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Cinéma

Birds of Prey, le film sur Harley Quinn, enfin un film DC féministe ?

Birds of Prey est sorti le 5 février en salles. Philou se demande si ce film est vraiment l’œuvre féministe qu’on lui avait vendue.

Il y a quatre ans, Margot Robbie prêtait ses traits au personnage sexy et zinzin de Harley Quinn dans Suicide Squad et faisait de la super-vilaine l’un des nouveaux persos préférés de beaucoup de fans de DC.

Et ce, malgré les critiques franchement mauvaises autour du film.

Cette année, Harley Quinn revient dans un spin-off consacré à son propre personnage : Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn). 

Un film de super-vilaines réalisé écrit par une femme (Christina Hodson), réalisé par une femme (Cathy Yan), voilà une idée qui me mettait en joie.

Mais Birds of Prey est-il un film féministe pour autant ?

Birds of Prey, ça parle de quoi ?

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Coloré, pop, violent, zinzin. Birds of Prey, c’est un peu comme se prendre un shot de confettis en pleine tronche.

Voici le pitch.

Après avoir rompu avec son éternel fiancé le Joker, Harley Quinn décide de reprendre son indépendance.

Mais maintenant qu’elle n’est plus sous la protection du Prince du Crime, Harley réalise que nombreux sont ceux qui veulent sa peau à Gotham City et qui ne comptent pas se gêner pour le faire maintenant qu’ils ne craignent plus les représailles.

Parmi ses ennemis, le terrible Roman Sionis alias Black Mask, patron narcissique et sadique d’un club de la ville.

Celui-ci souhaite zigouiller Harley mais également s’emparer d’un diamant contenant la fortune d’une famille mafieuse abattue, dérobé par une jeune pickpocket du nom de Cassandra Cain.

Le chemin de la méchante aux couettes bicolores croise inévitablement celui de Cassandra, mais aussi celui de la flique Renee Montoya (Rosie Perez), la chanteuse de boîte de nuit Dinah (Jurnee Smollett-Bell) et celui d’une mystérieuse justicière connue sous le nom du tueur à l’arbalète (Mary Elizabeth Winstead).

Avec un humour et des chorégraphies de baston qui m’ont directement fait penser à Deadpool, le message de Birds of Prey est clair : Harley Quinn et ses copines badass, véritables « Spices Girls de Gotham City », n’auront besoin d’aucun homme pour se défendre.

Who run the world ?

Birds of Prey, un film qui met à mal le male gaze ?

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Nombreux (dont moi) sont ceux qui estiment que les films et les bandes-dessinées sont dominés par le male gaze (le regard masculin).

Le male gaze est un terme inventé par la théoricienne du cinéma Laura Mulvey pour décrire la corrélation entre l’omniprésence du regard de l’homme hétérosexuel cisgenre (autant derrière la caméra qu’à l’écran) dans la culture visuelle et sa corrélation directe avec l’objectivation constante des personnages féminins.

Et ce male gaze d’autant plus notable dans l’univers des super-héros et super-vilains.

Il y est même écrasant selon moi.

Franchement, que celle qui trouve que les personnages féminins n’y sont pas sous-représentés et sur-sexualisés systématiquement me jette la première pierre…

Mais Birds of Prey ne se soumet pas à ce principe.

Le film en reconnait l’existence et le rejette carrément, offrant « une alternative divertissante mais toujours plus réfléchie » comme le déclare le Hollywood Reporter.

Brisant complètement le prisme d’un unique regard masculin, Birds of Prey propose de découvrir des personnages féminins auxquels il est plus facile de s’identifier tant dans l’écriture et la réalisation que dans l’évolution même du personnage de Harley Quinn.

Birds of Prey, une nouvelle Harley Queen

Harley Quinn est l’un des rares exemples de personnage féminin qui a commencé en étant filmée par un homme (dans Suicide Squad) puis par une femme (dans Birds of Prey).

Je trouve qu’il est alors intéressant de se pencher sur les changements entre les deux visions de cette bad girl notamment concernant son apparence physique.

Campée les deux fois par la sublime Margot Robbie, le look de Harley n’est pas drastiquement différent : short, t-shirt, couettes hautes roses et bleues et abondance de maquillage… et pourtant ça change du tout au tout.

