Matthew Inman est célèbre et drôle et cool. Il a un blog, intitulé The Oat Meal qui est une véritable institution virtuelle visitée chaque jour par des centaines de millions de visiteurs (peut-être un peu moins, en fait). Il aime les animaux, il pratique le second degré et maîtrise l’humour absurde… En gros, si on lui ajoutait le physique de Robert Downey Jr, je crois bien qu’on voudrait toutes l’épouser (peut-être est-ce le cas, d’ailleurs).
Mais Matthew a un petit problème : il retrouve de temps en temps quelques uns de ses posts de blog sur le site humoristique Funnyjunk.com, sans aucune mention de son nom, sans même un lien caché vers son blog, le tout entouré d’une bonne dose de publicités indiquant que les gérants du site se font de l’argent sur son travail à lui. Le principe de Funnyjunk étant justement de demander aux internautes de suggérer leurs vidéos ou leurs illustrations préférées pour les publier sur le site, Matthew Inman a donc réalisé qu’il s’avérerait compliqué voire inutile de demander aux administrateurs de Funnyjunk de retirer ses illustrations ou d’au moins linker son blog, expliquant d’une manière très imagée que « lutter contre la contrefaçon sur internet » reviendrait à « parcourir la jungle vietnamienne en 1964 en demandant poliment aux gens d’utiliser des pistolets à eau », comme le traduit le blog ecrans.fr.
En juin 2011, conscient de l’inutilité de l’envoi de missives très cordiales indiquant son désir de voir ses comics retirés du site humoristique, il a pris la décision de les provoquer en dénonçant leurs agissements sur son blog et de faire par la même une très mauvaise publicité à Funnyjunk auprès de ses très nombreux fans. A la suite de ce billet, les administrateurs du site ont fait un petit effort en supprimant quelques uns de ses comics et, même s’il en reste encore un paquet sur le site comico-éthiquement-défaillant, Matthew Inman a décidé de lâcher l’affaire et d’arrêter de gâcher son énergie à se battre vainement.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Sauf que lundi 12 juin, soit grosso modo un an après le post de blog dénonçant Funnyjunk,
le blogueur a reçu une lettre d’un avocat travaillant pour le site humoristique qui le menaçait de le traîner en justice s’il ne payait pas 20 000$ de dommages et intérêts. Tranquille. Matthew Inman, que je déclare très officiellement Dieu de l’Humour par la présente, a eu l’idée de répondre à ce chantage de la façon suivante :
"J'ai une meilleure idée : 1) Je vais essayer de récolter 20 000$ de dons. 2) Je vais prendre une photo de tout cet argent. 3) Je vais vous envoyer cette photo avec un dessin de votre mère en train d'aguicher un ours kodiak."
"4) Je vais prendre l'argent et en donner la moitié à la National Wildlife (=vie sauvage) Federation et l'autre moitié à l'American Cancer Society. FunnyJunk : je ne veux plus écrire des ripostes comme celle-là. Je ne veux pas passer l'année qui vient coincé dans des conneries juridiques avec vous. Je veux juste faire des comics. Considérez que c'est ma façon bienveillante et philanthrope de vous dire "dégagez".
Et c’est ainsi que débuta l’opération BearLove Good Cancer Bad, qu’on pourrait traduire assez maladroitement par « aimer les ours c’est bien le cancer c’est mal ».
En une heure et quatre minutes, Matthew Inman avait récolté les 20 000$. A l’heure où je vous écris « à l’heure où je vous écris », 161 059$ ont été donnés par de généreux et nombreux internautes.
Je résume : en un seul post de blog, Matthew Inman a réussi à ridiculiser un site qui hébergeait ses oeuvres et se faisait de l’argent sur son dos sans jamais l’avoir mentionné, mais aussi à lutter pour la protection des animaux sauvages, à récolter énormément d’argent pour la lutte contre le cancer et à montrer à ceux qui le menaçaient de l’emmener au tribunal que son influence était telle qu’ils pourraient trouver 20 000$ à leur donner en quelques minutes seulement.
C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre quatre coups.
Entre temps, le site DigitalLife a réussi à contacter Charles Carreon, l’avocat de FunnyJunk qui, comme vous l’imaginez, a bien entendu reçu un tas d’e-mails, lettres et coups de téléphone très charmants de la part de nombreux admirateurs du travail de Matthew Inman. Il affirme ne pas trouver sa demande initiale déraisonnable et ajoute qu’il est ouvert à toutes négociations. En revanche, il serait en train de réfléchir pour savoir s’il compte poursuivre ceux qui l’ont harcelé depuis lundi.
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Les Commentaires
Et Charles Carreon a abandonné ses poursuites au final, donc tout est bien qui finit bien ...
Et en plus il es "cute" !