil à la religion

Ce qui l’aide à sortir de cette souffrance, c’est la découverte de l’Islam. Au détour d’un voyage avec Vitaa, Diam’s raconte ce qu’elle ressent à la lecture du Coran, comment la foi lui permet de se sentir appartenir à la communauté de l’humanité, et de donner un sens à une vie qui jusqu’ici ne semblait en avoir aucun pour elle. C’est une expérience presque mystique qu’elle décrit avec beaucoup de poésie, et qui contraste avec le backlash médiatique qui suit sa conversion.

Car sa conversion à l’Islam est révélée contre son gré aux yeux du monde par Paris Match, en plein cœur d’une énième polémique sur la question du foulard en France. Après la publication de ces photographies, les choses changent. Suite à ce vol intime, elle raconte la manière dont on lui a tourné le dos, dont on lui en a parfois voulu, lui disant qu’elle était endoctrinée, comme si le symbole de la  jeune femme forte et libre qu’elle représentait ne pouvait pas être compatible avec sa foi et le port du foulard.

Cette violence se sent dans ses rapports aux autres, mais aussi dans le traitement médiatique de ce changement : le documentaire l’affirme dès l’ouverture, Diam’s n’est plus considérée comme elle-même, mais comme un phénomène de société. 

Un documentaire intime et touchant

Au long de ce documentaire, le phénomène de société ne cesse d’être déplacé au niveau de l’humaine : ce sont ses émotions, ses choix, ses ressentis qui dictent le tempo. En plein dans cette spirale médiatique, Diam’s raconte son choix du silence, et ce sur quoi elle s’est concentrée dans les années qui ont suivi. Sa foi, sa famille, ses activités caritatives et la manière dont elle les a vécues et les vit encore. En bref, elle raconte son chemin vers la paix, qu’elle semble avoir trouvée.

À 41 ans, Diam’s semble être profondément heureuse, et raconte comment elle sait tenir à distance les démons qui la tourmentaient. 

salam_documentaire_Diams_sante_mentale

La réalisation léchée d’Anne Cissé et de Houda Benyamina est mise au service de cette intimité : on suit la chanteuse dans son parcours, auprès de sa famille, sur les lieux de son éveil spirituel ou encore au Mali dans un orphelinat. Avec intelligence, la caméra se fixe sur les visages des personnes qui témoignent sur fond noir, avant de fixer le visage de Diams entouré par son Djilbab, le vêtement religieux qu’elle porte sur ces images, comme pour rappeler par l’image que cela ne change rien au discours d’une personne. 

Il y a certaines choses dans Salam, que les fans les plus assidus de Diam’s pourront avoir lues dans ses deux ouvrages, Autobiographie et Mélanie, musulmane et française. Mais pouvoir retrouver la voix de Diam’s —  qu’elle pose parfois sur de la musique, en rappant presque —  profiter de cette porte ouverte sur son quotidien et son intimité est presque un gage de confiance, un saut dans le vide après le traitement médiatique qu’elle a subi. Le tout avec beaucoup de beauté, et d’apaisement. Il en ressort beaucoup de bienveillance et d’espoir, ce qui n’est pas peu dire ces temps-ci. 

Salam sera exceptionnellement diffusé dans les salles de cinéma le 1er et le 2 juillet 2022, et sera visible dès la rentrée sur la plateforme de streaming de BrutX.

À lire aussi : Les films projetés à Cannes 2022 que vous pouvez déjà voir au cinéma


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Les Commentaires

3
Avatar de soshishi
27 mai 2022 à 13h05
soshishi
Merci pour ce joli article, et merci à Mélanie de s'exprimer si parfaitement. Mine de rien c'est la seule femme voilée qu'on entend vraiment alors qu'on en parle toute la journée.. alors merci à elle d'être sortie de sa quiétude et sa vie loin des paillettes pour avoir au moins cette représentation dans les médias.
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Voir les 3 commentaires

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