Une Harley Queen ultra-sexy dans Suicide Squad

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Dans la version Suicide Squad de David Ayer, Harley est vêtue d’un mini-short d’une culotte en cuir bicolore, d’un t-shirt transparent, moulant, troué, marqué d’un énorme « Dadd’y little girl » en travers des seins et d’une paire de bottines à talons aiguilles.

L’accoutrement (sexy AF) est révélé dans une scène où la caméra s’attarde longuement sur le corps de Harley qui se déshabille sous les regards d’une foule d’hommes.

Bref, comme l’explique si justement le Hollywood Reporter, la tenue et la performance ont davantage été élaborées pour faire fantasmer que pour créer au personnage une vraie identité visuelle.

Je rappelle d’ailleurs que le personnage a été initialement créé portant une combinaison complète rouge et noire incluant une capuche à pointe et un masque ne laissant apparaître que la peau de son visage qui est peinte en blanc.

Une Harley Queen moins sexualisée dans Birds of Prey

Dans la version de Cathy Yan, il n’est pas question de remballer le côté sexy mais plutôt de le remanier de façon à ce que la tenue de la super-vilaine la sexualise moins.

Pendant la majorité du film, elle porte un short plus couvrant et un t-shirt sur lequel est inscrit son propre nom, en majuscules. Un hommage à elle-même ? Perso, j’adore le concept.

Le Hollywood Reporter explique :

«  L’idée n’est pas de dire que les hommes hétéro n’ont pas le droit de fantasmer, ni qu’il faut jeter ce type de « male gaze » au feu. Dans Birds of Prey, le t-shirt « Daddy’s little monster » apparaît, Harley insiste pour le garder — raisons sentimentales, selon elle.

Ce haut, et ce qu’il représente, il ne faut pas forcément le détruire, on peut le garder, mais l’idée, c’est qu’il faut qu’il y ait de la place pour tout le monde. Pour tous les regards. »

Harley Quinn reste sexy mais Birds of Prey propose de se concentrer sur ses talents de combat plus que sur la qualité de son fessier.

Je fais ici allusion à une scène de Suicide Squad où Harley Quinn dégomme une vitrine pour y chiper un sac.

Et alors que son attention à elle se porte sur l’objet de son vol, l’attention du spectateur, elle, est projetée sur le cul moulé de Margot Robbie à tel point qu’il ne pourrait même pas dire à quoi ressemble le sac.

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Bref, une Harley Quinn plus badass qu’object de fantasmes, ça fait du bien.

Birds of Prey, enfin un film de super-héros qui parle aux meufs

Outre le relooking de Harley Quinn, Birds of Prey est truffé de petits détails qui font du film une œuvre féminine, non pas juste comme un vernis marketing mais en profondeur.

Que c’était bon de voir l’un des sbires sadiques fouiller dans la poche de Harley Quinn pour un sortir… un tampon !

Et je ne parle pas de tous les petits détails sur la solidarité féminine

qui m’ont carrément fait plaisir : Dinah qui vient en aide à Harley qu’elle méprise lorsqu’elle se rend compte que celle-ci est trop ivre pour consentir, Harley qui lance un élastique pour cheveux à une de ses acolytes lors d’une scène de bataille explosive, les meufs qui se félicitent entre elles après la baston pour la qualité de leur kicks en slims moulants…

J’ai aussi apprécié que la scène où Roman Sionis, en bon sadique pervers, force une fille à se déshabiller debout pour sur la table d’une boite de nuit dans le but de l’humilier et de la terroriser ne soit filmée ni de manière lubrique, ni de façon comique.

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Il est aussi génial qu’important que ce genre de réalité féminine soit montré à l’écran, par une femme, avec des femmes, pour tout public.

L’idée n’est pas là d’imposer un quelconque « female gaze » mais tout simplement de montrer la vraie vie d’un super-vilain quand ce super vilain s’avère être une femme.

Birds of Prey, pourquoi le film ne rencontre pas le succès attendu ?

Alors que le sequel sur Harley était attendu par de nombreux fans, le film ne rencontre pas du tout le succès attendu.

