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Vie quotidienne

Le jour où la capote a craqué

Une madmoiZelle raconte les mésaventures de Sophie, son amie qui a suivi un parcours du combattant après un incident de capote trouée.

Ma copine Sophie, je l’aime bien parce que c’est le genre de fille qui fait tout bien.

Déjà au lycée, elle avait gardé l’option latin jusqu’au bac, et rien que pour ça, je l’admirais. « Une bonne élève » disaient les profs, « une gentille fille » disait ma mère (avec l’air de regretter que moi je ne le sois pas).

La fille qui fait tout bien comme on lui dit de faire, quoi.

Un mec, du sexe et une capote trouée

Sophie a un copain. Avant, elle avait une relation sérieuse, mais ça s’est terminé.

Mais bref, depuis quelques mois elle sort avec Jérémy. C’est pas forcément le grand amour, la passion dévorante, mais c’est une relation qui débute gentiment. Le rebound guy, le nouveau gars pour oublier ton ex.

Comme Jérémy l’attire physiquement, elle couche avec. Jusque-là, rien de choquant, on est en 2018 bordel.

Mais dimanche dernier, en plein gros câlins, patatras, la tuile : rupture de capote.

Évidemment, les deux s’en rendent compte une fois que c’est trop tard – pour celles qui ont besoin de mettre les points sur les i et les barres sur les t… il avait éjaculé.

En elle donc.

Elle s’est alors lancée dans la « grande aventure de la capote trouée ».

Première étape face à la capote trouée

D’abord, trouver la pharmacie de garde. Y aller.

Demander la pilule du lendemain. S’entendre demander par le pharmacien le premier jour de ses dernières règles.

Elle était au 27e jour mais on ne va pas chipoter et parler de faible risque d’ovulation et donc de fécondation : ils n’étaient pas prêts à prendre ce risque, même faible, et c’est leur choix.

Se faire expliquer que « la contraception d’urgence n’est pas une contraception » et qu’il faudrait s’en rappeler.

Avoir très envie de répondre qu’elle ne supportes pas les hormones de synthèse, que son gynéco refuse de lui poser un stérilet parce qu’elle est nullipare — comprendre qu’elle n’a pas connu la gloire de l’enfantement.

Avoir envie de rétorquer que le diaphragme n’est pas l’option la plus glamour à mettre en place surtout avec un nouveau chéri.

Elle voudrait mentionner surtout les messages du Service Public disant que le préservatif préserve de tout sauf de l’amour et que donc c’est la meilleure contraception dans une relation qui débute.

Mais elle ne dit rien. Ma copine Sophie ferme sa gueule et paye 5,60€. Prend sa pilule et décampe.

Le rendez-vous aux consultations de dépistage anonyme et gratuit

Étape 2 : lundi matin, prendre rendez-vous avec les CDAG.

Expliquer son histoire (partenaires sans risques particuliers, contraception d’urgence gérée). S’entendre proposer un rendez-vous dans 6 semaines.

Dire merci et appeler son médecin traitant. Pas de chance, il est absent pour raison familiale.

Décrocher un rendez-vous avec la médecin nouvellement installée. Raconter son historique médical.

Expliquer la rupture de capote. La relation qui débute. L’absence de symptômes chez l’un comme chez l’autre par le passé. La pilule du lendemain.

Repartir avec son ordonnance pour un bilan des IST

et laisser un chèque de 25€.

Aller au laboratoire pour les tests

Étape 3 : consulter le site internet du labo. S’apercevoir que le mardi ce n’est pas possible, car la médecin a prescrit un prélèvement vaginal qui ne peut se faire que les jours de présence du biologiste, et pas le mardi.

Sophie travaille tôt le mercredi matin. En plus, le médecin lui a prescrit un bilan de contrôle avec une glycémie à jeun (pourquoi ? L’histoire ne le dit pas).

Ce sera donc vendredi, à jeun.

Aller au laboratoire. Prendre un ticket. Attendre son tour. Établir un dossier administratif. Attendre son tour. Subir une prise de sang. Attendre son tour.

Entendre les infirmières dire « bah oui, il faut que tu le rappelles quand la patiente est prête, sinon, il se déplace pas ».

Comprendre qu’on poireaute depuis 15 minutes pour rien. Voir enfin arriver le biologiste.

Le prélèvement du biologiste

Et là, je laisse Sophie raconter, elle le fera mieux que moi :

« Le gars a la cinquantaine, des vêtements normaux et une blouse blanche.

Il regarde l’ordonnance, m’indique de retirer ma culotte et mes chaussures dans le vestiaire, je peux garder ma robe (ben oui, c’est pour ça que je l’ai mise, je sais comment ça marche, merci).

