Live now
Live now
Masquer
Untitled design (14)
Actualités

« Nous, femmes et minorités de genre asiatiques, subissons le racisme au quotidien »

Avec l’exposition #Asidentités, les militant·es asioféministes de Sororasie se réapproprient leurs narrations et luttent contre le racisme que subissent les personnes asiatiques en France. Dans cette tribune, iels dénoncent ces discriminations et rappellent le cœur de ce projet : appeler à un féminisme intersectionnel, décolonial et solidaire.

À travers cette tribune, nous, femmes et minorités de genre asiatiques engagées dans le courant asio-féministe, amplifions nos voix pour une société et une pensée égalitaire décoloniale*. Nous écrivons ces mots pour déverser nos indignations et montrer notre volonté d’ériger un système où les injustices sociales n’existeront plus.

Nous dénonçons la recrudescence d’actes racistes à l’encontre de certaines communautés asiatiques et nous militons également à la mémoire de nos aînées asio-américaines qui s’appelaient Xiaojie Tan, Daoyou Feng, Soon Chung Park, Suncha Kim, Hyun Jung Grant, Yong Ae Hue et qui ont été tuées mardi 16 mars 2021 à Atlanta en Georgie, aux États-Unis.

Ce drame bouleversant a libéré la parole des Américain·es asiatiques pour dénoncer racisme, sexisme et violence de classe qu’iels subissent depuis plus d’un siècle.

En tant que femmes et minorités de genre asiatiques françaises, cet événement nous touche particulièrement car depuis plusieurs années, certaines personnalités des communautés asiatiques françaises militent pour démonter ce mythe de la minorité modèle qui nous a été imposé et dénoncer la fétichisation et le racisme que nous subissons en France.

Parce que nos corps sont politiques, le projet #Asidentités a pour volonté de représenter les femmes et minorités de genre asiatiques dans toute leur splendeur et leur singularité.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Sororasie (@sororasie)

Parce que nous sommes constamment invisibilisé·es dans les espaces publics et les médias, déformé·es dans la culture et les institutions sociales, nous cassons cette représentation de monobloc homogène.

À travers ce projet, porté par Sororasie, nous avons décidé de croire en notre agentivité*, de nous revendiquer en tant que sujets politiques, de nous empouvoirer et de réoccuper l’espace.

Notre auto-organisation nous a permis de créer nos propres narrations, nos propres représentations

avec pour intention de s’émanciper du white male gaze*.

Ce sont nos voix, nos corps, nos visages qui investissent l’espace public français. Nous revendiquons nos multiples et diverses identités, riches des héritages et cultures prenant racine dans l’ensemble du continent asiatique et pas uniquement dans les pays des populations asiatiqueté·es*.

Nous ne tolérons plus d’être perçues de façon stéréotypée, d’être fétichisé·es, hypersexualisé·es et rangé·es dans le spectre de la minorité modèle. Ce mythe a été créé par les politiques coloniales et racistes et s’est ancré dans nos sociétés occidentales. Il a notamment façonné la perception des personnes asiatiques dans l’imaginaire collectif comme des individus dociles, afin de les catégoriser comme de « bonnes personnes racisées », et ainsi créer une division au sein des minorités racisées.

Il faut dissoudre ce mythe de la minorité modèle parce que les stéréotypes tuent, ils nous obligent à nous conformer, et à nous taire.

Nous dénonçons la domination blanche qui hiérarchise et catégorise les personnes en fonction de leurs origines, et qui nous oblige à nous assimiler à une culture plutôt que de proposer une réelle pluralité culturelle. Nous dénonçons l’hégémonie blanche, qui perpétue un racisme systémique et structurel au sein de la société occidentale.

Nous, femmes et minorités de genre asiatiques, subissons le racisme au quotidien. Nous en avons assez d’entendre « pakate », « poundé », « pakpak », « chintok », « chinoise », « yeux bridés », et dernièrement « Coronavirus ».

