Dans son dernier documentaire, Sur le front : Où finissent nos vêtements ?, diffusé 19 décembre 2021 à 20h55 sur France 5, Hugo Clément a alerté les Français sur le sort des fringues envoyées au recyclage. Et certains ont répondu.
Les fringues jetées en France finissent par polluer les plages d’Afrique
Sur les 205 000 tonnes de vêtements et tissus usagés collectées en 2020 en France, peu finissent par réchauffer les plus démunis localement. En réalité, plus de la moitié des pièces collectées dans les bornes sont envoyés dans des pays étrangers, principalement en Afrique.
Par exemple, au Ghana, qui compte 30 millions d’habitants, 15 millions de vêtements débarquent chaque semaine. Forcément, un tel afflux dépasse largement les besoins de la population locale. Si bien qu’environ 40% finissent par être entassés dans des décharges à ciel ouvert, qui débordent inévitablement dans les égouts, puis terminent sur les plages et dans l’océan, analyse le documentaire d’Hugo Clément.
En bref, l’Afrique devient la poubelle de la mode jetable occidentale.
Et alors que les consommatrices et consommateurs prennent de mieux en mieux conscience du coût financier et social de production des vêtements depuis la tragédie du Rana Plaza en 2013, on se soucie encore peu de la fin de vie de toutes ces fringues…
La pétition qui interpelle le Ministère de l’écologie pour agir contre la fast-fashion
Or, plus les fringues sont achetées à bas prix, plus elles peuvent être jetées sans état d’âme par le commun des mortels. Et les vêtements à petit tarif étant rarement quali, ils s’abîment rapidement et ont donc peu de chance de durer, encore moins de plaire sur le marché de la seconde main.
Écouter le podcast Matières Premières sur les enjeux & dérives de la seconde main
Puisqu’on porte nos vêtements moins longtemps, et qu’on les jette plus vite, la France se débarrasse de tous ses déchets textiles en les exportant notamment en Afrique. C’est donc un problème de pollution mondialisée, qui s’appuie et renforce une dynamique de pays nord/sud — pour ne pas dire coloniale. Cela diminue également les possibilités de développer une solide industrie textile locale autonome à travers le continent aux 54 pays, perfusé par des fringues de mauvaise qualité.
Autant de constats qui motivent la création d’une pétition interpellant directement la Ministre de la Transition écologique de France : Barbara Pompili, empêchez que l’Afrique devienne une poubelle pour nos vêtements, lancée par En Mode Climat.
En Mode Climat est une coalition d’acteurs du textile (marques, mais aussi usines, organismes, médias…) qui oeuvrent ensemble pour changer les lois — soit la volonté de mener du lobbying vertueux auprès du gouvernement.
Que propose la pétition d’En Mode Climat pour des lois contre la fast-fashion ?
Le collectif En Mode Climat analyse ainsi :
« Malgré les grandes annonces des marques de mode, les volumes produits par l’industrie textile – et donc la pollution – continuent d’augmenter d’années en années. Si rien n’est fait, la fast fashion continuera de grossir, générant toujours plus de déchets, de pollution et de misère. »
Cette pétition propose donc trois pistes pour prévenir la pollution de l’Afrique par la mode jetable occidentale :
- Adopter un bonus-malus, comme il en existe dans l’automobile, allant jusqu’à 5€ pour les pires vêtements. Cette écotaxe doit pénaliser les pratiques les plus polluantes et les marques qui poussent à la surconsommation (renouvellement effréné des collections, promotions artificielles, prix dérisoires).
- Plafonner le nombre de vêtements de fast-fashion importés en France, comme c’était le cas jusqu’en 2005.
- Arrêter d’envoyer nos déchets en Afrique pour plutôt développer les infrastructures et débouchés permettant de les traiter localement.
Outre ce genre de pétition qui permet de changer les choses d’en haut, de façon structurelle, restent les gestes du bon sens à son échelle personnelle : garder ses vêtements le plus longtemps possible, penser à les réparer si besoin, ou les réemployer autrement quand ils ne deviennent plus portables. Ça évite de se sentir impuissant, même si cela reste loin d’être suffisant.
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Crédit photo de Une : Winter Productions.
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