Je m’installe dans les étriers, il est assis et me tourne le dos, puis me demande pourquoi un bilan.

Je lui raconte le préservatif qui craque, le fait qu’on est ni l’un ni l’autre à risque de quoi que ce soit, qu’on a jamais eu de symptômes particuliers jusque-là, mais que c’est de la courtoisie envers l’autre, que ça rassure — prophylactique donc.

Un mot de 3 syllabes, il sent qu’il a affaire à quelqu’un d’« un peu éduqué » (je lis, je me renseigne merci) donc il me lâche la grappe et sort un spéculum.

Et là, je me dis, pourquoi un spéculum pour un prélèvement vaginal ? C’est pas cervico-vaginal, c’est pas un frottis ?

Il s’exclame : « ah mais vous avez vos règles ! » (ben oui, et j’étais même vachement soulagée de les avoir si tu veux savoir).

Je me cache lamentablement derrière l’explication de la pilule du lendemain que j’ai dû prendre suite à cet accident de capote. Il bougonne, mais n’a aucune raison de refuser de faire le prélèvement.

Il m’enfonce le spéculum pas trop brutalement, mais il l’ouvre en grand d’un coup, et là, il m’écouvillonne le col en appuyant dessus avec brutalité, en tournicotant dans les coins…

En plus j’ai l’utérus super sensible vu que J’AI MES RÈGLES (il vient de le dire !).

J’avais l’impression qu’il prenait tout son temps, au moins 10 secondes (alors que c’est seulement 3 secondes s’il a posé un spéculum, justement).

Il a retiré le spéculum plein de sang, en a foutu partout, sur ma robe, sur le sol, et l’a jeté d’un air dégoûté dans la poubelle.

À lire aussi : Pourquoi les règles, ce n’est pas sale

J’ai pris un bout de rouleau d’examen pour m’essuyer. Quand je suis partie, il est sorti aussi, laissant le drap encore taché de sang, sans le retirer ou nettoyer.

J’ai rien dit. J’ai fait un chèque de 68€.

La prochaine fois ? Je ne le ferai pas

Évidemment, tout est négatif et on est rassurés. Mais tu sais quoi ? La prochaine fois, je le referai pas.

Si le mec me dit qu’il est clean, qu’il a jamais eu de boutons sur la bite ou de brûlures chelou, rien à foutre, peut-être qu’on fera un test VIH en CDAG ou en auto-test à la pharmacie mais basta ! »

6€ de contraception d’urgence, 25€ de médecin, 68€ de laboratoire, une humiliation gratuite et une maltraitance médicale

Ça fait cher de la capote qui pète pour Sophie.

Le dépistage est l’unique façon de savoir si tu as contracté des IST, une hépatite ou le sida.

Après une relation sexuelle à risques (cela peut être une fellation, un cunni ou encore une pénétration anale ou vaginale), il est primordial de se rendre aux urgences.

Quelques liens utiles

L’alternative à cette aventure : les urgences

L’alternative qui lui était proposée était de se rendre aux urgences pour la pilule et le test HIV, ce qu’elle a trouvé exagéré vu que lui comme elle avaient des tests négatifs avec leurs derniers partenaires sérieux…

Elle n’avait pas souhaité encombrer les urgences puisqu’elle n’allait pas avoir besoin d’une trithérapie prophylactique.

Mais si vous avez le moindre doute, consultez sans attendre !

Sur madmoiZelle, le sujet de la contraception est important parce qu’il fait très probablement partie de ta vie.

Pour en savoir plus, je t’invite à consulter les quelques liens ci-dessous :

À lire aussi : Que faire si une capote est coincée dans ton vagin ?

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Les Commentaires

71
Avatar de PetitePaille
29 novembre 2018 à 19h11
PetitePaille
@Shadowsofthenight

Effectivement il peut y avoir des délais de remboursement mais c'est quand même mieux de préciser que ça l'est.
Et puis si on prend les trois sommes :
- pilule du lendemain : ici pas de remboursement car pas d'ordonnance
- médecin : de 16,50 euros à la totalité de la somme remboursée mais oui ça peut mettre du temps
- pour le labo : "Dans la plupart des cas, Le laboratoire facture directement les CPAM et mutuelles (60% la CPAM et 40% la mutuelle). Le patient n'a pas besoin d'avancer ses frais de soins. Pour bénéficier d'une telle prise en charge, il vous faudra présenter une ordonnance conforme, une carte vitale ou attestation de droits à la sécurité sociale, une attestation de mutuelle ou CMU ou AME"
donc normalement pas d'avance à faire.

C'est quand même mieux de détailler un coût plutôt que de simplement dire "ça m'a coûté 100 euros". Ce qui peut en effrayer plus d'une de se dépister.
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