Le manque d’audience a d’ailleurs fait réagir Warner Bros qui a pris la décision de changer le titre aux États-Unis afin qu’il soit plus clair dans la tête des téléspectateurs.

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Il est vrai que, n’étant pas une grande connaisseuse de l’univers DC, je n’ai pas compris immédiatement en voyant le titre Birds of Prey, qu’il s’agissait du film sur Harley Quinn même si ce dernier est suivi par « et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn ».

Le film ne s’appelle donc plus Birds of Prey and the fantabulous emancipation of Harley Quinn mais Harley Quinn : Birds of Prey aux US.

Chez nous, le film reste Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn.

J’en profite pour souligner ma déception quant à la traduction du titre.

« Fatabulous emancipation » est devenue « fantabuleuse histoire » en français, gommant alors l’aspect Harley Quinn solo qui est pourtant super important. Dommage.

Le titre de Birds of Prey, la seule raison de son échec ?

Mais le titre était-il le seul élément qui a fait du film un échec au box-office ?

Définitivement non.

Celui-ci peut aussi s’expliquer par le fait que le film soit vendu comme un spin-off de Suicide Squad qui avait laissé une mauvaise image dans la tête des spectateurs.

Mais aussi par le fait que la grande partie des films d’action 100% féminins ne fonctionnent pas au box-office.

Les échecs de Ghostbusters, Ocean’s 8, Charlie’Angels, Terminator Dark Fate… « montre que le public ne s’intéresse pas aux films où le féminisme est clairement revendiqué, » comme l’explique Hitek.

Je comprends qu’un tel constat n’encourage franchement pas les meufs à écrire, créer et jouer dans ce genre de film féminins et féministes.

Mais un immense merci à celles qui le font quand même.

Birds of Prey, un film DC qui fait du bien au genre

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Pour conclure, je dirais que même si Birds of Prey ne s’est pas imposé comme mon film de super-héros préféré, il m’a fait du bien à moi mais surtout au genre.

L’œuvre propose un regard nouveau sur un genre que les téléspectateurs affectionnent tant, et il était temps.

Car quand on est un enfant qui s’intéresse aux films de super-héros et qu’on ne voit qu’une seule façon dont les héroïnes et les vilaines sont représentées, cela laisse une impression profonde.

Le Hollywood Reporter explique :

« Ce n’est pas l’existence de ce regard (male gaze) qui fait le mal, mais le fait de le voir dans une répétition constante. »

Avec Birds of Prey, enfants et adultes, filles et garçons, ont enfin droit à une version des femmes dans cet univers qui colle un peu plus à la réalité. Et ça, c’est cool !

Et toi, t’en as pensé quoi de Birds of Prey ?

À lire aussi : The French Dispatch, le nouveau film de Wes Anderson a son premier trailer !


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Les Commentaires

17
Avatar de Ogg nounou Ogg
19 février 2020 à 13h02
Ogg nounou Ogg
Mais du coup, vrai question @JAK-STAT, le film se revendique réellement comme féministe ?

Parceque, de ce que j'ai vu, dans la pub qui en a été fait, etc... je n'ai pas eu l'impression qu'on me vendait un film "de supers héroïnes/vilaines mais féministe." mais juste un film sur Harley Quinn qui prends son indépendance.
Alors ok, le fait qu'un personnage comme Harley Quinn qui a été créé assujetti au Joker etc. prenne son indépendance, c'est un sujet féministe, mais je n'ai pas eu l'impression qu'on me vendait ce film là en particulier comme un film féministe, mais plus sur une/des héroïnes qui, il se trouvent, font des trucs féministes.
Je ne sais pas si c'est très clair, ça peut donner un peu l'impression que je coupe les cheveux en quatre désolée, . Disons que je n'ai pas eu l'impression que le film faisait tout un foin autour du fait qu'il était féministe, mais plus tout un foin autour du fait qu'il racontait une histoire de nanas badass. Ce qui est légèrement différent et rejoint un peu ta remarque sur le fait qu'un film n'a pas besoin de se revendiquer pour être, voir même que ça peut induire une certaine méfiance d'éventuel Pinkwashing.
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