Lorsqu’on entre dans le musée du Craddle of Humankind (ou « berceau de l’humanité ») au nord de Johannesburg, on est accueilli•e par un conte onirique animé qui décrit la naissance de l’Ubuntu.
Les dessins délicats se mettent en mouvements pour expliquer de manière métaphorique les origines de l’homme et de ce concept philosophique africain.
Alors, qu’est-ce que l’Ubuntu ? Ce mot étrange aux consonances exotiques, je ne le connaissais pas avant de venir étudier en Afrique du Sud… mais ça, c’était avant.
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« On fait partie d’un même tout » : c’est l’Ubuntu !
Le concept d’Ubuntu en lui-même est difficile à traduire, mais il représente globalement l’idée que l’on n’existe qu’à travers les autres et que les autres n’existent qu’à travers nous. C’est l’essence même de la solidarité et de la communauté au sens où l’entendent les Sud-Africain•es.
À mille lieues de l’idée de danger et de violence que l’on a parfois de l’Afrique du Sud depuis l’Europe, Desmond Tutu, pasteur sud-africain héros et héraut de la lutte anti-apartheid, explique ce concept avec ces mots :
« Lorsqu’on veut faire l’éloge d’une personne, on peut dire « Yu, u nobuntu » (« Elle a l’ubuntu »). Ça veut dire qu’elle est généreuse, accueillante, amicale, attentionnée, compatissante. Elle partage ce qu’elle possède. Ça signifie également que mon humanité est imbriquée, inextricablement liée à la sienne. On fait partie d’un même tout. »
Entre désarroi et revendication, l’Ubuntu au cœur de la société sud-africaine
La solidarité, la générosité, l’attention aux autres… ce sont en réalité des valeurs que l’on retrouve dans la majorité des sociétés. La particularité sud-africaine réside dans le fait – en tous cas à travers mes yeux d’étrangère – de les célébrer, de les revendiquer haut et fort comme un mode de vie, une culture dont il faut être fier•e.
Les Sud-Africain•es célèbrent ces valeurs de générosité et de solidarité, et les revendiquent comme un mode de vie, une culture dont il faut être fier•e.
Et lorsqu’on demande aux Sud-Africain•es dans quel sens ils/elles trouvent que cela se manifeste, la réponse la plus commune est « qu’il n’y a pas de manières de démontrer l’Ubuntu, ce sont simplement les valeurs morales que l’on nous a inculquées, le vivre ensemble et le partage » comme le décrit Nomfundo, étudiante à l’université de Johannesburg.
« C’est l’idée d’humanité, de communauté humaine. »
Certain•es sont plus sceptiques et tendent à dénoncer un individualisme de plus en plus prononcé, le fait que l’Ubuntu « se perde ». Pour Lisle, une autre étudiante que j’ai interrogée, ceux/celles-là ont perdu le sens des réalités.
Effectivement, on peut parler de certains individus comme ayant « perdu l’Ubuntu » quand ils sortent du cadre de la communauté humaine, de la même manière qu’on peut dire en France de certain•es criminel•les qu’ils/elles ont perdu leur humanité, mais cette valeur reste revendiquée haut et fort par les Sud-Africain•es.
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Et si on décidait de s’en inspirer ?
« L’Afrique du Sud n’a pas le monopole de l’Ubuntu », me précise Nomfundo. Ça prend simplement d’autres noms ailleurs, et Lisle, de culture Afrikaner, n’a pas grandi en l’appelant concrètement Ubuntu.
Mais de là où je suis, et en me faisant toujours accueillir à bras ouverts même par les plus parfait•es inconnu•es, car « c’est comme ça en Afrique du Sud, l’amie d’un ami d’un ami est toujours la bienvenue autour du braai » (le nom donné au barbecue sud-africain, une véritable tradition ici), je pense qu’on devrait s’en inspirer plus souvent du côté de notre hémisphère !
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