Nous en avons assez d’être invisibilisé·es, ou d’être considéré·es et perçu·es comme des êtres exotisé·es. Nous en avons assez d’être considéré·es comme des êtres interchangeables.

Nous en avons assez de l’appropriation de nos histoires, de nos cultures et coutumes à des fins mercantiles et de mode.

Nous sommes celleux qui doivent raconter nos passés et nos histoires. Nous n’accepterons pas d’être obéissant·es, soumis·es et silencieux·ses.

Nous appelons à un féminisme intersectionnel* qui situe l’injustice anti-asiatique au sein de la société patriarcale, blanche, capitaliste et hétéro-normative.

Un féminisme intersectionnel qui prend en compte les autres systèmes d’oppression tels que la transphobie, le sexisme, les rapports de classe, la psychophobie, le validisme, la grossophobie, et toutes oppressions qui s’articulent autour du racisme.

Nos revendications doivent être collectives et nécessitent une profonde réorganisation de la société. Une solidarité collective ne sera possible que lorsque l’on reconnaîtra nos différences : la diversité de nos modes de vies, de nos cultures, de nos expériences, de nos déterminismes sociaux, de nos souffrances, de nos traumatismes, de nos besoins et de nos exigences.

Il existe une pluralité de récits qui peuvent coexister et se réunir afin de créer un nouveau paradigme.

Nous appelons à l’espoir et à la solidarité. C’est ainsi que nous imaginons nos futurs. Nous voulons des futurs où nous ne serons plus fétichisé·es. Nous voulons des futurs où nous ne serons pas enfermé·es dans le mythe de la minorité modèle. Nous voulons des futurs où nous ne serons plus vu·es comme la minorité silencieuse et soumise au western gaze/regard occidental. Nous voulons des futurs où nous serons représenté·es d’une manière digne et étincelante. Nous voulons des futurs où nous pourrons être asiatiques avec fierté et force. Nous voulons des futurs où nous serons libres de rayonner dans toute notre singularité. Nous voulons des futurs où l’égalité ne soit pas qu’un espoir, mais une réalité.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Sororasie (@sororasie)

 

  • Pensée décoloniale : pensée qui dénonce une décolonisation incomplète dans laquelle les hiérarchies raciales, économiques et de genre persistent. Elle remet en cause l’eurocentrisme et dénonce une hégémonie économique et culturelle blanche, ainsi que la maintenance des rapports de pouvoirs entre les anciennes métropoles et anciennes colonies.
  • Agentivité : Faculté d’action d’un être. Sa capacité à agir sur le monde, les choses, les êtres, iel-même.
  • White male gaze : le regard blanc masculin désigne le fait que la culture visuelle dominante (magazines, photographie, cinéma, publicité, jeu vidéo, bande dessinée, etc.) imposerait au public d’adopter une perspective d’homme hétérosexuel. Ce concept a été proposé par la critique de cinéma Laura Mulvey dans son essai Visual Pleasure and Narrative Cinema publié en 1975.
  • Asiatiquetage : Défini dans le glossaire du site Femin/Asie, l’asiatiquetage est un mot-valise qui correspond au fait d’être perçu.e (étiqueté.e) comme asiatique selon certains critères physiques : posséder une certaine forme d’yeux, une certaine forme de visage, avoir des cheveux noirs et lisses, etc. Dans l’inconscient collectif, être asiatiqueté.e revient également au fait d’être perçu.e comme chinois.e. Certaines personnes asiatiques en France ne sont pas « asiatiquetées » en raison de l’histoire coloniale française. Par exemple, les personnes originaires d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh et des pays d’Asie du Sud et d’Ouest ne sont pas toujours perçues comme asiatiques en France mais sont considérées Asians au Royaume-Uni.
  • Féminisme intersectionnel : notion créée par la théoricienne afro-américaine Kimberlé Crenshaw.
  • Western gaze : désigne la perception dominante occidentale sur l’Orient. Mis en lumière par l’universitaire Edward Saïd dans son essai L’Orientalisme : l’Orient créé par l’Occident publié en 1978.

Envoyez-nous vos tribunes !

Si vous avez une tribune à partager avec Madmoizelle et son lectorat, écrivez-nous à :
[email protected]


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

6
Avatar de Iphise
1 avril 2021 à 17h04
Iphise
@Iphise Est-ce que tu connais Marie Dasylva, aka Blackaviel sur Twitter ? C'est une femme noire qui est devenue coach pour aider les personnes qui subissent le racisme au sein de leur travail/école. Sur son compte Twitter elle a posté plein de threads et de conseils à ce propos, tu trouveras peut-être quelque chose qui pourra t'aider ? Son agence s'appelle Nkali.
Eh bien non. Mais étant donnée que je suis japonaise, ce que je suis sur insta c'est plutôt les comptes de femmes asiatiques qui ont subit le racisme ou qui le subissent encore parce que j'ai l'impression qu'il y a une compréhension par rapport à l'éducation des parents asiatiques, la façon d'être et parfois le parcours de vie.
1
Voir les 6 commentaires

Plus de contenus Actualités

Image by freepik
Daronne

Protection de l’enfance : ce que le futur projet de loi va changer pour les parents

Kiabi

Fêtes : comment être stylée sans craquer pour la fast fashion (et sans remords) ?

Humanoid Native
Image by stefamerpik on Freepik
Société

Cancer du sein triple négatif : une nouvelle molécule ravive l’espoir des patientes

Image by freepik
Daronne

En Europe, le droit à l’avortement vacille sous les coups des politiques régressives

Image by freepik
Daronne

Caméras dans les crèches : les pros de la petite enfance dénoncent une dérive sécuritaire

Source : Freepik
Grossesse

PMA post-mortem : comment deux mères ont gagné la bataille de la filiation

Source : Freepik
Parentalité

Un nouveau congé de naissance prévu pour 2026, mais une question reste en suspens


Pour la sortie de la démo, il serait préférable de la sortir publiquement le 1er octobre en soirée (vers 18h–20h). Cela vous donne le temps de vérifier le build dans la journée et garantit que Steam la prendra bien en compte pour l’avant-première presse du 2 octobre.

J'ai déjà commencé à contacter quelques journalistes sans trop de succès. Je prévois d'envoyer une nouvelle salve avec le communiqué de presse le 1er octobre également afin que  les journalistes aient l’info + le presskit au moment où la démo devient disponible.

Pour les influenceurs, ils n’ont pas accès à la Press Preview officielle, donc je prévois de leur transmettre le lien démo dès le 1er octobre. Cela leur donnera le temps de produire du contenu en avance et de programmer des diffusions juste avant ou pendant le Next Fest.

Enfin, d'après ce que j'ai compris de la documentation officielle Steamworks, il est possible d’envoyer une notification (email + appli mobile) aux joueurs ayant wishlisté le jeu. Le déclenchement est manuel et disponible une seule fois dans les 14 jours suivant la première mise en ligne de la démo.

Si la démo est publiée le 1er octobre, vous devriez avoir jusqu’au 15 octobre environ pour utiliser cette notification. On pourrait donc la programmer stratégiquement au 13 octobre, mais il faudra bien vérifier que le bouton soit disponible dans Steamworks à ce moment-là.
Daronne

Grève du 2 octobre 2025 : ce à quoi s’attendre pour les écoles, les modes de garde et les trajets scolaires

Image by pvproductions on Freepik
Daronne

Bébés en France : quelles dates, saisons et régions en voient le plus naître ?

Image by freepik
Daronne

Grève du 18 septembre : la petite enfance se mobilise pour être entendue

Image by freepik
Société

Grèves de septembre : mode d’emploi pour les parents (dates, accueil, solutions)

La société s'écrit au féminin